• 6

    Une morsure au cœur.

     

    Le soir venu, Hunter venait de finir la vaisselle. Bien sûr, Camile avait tenu a vérifié que l’eau n’était pas trop chaude. Même après le test thermomètre.

    Il alla ensuite dans la salle de bain pour vérifier qu’il n’avait pas de problème d’ecchymose, blessures et autres contusions. Il n’aimait pas comme sa maladie l’obligeait à perdre son temps à chaque fois qu’il faisait quelque chose. Il avait envie d’oublier sa maladie quelques instants fugaces mais il n’y parvenait jamais.

    Retournant à sa chambre, il fut bien content d’avoir toujours son ordinateur. Sa mère ne l’avait pas privé de son seul plaisir, au moins. Il pourrait continuer de faire les recherches à propos de Clairsemé au moins.

    Hunter alluma la lampe de chevet. Plongé dans ses pensées, il n’avait pas remarqué qu’elle était braquée directement vers lui. Il manqua de tomber tant il fut aveuglé. Cependant, une forme se détacha de toute cette source de lumière.

    Source de lumière qui disparut lorsque l’entonnoir de la lampe fut rabaissé. Hunter ne put que sourire, content. C’était forcément Dieu qui se présentait à lui. Il était si heureux de pouvoir revoir une telle beauté ! Lui qui ne l’avait plus vu depuis déjà six heures entières !

    Seulement, il se figea lorsqu’il vit un liquide carmin s’écouler. Il provenait en grande partie de sous le short noir qui couvrait la peau d’opale.

    - Tu es blessé !

    - Oui… Mais ce n’est pas très grave. Mentit l’ingénu.

    Hunter secoua la tête. Il attrapa sa trousse de soin, il y en avait toujours une à proximité. Une dans son sac de cours, une dans sa chambre et une dernière dans la salle de bain. Par ailleurs, Camile en avait également une avec lui. Juste par mesure de sécurité. Pour lui, il fallait toujours être prêt à arrêter tout saignement. Qu’il soit anodin, peu important ou, au contraire, dangereux.

    Mais l’insensible à la douleur devait aussi être capable de parer à toute infection. Il n’était pas rare qu’il remarque une blessure qu’il s’était fait trois ou quatre heures plus tôt. Ce qui induisait le fait qu’elle avait été fréquentée à plusieurs foyers à bactéries.

    - Retire ton short et assieds-toi sur le lit. Intima l’adolescent.

    - Tu ne devrais pas te soucier… Commença Dieu.

    - J’hésiterais pas à te le retirer moi-même. Prévint le malade.

    L’ingénu rougit avant d’ôter son bermuda. Hunter remarqua alors, pour la première fois, que l’apparition ne portait pas de chaussure. Il devait couramment se faire mal alors. Jusqu’à il y avait quelques minutes, il aurait juré que rien ne pouvait blesser cet être.

    Il vint s’asseoir à côté de lui et posa sa main près de la blessure. On aurait dit une morsure de chien.

    - Comment t’es-tu fait ça ? Demanda Hunter en imbibant un coton de désinfectant.

    - Une simple morsure… je vis dans la rue alors… c’est vite arrivé.

    Hunter commença à appliquer le produit. Dieu couina, d’une façon horriblement mignonne, mais se laissa faire. Hunter Aurine s’assura que la blessure était correctement soignée, propre pour enfin bander sa cuisse. Ça aussi, c’était des choses qu’il avait fini par apprendre à cause de sa maladie. C’était uniquement dans ces rares cas qu’il pouvait  être content d’avoir une insensibilité congénitale à la douleur. La plupart de ceux de son âge ne savaient pas faire les premiers soins.

    Il était assez content que Camile lui ait demandé de dormir avec lui la veille. Ainsi, son parent ne surgirait pas dans la chambre pour lui demander de venir partager son lit.

    - Est-ce que tu es… réel ? Osa l’adolescent.

    - Oui.

    - Est-ce que d’autres personnes que moi peuvent te voir ? S’enquit-il, terminant le bandage.

    - Oui.

    - Tu… peux surgir n’importe où par contre.

    Cette fois, il se contenta d’un simple hochement de tête et non d’une réponse à une syllabe. Il avait toujours ce petit air à la fois effrayé et adorable. Cet air qui faisait virevolter le cœur de Hunter dans sa poitrine.

    - J’ai besoin de ton aide.

    - Mon aide… je ne peux pas, mon loup…

    - Aide-moi, et je t’aiderais en retour. Promis. Chuchota l’ingénu.

    - D’accord.

    Les mots avaient semblés jaillirent seul de ses lèvres. Comme si Hunter avait été sûr que ce serait chose faite. Il ne pouvait pas ne fut-ce qu’imaginer que Dieu puisse lui mentir. Il se sentait presque stupide.

    Hunter observa les cuisses de son vis-à-vis et il se sentit rougir. Il sauta sur ses pieds pour attraper  le short de son visiteur à qui il le tendit. L’autre sourit avant de le remettre.

    - Merci pour les soins. Peux-tu ouvrir ton ordinateur ?

    - Tu ne t’enfuiras pas ?

    - Je peux encore rester. Certifia Dieu.

    L’adolescent alla alors chercher l’ordinateur qu’on lui avait demandé. Il l’ouvrit et l’activa avant de venir se rasseoir à son côté. L’ingénu se rapprocha. L’adolescent sentit sa respiration s’accélérer. Un peu trop à son goût. Qu’est-ce qui était en train de lui arriver exactement ? Il n’avait jamais senti son cœur battre aussi vite.

    - Alejandro Hawkins. Lui dit l’ingénu.

    Hunter encoda son nom dans la barre de donnée. Il trouva rapidement une image de la personne. Il était ce genre d’être qui était des plus tape à l’œil. L’archétype du mafieux. Opulent, imposant. Il avait cet air, ce regard. Il était de ceux qu’on savait on ne peut plus mauvais au premier coup d’œil. Ce genre de personne que, si on la croisait dans la rue, dès qu’on la voyait, on changeait de trottoir. Ceux avec qui on évitait les les yeux afin de ne pas entrer en contact avec des prunelles qui semblaient distiller en un seul point la cruauté humaine.

    - Il cherche des gens… Il faudrait que tu arrives à te faire embaucher par lui.

    - Pourquoi ?

    - Pour m’aider. Et ça t’aidera après. Je te le jure.

    L’adolescent tourna la tête. Ses yeux entrèrent en contact avec l’océan gris. Une fois encore, il sentit sa conscience se perdre, ne laissant plus qu’une confiance infime en cet être qu’il n’avait pas dû fréquenter plus de trois heures en tout et pour tout.

    Il voulait le croire. Il voulait faire ça pour lui. Il se devait de le faire. Mais pourquoi ? Pourquoi ressentait-il cette envie ? Est-ce que Dieu était vraiment si fantastique que cela ? Il arrivait à lui faire faire une chose qui ne lui plaisait pas, peut-être même dangereuse. Sans même l’y forcer. Il se rendait peut-être à l’abattoir mais il le faisait avec joie.

    - D’accord. Chuchota-t-il. Je ferais ce que tu veux.

    - Merci. 

    Hunter rougit. Il ferma son ordinateur, un peu inquiet, et se glissa sous les draps de son lit. On était encore en semaine et il savait qu’il fallait mieux qu’il se couche à l’heure que Camile désirait. Après tout, son parent pouvait encore surgir à tout moment pour s’assurer qu’il dormait bien.

    - Je suis navré… il y a l’école demain…

    - Oui… Tu peux dormir, je vais te veiller. Sourit l’ingénu.

    - Me veiller ?

    - Tu t’es bien occupé de moi. Dit-il en posant ses doigts sur le bandage.

    Hunter eut un très léger sourire. Il s’installa plus confortablement. Dieu s’assit sur le bord du lit et attendit qu’il s’assoupisse. Il lui caressa doucement les cheveux. Cette main apaisante réconforta l’informaticien qui s’endormit petit à petit.

    L’ingénu sourit en le voyant si serein. Il posa un baiser sur son front alors que son corps semblait se distiller.

    - Bonne nuit…

     

    Le lendemain, Hunter rejoignit Camile qui terminait le journal en buvant son café toujours aussi noir. Par contre, il n’y avait pas d’assiette en trop pour une fois.

    - Ton père est déjà parti. Informa l’adulte.

    Son fils le fixa quelques secondes, se demandant si son parent commençait à agir normalement. Il s’obligea à afficher un sourire.

    - Comme tous les matins. Chuchota le petit malade.

    Il fut une époque, il aurait pu mentir. Lui dire « on l’a un peu pour nous quand même ». Aujourd’hui, tout ça le fatiguait. Il se contenta alors de s’installer à table. Il commença à manger, lançant un œil au journal qui lisait sa « mère ».

    Sitôt eut-il finit avec qu’il s’en empara. Il regarda rapidement après les nouvelles des naufragés divers. Il cherchait juste l’annonce de la mort d’Octave Aurine, priant pour que, ainsi, Camile cesse d’espérer bêtement.

    Ayant passé cette recherche, toujours aussi vaine, il chercha la page des petites annonces. Il devait trouver ce dont lui avait parlé Dieu.

    Il scruta toutes les demandes, parfois même scabreuses, pour finalement trouver le nom qu’il désirait. Il était même bien visible.

    Il lança un regard vers Camile, les lèvres serrées.

    - Maman… je peux postuler pour ce travail ? Questionna Hunter en lui mettant l’annonce sous le nez.

    - Pourquoi ? Interrogea-t-il.

    Il lut toutefois l’article désigné avec le plus de soin.

    - On manque d’argent.

    Ce n’était pas tant un mensonge. Si Camile touchait le chômage, et s’énervait fréquemment contre son conseiller, et les allocations familiales pour les enfants, il avait beaucoup de frais. Il devait payer le loyer, les pensions, voire les kots. Puisque Sacha, lui, logeait dans un petit studio. De ce fait, il fallait aussi lui payer la nourriture.

    Hunter était d’autant plus dérouté que son parent semblait persuader de recevoir de l’argent extérieur. Argent qu’il prenait probablement pour la paie d’Octave.

    C’était pour toutes ses raisons qu’ils s’enfonçaient sans cesse dans des méandres des plus douloureux. Ils ne pouvaient s’extirper de cet endettement qui les prenait. Il aurait fallut que « sa mère » se relève pour ça. Malheureusement, il en semblait bien incapable.

    - Pas tant que ça. On a les revenus… Mais tu peux prendre un travail si tu veux. Par contre… tu dois me promettre d’aller en cours.

    - Oui. Ce sera temporaire, en plus.

    - D’accord… je t’emmène à l’école ou biiiien ? Questionna l’homme, appuyant volontairement sur le « bien ».

    Il termina son café, noir, d’une traite.

    - J’irais maman. T’as pas à avoir peur.

    - De toute façon, l’école m’appellera si tu sèches la moindre heure. Et tu as plutôt à espérer qu’ils ne m’appelleront jamais.

    Camile posa la tasse et planta ses orbes bleus clairs dans ses prunelles noires.

    - Je veux pouvoir te faire confiance.

    - Tu peux maman.

    - Je l’espère… file ?

    Son fils hocha la tête. Il se leva vint poser un baiser sur sa joue puis quitta la maison après être rapidement passé par la salle de bain. Il sortit dans la rue, marcha un moment puis s’arrêta pour sortir un miroir de poche que Manolita avait un jour oublié. Il le mit dans un tel angle qu’il ne put être qu’aveuglé par les répercussions du soleil.

    Il eut un sourire.

    Ça devenait du masochisme.

    Cependant, lorsqu’il eut refermé le miroir, il n’y avait aucun Dieu. L’ingénu n’était pas là.

    Hunter se sentait horriblement déçu. Lui qui aurait pourtant juré que c’était de cette façon-là qu’il fallait faire apparaître cette personne qu’il trouvait tellement merveilleuse.

    Il baissa tristement la tête avant de se rendre à l’école.

    Peut-être que Dieu ne voulait plus se présenter à lui jusqu’à ce qu’il ait accompli sa part du marché ? Il fit la moue. Il comptait pourtant le faire. Il commençait, lui, à douter que l’ingénu ne réponde à sa part du marché.

    Mais il s’en voulut immédiatement de cette pensée infâme. L’innocent devait seulement être occupé. Après tout, il était Dieu ! Il avait d’autres choses à faire que se préoccuper de lui. Il serait patient.

     

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  • Écrit le 22 Septembre 2015
     

    U4 - Stéphane de En général, je cherche toujours les avantages d’un livre que je n’aime pas. Dans ce cas-ci, ça n’a pas été aisé… Le style est bon, mais plus je lisais, plus il s’essoufflait et m’agaçait. Néanmoins, bon point qu’on ne peut négliger : l’histoire se lit très vite.

    L’un des gros problèmes du livre, plus que sa platitude (mais j’y reviendrai), c’est son manque de cohérence navrant. Pour commencer, nous n’avons presque jamais d’explications sur quoi que ce soit. Pourquoi l’armée revient subitement s’occuper de Lyon alors qu’ils sont restés à distance auparavant, d’autant plus qu’à la lecture c’était pour une raison banale ; pourquoi le drone les laisse alors qu’il serait tellement plus simple de les tracer ; etc.
    Je pourrais en citer bien d’autres mais ça ne ferait que dévoiler trop d’éléments de l’intrigue. Toujours est-il que ce manque d’explication renforce le sentiment d’incohérence, comme le fait qu’ils prennent une voiture juste quand la loi martiale passe ou encore que l’armée ne sache pas aller plus vite que des adolescents blessés qui sont à pied…
    Ajoutez à cela que si les parents ont un métier, les enfants savent automatiquement faire la même chose et avec brio. Ce livre nous apprend d’ailleurs que si on a été soigneur sur un jeu vidéo, on sait le faire dans la vraie vie, dixit le livre lui-même.

    Mis à part les incohérences qui m’ont hérissé le poil, je ne peux que parler de la personnalité des personnages… Ou plutôt de la personnalité de Stéphane. Parce qu’à part elle, tous les personnages sont plats, vides, ne nous donnent aucun élément pour les connaître, pour nous attacher à eux…
    En effet, Stéphane est décrite comme « une dure à cuir » mais au prime abord on découvre une sorte de petite fleur qui se fait aisément des amis et que tout le monde aime. Elle a bien de temps en temps des passages plus violents mais qui paraissent étranges, qui détonnent… Il s’agit même d’un personnage incroyablement plat lorsqu’elle n’est pas tout simplement hautaine. Elle se prend pour quelqu’un de supérieur et s’énerve lorsqu’on n’est pas de son avis, c’est tout ce que j’ai retenu du personnage.
    Outre cela, elle a un gros problème dans son évolution. Non seulement elle passe d’une amourette à l’autre sans nous dévoiler le moindre sentiment mais, lorsqu’à la fin, on nous dit qu’elle a changé j’ai simplement eu l’impression que, une fois encore, elle a juste eu un brusquement de personnalité temporaire.

    En conclusion… le livre est plat, truffé d’incohérence, les personnages sont mous et suivre Stéphane a été une véritable horreur. D’ailleurs… Après avoir fini le roman, j’ai lu les extraits des autres tomes… En seulement 5 pages, ils m’ont bien plus séduite et m’ont semblé plus profonds que tout ce que je venais de lire…

     


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