• Écrit le 11 Novembre 2015

    U4 - Yannis  de Florence HinckelJ'avais été très déçue de U4 - Stéphane, tant à cause du style que du caractère du personnage. Mais U4 - Yannis fut un véritable délice ! Bien sûr, il y avait quelques petits problèmes. J'ai par exemple remarqué que l'auteur survolait beaucoup d'évènement qui étaient rapidement décrits, surtout lorsque son personnage interagissait avec ceux des autres auteurs, comme si elle s'était dit qu'elle n'avait pas à le faire, qu'on le lirait dans les autres versions... Ce qui est, à mes yeux, très dérangeant.

    J'ai beaucoup aimé l'angle abordé par l'auteur de faire voir des fantômes à son héros, et de le faire agir de façon un petit peu schizophrénique. J'ai juste regretté que cet aspect très intéressant d'écriture s'étiole au fur et à mesure de l'histoire pour finalement disparaître...

    Le personnage en lui-même est intéressant et appréciable, même si à certains moment il m'ennuyait quelque peu. Enfin, je dirais que même si le style finit par rapidement s'essouffler, j'ai passé un bon moment. Il m'a donné envie d'essayer de lire les deux autres livres histoires de finaliser la série.


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  • Écrit le 19/11/2015

    Une main encombrante d'Henning MankellUne main encombrante d'Henning Mankell est une histoire qui se lit rapidement avec de très petits chapitre qui nous permette de faire des pauses très souvent. L'histoire reste en tête, ce qui est pratique lorsqu'on la lit sur la durée, et le style bien que simple demeure très agréable. Même pour moi qui n'avait jamais lu une seule enquête de Wallander, je n'ai pas été perdue car on nous réexplique ce qu'il en est d'une façon qui est, je pense, pas trop lourde. C'était une petite balade que j'ai beaucoup apprécié mais qui ne me laissera pas un sentiment impérissable.

    Peut-être aussi parce que nous entrons dans un genre de policier que je n'aime pas trop... Celui où on ne peut pas découvrir qui est le coupable. On suit l'enquête, on apprend un peu comment ça se déroule, comment est la vie de Wallander mais rien ne nous permet de deviner qui sera le coupable au final. Si le chemin était très plaisant, je n'aime pas le sentiment d'être une simple spectatrice dans un roman policier.


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  • 10

    Routine

     

    Hunter était assis sur une chaise, fixant l'accueil où une femme pianotait bruyamment sur son ordinateur. On entendait quelques personnes toussés ou éternuer. Il s'évertuait à ne pas y prêter garde. L'attende devenait bien trop longue à son goût.

    Il sursauta lorsqu'il entendit la sonnerie du téléphone de Camile. Celui-ci le retira de sa poche et le porta à son oreille.

    - Oui ? … Oui, je le sais. Rit-il. … On est le quinze.

    Il discuta encore quelques brèves secondes avant de raccrocher. Le malade regarda son parent avec un air interrogatif.

    - Ils ont visiblement trouvé que tu séchais un peu trop les cours. Ils me prévenaient de ton absence.

    - Cette fois, elle est justifiée. Chuchota Hunter.

    - Oui. Soupira Camile.

    - Je ne t'ai plus déçu, hein ?

    - Non… et j'aime bien quand ton ami vient à la maison… il met plein de vie. Mais comment s'appelle-t-il ?

    Hunter rougit. Il l'ignorait ! C'était bien ça le problème. Il cherchait comment le formuler lorsqu'une fois très connue l'empêcha de parler.

    - Hunter Aurine ?

    - Oui !

    Il se leva et trottina vers le médecin. L'homme était encore assez jeune, dans la trentaine d'année, et il avait un sourire doux aux lèvres. Camile vint les rejoindre et il serra la main du docteur qui s'occupait de son fils depuis maintenant trois ans.

    - C'est toujours un déplaisir de vous voir. Sourit le médecin avec un clin d'œil.

    Le parent eut un sourire fade sur les lèvres. Il suivit l'homme et son fils jusqu'au bureau du médecin. Celui-ci les laissa s'installer.

    - Alors Hunter ? En forme ? Sourit-il.

    - Oui ! C'est 'man qui s'inquiète !

    Ce docteur était probablement le seul à savoir que Camile avait le petit sobriquet de « maman ». Walgreave eut justement un sourire un peu crispé. Le médecin sourit tranquillement.

    - Prêt pour les examens ?

    - Ouaip !

    Hunter se leva, retira son t-shirt et grimpa sur la table d'examen. C'était devenu très naturel pour lui. Il faisait ça depuis onze ans à présent. Il avait juste quelques réticences quand il changeait de médecin. Mais, souvent, elles s'évaporaient assez vite.

    Le médecin vint palper Hunter avec soin. Il cherchait les zones où il pouvait y avoir des bosses. Elles pouvaient être signe de tumeur, cancer ou os brisés. Dans le dernier cas, il fallait directement ressouder tout cela. Lorsqu'il avait quelques doutes, il faisait faire des échographies. C'était toujours préférable à des radios. Toutefois, à cause de sa maladie, il devait faire une batterie de test complet tous les cinq ans.

    Le docteur vérifia ensuite son cœur, sa respiration et sa tension, par mesure de sécurité. Il prit également sa température qui était des plus normales. Il termina par regarder bouche, narine et oreilles ainsi que les extrémités.

    - Et bien… Dit l'homme en aidant son patient à descendre.

    - Oui ? Chuchota Camile, tendu de tout son être.

    - Je ne vois rien d'inquiétant. Juste un ou deux blancs sans grandes incidence. Sourit-il.

    Le parent soupira, rassuré, prenant son enfant dans ses bras. Hunter sourit de toutes ses dents.

    - Tu vois ? Y a pas à s'inquiéter !

    Camile caressa les cheveux de son fils avec un rictus soulagé. Il le serra dans ses bras avec douceur.

    Hunter était très inquiétant. Doux, gentil, un peu bizarre en ce moment, mais très inquiétant.

    µµµ

    Le lundi, Camile profitait d'être seul à la maison pour calmer ses nombreuses inquiétudes. Il faisait un peu de ménage en prêtant une oreille distraite au poste de radiodiffusion qui roucoulait derrière lui. Il n'attendait toujours que les informations avec une certaine crainte tout en espérant. C'était soit ça, soit harcelé les postes de police.

    Les journalistes avaient ça de fantastique qu'ils étaient au courant de tout avant tout le monde. Si Camile voulait une information basique, et non poussée, se référer aux journalistes était le mieux. Et puisque sa petite radio nécessitait moins de courant que la télévision…

    Il faisait les poussières sur les bibelots affichés aux murs lorsque l'éventail d'Hunter tomba sur le sol.

    - Merde. Pesta-t-il.

    Il se pencha pour ramasser l'ornement. Il fut alors surpris d'y trouver tout un tas de petites armes. Il sentit une vague d'inquiétude l'envahir. Le cœur serré, il retira chacune des douze armes restantes. Il les déposa sur un vieux napperon puis dépoussiéra correctement le Tessen. Il le remit correctement, gardant un œil sur les armements.

    µµµ

    Camile attendit patiemment le retour de son fils. Le repas était déjà presque fini lorsqu'Hunter rentra enfin. Avec ses entraînements et son travail, le malade rentrait tard le lundi et le jeudi.

    - Mon chéri… Dit-il en venant le rejoindre dans le salon.

    Hunter remarqua les armes sur le napperon. Il sentit une vague de panique grimper en lui. Il sourit toutefois à sa « mère ». N'était-ce pas un mensonge en soi cette façon de jouer sur les mots et les situations ?

    - J'ai trouvé ceci en faisant les poussières… ton cadeau est tombé et heureusement il ne s'est pas cassé…

    Hunter opina faiblement, nauséeux.

    - Je me demandais où est-ce que tu l'avais acheté ?

    - Dans la rue…

    - Oh… je suppose que tu t'es fait refourguer quelque chose d'illégal… je vais me débarrasser de ses armes, si tu n'y vois pas d'objection ?

    - Non, fait comme tu veux maman.

    Il se sentait soulager que Camile croit à ce « mensonge » et d'autant plus qu'il l'ait lui-même créer. Il était un peu moins coupable de la sorte. La peur s'était évaporée. Il était ravi que l'homme continue de l'aimer. En plus, il sentait qu'il continuait de lui faire confiance, malgré ce qu'il répétait inlassablement.

    µµµ

    Le vendredi qui suivait, Hunter revenait du travail. Il était content parce que le travail dans le bureau était presque fini. Il ne savait toujours pas ce que Dieu attendait de lui mais, au moins, il n'aurait plus à supporter la présence de son patron. Présence qui l'effrayait toujours sans qu'il ne sache exactement « pourquoi ». Dans ce que dégageait son employeur ? Dans son sourire aux accents pervers ?

    Il chassa toutes ses pensées et poussa la porte de l'appartement, la respiration courte. Il vit alors Camile faire des sacs. Cinq. Il fronça les sourcils avant de regarder vers le calendrier. Il ne put que faire la moue en remarquant qu'on était déjà le troisième week-end du mois. Il avait complètement perdu la notion du temps depuis que Clairsemé avait été kidnappé. Pourtant, ce week-end était très important.

    Il ne serait pas là durant deux jours et une soirée. Ce qui voulait dire, par conséquent, qu'il ne pourrait pas dormir avec Dieu avant lundi.

    Ça l'attristait.

    Surtout que, égoïstement, il voulait sa présence. Vu qu'il l'apaisait si bien et si doucement.

    - Maman… je peux ne pas y aller ?

    Un rire nerveux lui répondit.

    - Non. Non… non.

    Alors que Camile fermait les bagages, Hunter put compter jusqu'à vingt-six non. Le petit malade soupira et se rendit dans sa chambre. Il prépara alors sa valise en faisant la moue. Il glissa son ordinateur dedans ainsi que sa chère peluche fraise puis assez de vêtement pour deux jours.

    Il se saisit ensuite du miroir de poche de Manolita. Il l'avait gardé sur lui tout ce temps, comme le scalpel qui se montrait de plus en plus rassurant tout en ne l'étant pas.

    Hunter prépara tout un parcours réfléchissant grâce à ce miroir et une loupe. Il s'assura que tout semblait correct, malgré qu'il savait pertinemment qu'il n'avait pas le droit de tricher. Il alluma enfin la lumière. Il ne fallut que deux secondes pour que le faisceau se répercute dans son parcours ce qui lui brûla les rétines.

    La porte s'ouvrit au moment même où il soufflait un faible « pitié ».

    - Junior ?! S'étonna la voix de Camile.

    L'interpellé sursauta en coupant la lumière. L'adulte traversa les quelques mètres qui les séparaient. Il se saisit de ses joues et le força à le regarder.

    - Tu me vois comment ? Questionna-t-il, la voix brisée par l'inquiétude.

    - Y a des petites tâches, mais ça va passer…

    - Tu es devenu fou ? Qu'est-ce qu'il t'a pris ?!

    - Rien maman…

    - « Rien maman. » Soupira l'adulte.

    - On… on peut partir… je suis prêt…

    - Tu es bizarre. Soupira tristement Camile en venant se saisir de son sac.

    Il le hissa sur son épaule puis sortit de la pièce. Hunter lança un regard triste vers la lampe puis sortit à son tour. Il vint prendre trois des sacs, sa « mère » en portait déjà trois. Il le suivit ensuite. Ils prirent tout deux l'ascenseur puis ils se dirigèrent vers une voiture verte aux couleurs relativement flashantes. Camile vint l'ouvrir et il plaça les bagages dans le coffre.

    Il récupéra les autres chez Hunter et les y ajouta.

    - On a bien pris tes trousses de soin ? S'assura l'homme au foyer.

    - Ouaip. Dit son fils en montrant le petit sac qui avait été accroché à un autre plus grand.

    - Parfait. En route vers l'enfer.

    L'ex-cuisinier soupira et ferma le coffre dans un bruit sourd. L'adolescent fila à l'avant et il s'installa à la « place du mort ». Il ne se sentait pas particulièrement rassuré de ce nom par ailleurs. Il frôlait bien assez La Mort à son goût.

    Il jeta un coup d'œil dans le rétroviseur pour voir pourquoi sa « mère » mettait du temps. Il y eut un éclat de soleil qui se répercuta dans le miroir de fortune. Il battit des paupières en voyant quelque chose dedans. Il descendit rapidement la vitre et pencha la tête, ce qui lui permit de voir un certain Dieu qui lui faisait signe d'au revoir en souriant.

    - Rentre la tête. Lui lança Camile qui s'installait derrière le volant.

    Hunter rougit en voyant l'ingénu lui envoyer un baiser. Le malade s'installa correctement dans la voiture et s'attacha avec soin. Il remonta la vitre puis attendit que l'adulte démarre. Il appuya son coude près de la fenêtre, attendant que les kilomètres défilent.

    Comme son cœur battait fort. Dieu était venu lui dire au revoir !

    Hunter sentait qu'il voulait volontairement l'aider. Juste pour le rendre heureux. Juste pour qu'il puisse le voir sourire une nouvelle fois. C'était la chose la plus merveilleuse qu'il n'eut jamais vu.

    Mais il ne pouvait pas non plus oublier Clairsemé. Il pourrait mettre à profit ce week-end, surtout qu'il pouvait à nouveau utiliser son ordinateur. Il pourrait alors rassembler toutes les informations qui lui seraient nécessaires. Il devait repartir de zéro… mais il était prêt à le faire !

    µµµ

    Camile soupira. Hunter avait arrêté de compter le nombre de fois lorsqu'il avait dépassé la deux centième fois. À la moitié du voyage.

    Mais ce soupire-ci était particulièrement long. Causer par leur arrivée dans l'allée d'une maison encore plus prestigieuse que celle d'Alejandro. Il aurait pu appeler la demeure de son employeur « petite maison » s'il n'avait vécu que dans cette immense bâtisse.

    Penser à Hawkins le renvoyait, bien sûr, à l'image de Dieu. Il se demandait encore ce qui l'avait poussé à le faire travailler pour lui ?

    Une idée fugace lui passa dans la tête. Et si Alejandro Hawkins était le père de l'ingénu ? Et que sa mission était de le rassurer sur son sujet ?

    Hunter ne put s'empêcher de sursauter en entendant des coups frappés à la vitre. Camile lui passa une main tendre sur le front avant de tourner la tête vers l'importun. Celui-ci ouvrit la portière.

    Seul souriant, l'individu tendit la main vers le conducteur.

    - Je sais garer ma voiture tout seul ! S'agaça Camile.

    Il retira tout de même les clés du contact et les mit dans sa paume ouverte. Il sortit de la voiture dès que l'homme se fut éloigné. Il ouvrit les portières et fit sortir ses enfants, qu'il avait été cherché en chemin.

    Camile serra sa main sur celle de Vitalis puis il l'emmena vers la maison. Les trois autres enfants s'empressèrent de suivre.

    Leur « mère » soupira une nouvelle fois lorsqu'il arriva devant la porte. Il inspira profondément de l'air, serra les dents pour approcha don doigt de la sonnette. Lorsqu'il l'y appuya enfin, il eut l'impression de presser une gâchette de revolver.

    La porte s'ouvrit exactement soixante seconde après. Comme chaque fois. À croire que c'était chronométré. À la porte se tenait un homme souriant, yeux bleus et cheveux noirs, peau à la couleur si pâle qu'elle paraissait terne voire même grisâtre.

    - Bonjour. Vous avez fait bon voyage ? Sourit-il, franchement.

    Vitalis hocha la tête alors que les autres enfants souriaient un « oui ». Camile, las, se contenta d'un simple acquiescement. Le voyage, c'était ce qui était encore le plus simple. Le plus dur… c'était de supporter ce week-end. Il retint un soupir exaspéré.

    - Ils vous attendent dans le boudoir nord. Sourit l'homme.

    Camile sourit légèrement à cette information. Ils étaient toujours dans le boudoir nord. Ils n'y restaient pas longtemps à vrai dire. Peut-être parce que Camile prenait soin d'arriver au plus proche de l'heure du souper établi en ce lieu.

    Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient plus besoin d'être mené par Clancy, le majordome de la maison. Malheureusement, les codes étaient ce qu'ils étaient. Ils avaient finis par s'habituer à une de ses nombreuses excentricités de personne fortunée.

    L'homme en noir se saisit de l'occasion présente pour entamer la discussion.

    - Je vois que tu es plus en forme que le mois passé. Sourit-il à l'adresse de Camile.

    - Tu trouves ? Répondit-il nerveusement.

    - Oui. Et Vitalis a un peu grandi, non ?

    Le muet agita fiévreusement la tête. Il souriait de toutes ses dents.

    - Tu as bien reçu ma lettre ? Demanda l'employé.

    - Oui. J'ai eu un mois mouvementé alors je n'y ai pas encore répondu mais tu en auras bientôt une loooooongue.

    Clancy rit. Il s'intéressa un peu aux études des enfants. Il les écoutait parler avec plaisir, ou la traduction pour Vitalis. Il redevint toutefois muet lorsqu'ils arrivèrent devant une porte à laquelle l'homme frappa. Il attendit qu'on leur dise d'entrer pour leur ouvrir. Il s'effaça pour laisser la petite famille rentrer. Il y avait un couple autour d'une table.

    L'homme, plutôt fluet, dégageait une aura de Noble. Il était si grand qu'il semblait les dominer de sa taille. Alors qu'il était toujours assis. Ses cheveux noirs, courts, étaient parfaitement peignés. Camile prétendait toujours que le propriétaire des lieux se levait à trois heures du matin pour être prêt à huit.

    Sa compagne semblait être un lui au féminin, s'il était la classe et le respect incarné, elle, c'était la douceur et tendresse à l'état pur. Ses longs cheveux noirs cascadaient le long d'une robe luxuriante.

    Le maître de maison sortit une montre à gousset d'une finesse sans égale de sa poche. Il appuya sur un bouton pour aviser les aiguilles qui se mouvaient dans le cadran.

    - En retard. Décréta-t-il d'un ton lent.

    - Comme d'hab'. Répliqua Camille à voix basse.

    Il remarqua le regard inquisiteur de l'homme. Il pinça les lèvres quelques secondes. Finalement, il lâcha la main de son plus jeune fils.

    - Allez dire bonjour.

    Tous, sauf Hunter, allèrent faire la bise aux deux personnes. Si la femme en était contente, l'homme acceptait les baisers avec une petite moue.

    - Hunter ? S'étonna Walgreave.

    Le nommé sursauta. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Clairsemé. Tant et si bien qu'il n'avait pas remarqué que c'était l'heure de l'effusion d'affection. Il cessa de se perdre dans les méandres de son cerveau pour afficher un grand sourire.

    Il s'approcha alors du couple.

    - Bonjour, grand-mère. Sourit Hunter avant de lui poser un baiser sur les deux joues.

    Il se tourna vers son grand-père qu'il salua plus humblement. Se contentant d'une bise furtive. À peine les lèvres avaient frôlés la peau qui tendait à se flétrir qu'il s'éloignait.

    - Toujours aussi petit. Remarqua l'homme.

    Le petit malade eut un petit sourire triste.

    - Camile ! Interpella l'aïeul.

    - Hm ? Répondit évasivement l'intéressé.

    - Un jour, lorsque vous arriverez, nous aurons déjà entamé le repas. Remarqua son aîné.

    - Ce ne serait pas très respectueux. Lança Camile.

    - Il n'est pas plus poli d'arriver systématiquement en retard depuis trois ans. Ça fait plus de trois cent minutes de retard. Dix heures à t'échiner à retarder nos rendez-vous. Depuis trois ans… je ne te demande pas la mort quand même.

    Les dents de son gendre se mirent à grincer.

    - Vous voudriez que je joue de la musique pour vous tout à l'heure ? Intervint Manolita, ne tenant pas à raviver de mauvais souvenirs.

    - C'est une excellente idée. Approuva la femme.

    L'adolescente sourit de toutes ses dents. Hunter soupira, rassuré. Ses frères et sœurs, eux, n'étaient pas autant habitué aux crises de déni que pouvait faire leur parent.

    Pour ne pas retourner à ses pensées, il vint près de l'échiquier où une partie venait d'être commencée entre le couple. Il se tourna vers l'homme. Passé la constatation habituelle qu'il lui faisait, à savoir qu'il était désespérément petit, il appréciait l'homme.

    - Ton ordinateur est à nouveau opérationnel ? S'enquit Hunter en l'observant.

    - Oui. Merci beaucoup. Lui dit l'homme.

    Il lui offrit un sourire. Un vrai. Lui qui avait toujours les lèvres pincées.

    La famille Aurone n'avait peut-être pas des grands-parents comme on les montrait dans les films et séries, mais ils les adoraient.

    - Est-ce que je pourrais utiliser internet ce so… Commença-t-il.

    - Hunter, je t'en prie. Coupa Walgreave, appuyé contre le mur.

    - Ne t'inquiète pas Camile, il n'y a pas de soucis à ce qu'il nous demande cela. Et il peut tout à fait en user. Sourit la femme.

    - Merci. Sourit son petit-fils.

    - Bien… Dit-elle en se levant. Je suppose que nous pouvons aller manger à présent. Sourit-elle.

    L'homme se leva à son tour. Ils sortirent en premier de la pièce, comme ils en avaient pris l'habitude.

    µµµ

    Angelica, la cuisinière, posa les plats sur la table et servit tout le monde. Le grand-père commença alors à poser diverses questions, entre autre sur les études des enfants. Ceux-ci répondaient chacun leur court en souriant. Ils étaient ravis de pouvoir discuter avec leurs grands-parents. Surtout qu'ils ne les voyaient que deux jours le mois. Avant, ils les voyaient tous les samedis mais c'était avant la disparition d'Octave.

    - Alors Camile, toujours pas de travail ? Demanda l'aïeul en fixant le nommé.

    - Toujours pas.

    - Tu as déjà pensé à reprendre notre affaire familiale ? Questionna la grand-mère.

    - Il est vrai que maintenant que nous n'avons plus pe… Commença l'homme.

    - Manolita apprend l'harmonica, vous étiez au courant ? Coupa l'intéressé.

    L'aïeul eut un léger sourire, presque narquois. Il opina faiblement. Il se tourna vers sa petite-fille pour qu'elle développe un peu plus cette nouvelle pratique. Rouge, Manolita s'empressa d'en parler. Elle ne pouvait s'empêcher de lancer des coups d'œil régulier vers sa « mère ».

    Camile lui souriait tendrement bien que ses mains semblaient plus raides à présent. La tension grimpait en lui.

    µµµ

    Le dimanche soir venu, Hunter tira la fermeture éclair de son sac. Le sien était tout petit à la différence de ceux de ses frères et sœurs. Eux avaient des bagages prêts pour toute la semaine à venir.

    De ce fait, il avait déjà fini de boucler ses affaires alors que sa fratrie s'aidait toujours. Ils en profitaient pour vérifier qu'ils avaient bien tout auquel cas, leur parent devrait faire la navette. Jamais encore Camile ne s'était plaint de devoir le faire, au contraire. Il voulait que ses bébés aillent bien.

    L'adolescent descendit alors pour prévenir l'adulte qu'il était fin prêt. Il avait déjà le sac sur son épaule. Ses pas le menèrent jusqu'au salon d'où provenait une conversation.

    - … serait grandement temps que tu prennes un travail. N'importe quoi. Parvint la voix de son grand-père.

    - Non, je n'en ai pas besoin. Hunter a besoin de moi. Entendit-il de la voix de Camile.

    - Il va à l'école ton fils ! Il n'a pas besoin d'un père qui passe son temps à pleurer dans le divan du salon.

    - Je ne pleure pas ! Protesta vivement sa « mère ».

    - Il serait temps de faire une croix, Camile. Dit la voix de l'aïeul, plus agressive.

    - J'en ferais une quand ils me montreront sa dépouille ! Siffla la voix de l'homme au foyer.

    Hunter couina avant de se réfugier dans sa chambre. Camile ne tarderait à sortir de la pièce et il ne tenait pas à ce qu'il le surprenne en train d'écouter aux portes. Même si ça n'avait pas été volontaire.

    Il attendit, dans sa chambre, qu'enfin, son parent vienne les chercher. Lorsqu'il arriva, Hunter se leva et il le suivit rapidement jusqu'à l'extérieur.

    Sa grand-mère était dans le hall d'entrée. Walgreave lui jeta un regard, ouvrant la porte.

    - Allez déjà dans la voiture.

    Les enfants s'exécutèrent. Hunter les accompagna et il jeta un regard derrière lui pour voir l'homme prendre un papier que lui tendait la femme. Il savait ce que c'était depuis un peu plus d'un an : un chèque. Forcément, quand on attendait de l'argent venant d'un mari qui n'existait plus, on ne pouvait que finir ruiner. C'était ainsi leur grand-mère qui leur donnait les moyens pour survivre.

    Le petit malade vint poser son sac avec ceux des autres puis il s'installa à la place passager où il s'attacha. Camile ne tarda à venir le rejoindre. Il se glissa à son siège, s'attacha puis poussa un long soupir.

    - Enfin fini. Grogna-t-il en reculant la voiture.

    L'insensible à la douleur observa sa « mère ».

    - Enfin fini… Chuchota-t-il.

     

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  • 11

    Loup

    Hunter était au travail, rangeant de nombreux document comme d'habitude. Il était un peu fatigué parce qu'il n'avait plus vraiment dormi depuis vendredi soir. Il n'avait pas été capable d'avoir plus de quelques heures de sommeil qui s'étaient vues bouleversées par les cauchemars. Endroits affreux où résonnaient les cris de ses victimes et où le sang coulait à flot comme si ça n'avait jamais été que de l'eau et non un quelconque liquide de vie.

    Surtout qu'il n'avait pas revu la merveilleuse apparition depuis vendredi dans la voiture. Il était triste et déçu. Mais surtout inquiet. Lui était-il arrivé quelque chose ?

    De surcroît, il s'en voulait. Parce que la seule chose qu'il pouvait encore faire, c'était rester là, faisant le travail que l'ingénu lui avait demandé d'accepter. Il devait en être à son millionième tri de feuille. Tous les dossiers étaient parfaitement rangés. La plupart avaient été mis dans le nouveau bureau. Il n'y avait presque plus rien ici. Bientôt, il n'aurait plus rien à faire… Il ne savait toujours pas pourquoi Dieu avait souhaité qu'il vienne ici. Il n'avait rien trouvé qui puisse aider l'ingénu. Rien.

    Il prit une caisse de feuille puis descendit pour aller les entreposer là où il les mettait tous. Revenant du sous-sol il croisa Alejandro dont il détestait le regard. Cet homme qui le fixait si souvent, trop souvent [S1] à son goût.

    - J'ai presque fini m'sieur… plus qu'une dizaine de dossiers. Dit-il, un sourire crispé aux lèvres.

    - Parfait. Je suis fier de toi.

    Hunter lui sourit. Il le contourna pour retourner à son travail et s'éloigner au possible de son employeur. L'homme le prit par l'épaule, l'empêchant de s'éloigner.

    - Oui ? Souffla le petit malade.

    Il glissa sa main dans son jeans, par instinct. Effrayé à l'idée de ce que pourrait faire cet homme, il entoura son arme de ses doigts. Il se sentait bien plus rassuré de la sorte. Il voulait se convaincre que rien ne lui arriverait, vu qu'il était un envoyé de Dieu. Mais il savait la stupidité de ses pensées : il n'aurait pas constamment une arme sur lui s'il pensait vraiment être intouchable.

    - Je te trouve très mignon. Chuchota Hawkins.

    Hunter déglutit difficilement. Alejandro passa son bras autour de son corps et sa main glissa vers son fessier. Les muscles de l'adolescent étaient figés. Ses jambes refusaient d'écouter ses ordres. Il sentait la panique le gagner. Il était incapable de bouger. La seule chose qu'il pouvait faire c'était laisser les larmes s'agglutiner dans ses yeux. Il avait la lame dans sa main. Un seul coup bien placé et il pouvait tuer son employeur. Pourtant, ses doigts refusaient d'agir.

    - C'est bien, tu te laisses faire… Ce n'est pas étonnant vu ce que je te paie. Rit l'homme.

    Le malade sentait ses pensées s'embrouiller. Habituellement, il se serait dit « c'est pour ça qu'on ne l'inculpe pas, l'argent. », maintenant, il se disait « Pitié, ne me touche pas. ».

    Il sentit ses larmes sur le bout de ses yeux lorsque les mains glissèrent sous son t-shirt. Les doigts l'effleuraient, le palpait. Il sentait une nausée impitoyable remonter dans sa gorge. Il avait cru que toutes ses horreurs n'auraient plus lieu à l'instant où il avait fait confiance à Camile.

    Il aurait juré que plus jamais une main ne viendrait palper son fessier comme en cet instant précis. Les larmes roulèrent sur ses joues alors qu'il appelait mentalement sa « mère ». Comment pourrait-il seulement savoir le supplice auquel on le confrontait ? La perversité, les souvenirs, la peur, la nausée…

    Il rassembla tout son courage pour pousser un cri. Un seul.

    Le poing d'Hawkins le fit taire et l'envoya au sol. Comme il aurait voulu pouvoir avoir mal pour oublier ce qui allait arriver. Que la douleur vocalise toute son attention et lui fasse oublier les horreurs qui avaient existés, celles qui allaient naître.

    µµµ

    Un loup était allongé sur le sol, la tête sur les pattes, blessées. Il lui manquait des poils à quelques endroits. Sa peau était presque sur ses os. Il lui manquait peut-être même un de ses crocs. Malheureusement, il n'était pas le seul dans cet enfer. En face de lui, il y avait un crocodile qui n'avait même pas assez d'eau pour se baigner.

    Un hurlement pourfendit l'air. L'animal se redressa d'un bond, les oreilles aux aguets. Il les agita, cherchant la source du bruit. Malheureusement, elle se termina avant qu'il ne puisse l'identifier correctement.

    Le loup s'assit et ferma les yeux. Sa respiration se calma.

    Une silhouette humaine apparut de l'autre côté des cages. D'abord incertaine, elle prit petit à petit son aspect. Gracile, douce, innocente. Des cheveux gris comme son pelage, des yeux aussi gris que ses belles prunelles. Le loup tomba sur le sol, s'ouvrant le flanc sur une pierre qui n'avait rien à faire là, alors que « Dieu » courait jusqu'à la clé.

    Il ferma ses doigts dessus et il ouvrit la porte de la cave. Il lança un regard au fond du couloir. Sa gorge se serra. Il s'empressa d'aller ouvrir la cage où était captif l'animal.

    Où il était captif.

    Il tomba sur le sol, haletant. Son maigre torse s'abaissait et se soulevait. L'ingénu posa son nez contre le museau de la bête. Il s'évapora lentement, laissant tomber la clé sur le sol. Il prit alors l'exacte même forme que la bête. Sa Vraie forme. Il grogna puis détala vers la porte qui venait d'être ouverte.

    µµµ

    Le corps d'Alejandro chevauchait celui de Hunter, déjà à moitié nu. L'adolescent ne bougeait plus, en larmes. Même s'il aurait encore eu la volonté, le corps l'écrasait bien trop.

    Il entendit alors un grognement animal.

    Il sentit l'espoir revenir en lui lorsqu'il reconnu ce bruit familier. Il se redressa comme il put, toujours comprimé par la masse de graisse. Il allait réussir à dégager un de ses bras lorsqu'il vit des dents se fermer sur la gorge palpitante d'Alejandro. L'homme n'eut pas le temps de crier. Déjà du sang sortait de ses chairs noyant ses cris dans un gargouillis immonde. À chaque fois qu'il essayait de prononcer un mot, une substance rouge tombait sur le visage de Hunter.

    L'adolescent chercha encore à bouger. Malheureusement, son corps le priva à nouveau de tout mouvement.

    La bête relâcha sa victime pour l'attraper autrement dans ses crocs. Elle jeta la masse agonisante au sol. L'animal le tira un peu en arrière pour l'abandonner dans un coin.

    Le petit malade se redressa difficilement, tremblant. Là, devant lui se trouvait son loup. Son Clairsemé. Il pouvait reconnaître son pelage soyeux, ses prunelles si singulières.

    Et là, sous ses yeux, le loup ferma les yeux pour laisser une apparence humaine prendre sa place.

    - T… Tu…

    - Bonjour… Chuchota l'ingénu, les joues toutes rouges.

    - Que…

    - De la projection astrale… je… j'avais besoin que tu m'aides… tu voulais… me retrouver et… moi, je pouvais t'aider… je ne peux pas…

    Il tomba à genou. Hunter retrouva tout à coup toute utilisation de son corps. Il se précipita auprès de lui, surpris.

    - Je ne peux pas rester près de mon corps. Ça m'épuise, ça me… je… Li… libère…

    - Où es-tu ?! S'écria Hunter.

    - Je…

    Le corps disparu comme il l'avait déjà fait la première fois qu'il était venu ici. Hunter jeta un regard vers le corps d'Alejandro. Il le fixait de ses yeux où la vie résidait encore, faiblement. Hunter lui lança un regard dédaigneux avant de chercher où pouvait être Clairsemé !

    Il avait déjà entendu des bruits animaux. Mais par où exactement ? Il remarqua le sang sur le sol. Il avait la forme de pattes de canidé. Peut-être de loup !

    Son loup. Dieu était son loup. Dieu s'appelait Clairsemé. Dieu n'était pas un dieu. Mais il l'avait sauvé. Au péril de sa propre vie vu son état blême quand il avait disparu. Il avait fait tout ça pour son loup et il devait aller jusqu'au bout. Projection astrale… ça lui semblait si étrange.

    Il suivit les marques sanguines qui s'arrêtèrent au niveau de la cave. Il serra les dents et commença à inspecter le lieu avec grand soin. Il fallait qu'il trouve le mécanisme qui menait à la salle d'où venaient les plaintes animales.

    Il savait qu'il s'agissait d'un quelconque mécanisme parce qu'il avait déjà passé en revue chaque recoin de la maison sans jamais trouvé son loup.

    Son téléphone sonna. Il fronça les sourcils et décrocha.

    - Hunter ?

    - 'Man ? S'étonna l'interpellé alors qu'il trouvait une porte dans le mur.

    Elle était légèrement levée, comme une herse. Suffisante pour qu'un animal y passe. Ou quelqu'un de très petit, à quatre pattes. Il se mit ainsi et passa dans un couloir fait de pierre au mur et sur le sol.

    - Il commence à faire tard mon chéri, tu es où ? Demanda la voix de Camille d'où des accents de peurs se faisaient entendre.

    - Maman… j'ai besoin de ton aide… Est-ce que tu peux venir à mon travail ?

    - Qu'est-ce qu'il se passe ?

    - Quand papa est… j'ai recueilli un loup… mais on me l'a pris y a un peut plus d'un mois. J'ai tout fait pour le retrouver et là… je l'ai retrouvé… il… il faut que tu m'aides, s'il te plaît.

    Camile n'aimait pas le ton effrayé de son enfant. Il refusait de le laisser seul quelque soit la situation annexe. Il ne voulait pas savoir pourquoi Hunter avait un loup. Ni qu'il l'avait retrouvé chez son employeur.

    Tout ça… ça viendrait après, lorsqu'ils seraient à la maison. Là, il serait temps qu'il pose des questions.

    - Je… je vais venir. Souffla Walgreave, tendu.

    Son fils raccrocha. Il passa la porte qui venait d'être ouverte. Il se sentit mal dans cette odeur pestilentielle avec toutes ses créatures exotiques qui le fixaient. Regardant à droite et à gauche, il fixa la zone jusqu'à trouver enfin un loup.

    Son loup.

    - Clairsemé ! S'écria-t-il.

    La créature leva difficilement ses yeux gris vers lui.

    - Maman arrive.

    Il s'empressa de courir jusqu'à lui. L'animal se leva péniblement et ne fit que deux pas avant de retomber. Junior le rattrapa. Il retira son haut et l'utilisa pour comprimer la plaie sur son flanc.

    - Tu aurais dû me prévenir tout de suite. Soupira-t-il.

    Clairsemé ne semblait pas si sous-alimenté comparé aux autres animaux. Quant à ses deux plaies, elles avaient été soignées. Il prit le loup dans ses bras et il sortit difficilement de cette cave. L'animal était aussi lourd que sa forme humaine. Il n'était plus aussi surpris tout à coup.

    Le petit malade sortit de la maison en repassant par le salon. Il savait ce que les gros titres annonceraient demain. Un milliardaire tué par son animal sauvage qui s'était enfui.

    Hunter sortit et il emmena Clairsemé jusqu'au bord de la route. Il dut attendre cinq minutes entières avant que Camile ne se gare finalement. Il ouvrit la portière et contourna sa voiture pour venir auprès de son fils.

    - C'était vrai…

    L'orange hocha la tête.

    - Je n'aime pas te mentir, maman.

    - Merci…

    Camile n'aimait pas le sang sur le visage de son enfant. Il ignorait si c'était celui de son fils ou celui d'un autre. Il sortit son téléphone pour appeler la police. L'adolescent serra les dents mais le laissa faire, la gorge tout à coup encombrée.

    - Bonjour ? Je m'appelle Camile Walgreave, je viens d'aller rechercher mon fils chez son employeur. Celui-ci est mort. Il a visiblement été attaqué par une bête sauvage… Alejandro Hawkins. Il habite la villa des Près. Oui ? Merci… merci.

    Camile raccrocha en soupirant. Il ouvrit la portière arrière de sa voiture, fixant son fils d'une façon à la fois perplexe et inquiète. Il avait le cœur lourd. Il espérait que tout ça ne retomberait pas sur son fils. Il craignait qu'il soit mis dans une maison de redressement ou, pire, en prison.

    Hunter le remercia à voix base puis grimpa dans la voiture, installant correctement le loup. Il s'assit sur le sol de la voiture pour prendre la patte de Clairsemé. Il lui sourit et il jura que l'animal lui souriait en retour. Camile alla à l'avant et s'attacha.

    - Je ne t'abandonnerais pas, Clairsemé… si maman veut bien qu'on te garde, hein maman ?!

    - Oui… on ne peut pas laisser un animal dans cet état dehors mais… je ne sais pas comment nos voisins vont le prendre.

    - Je sais pas…

    Hunter appuya sa tête contre le flanc de son animal, là où il n'était pas blessé. Il sentait bon, comme Dieu. Il ne put que sourire quand l'animal lui lécha gentiment la joue.

    µµµ

    Le lendemain, Camile ferma la porte derrière le vétérinaire du Zoo de Pairidaiza. C'était lui qui s'était déplacé pour s'occuper de l'animal. En échange de beaucoup d'argent, il avait accepté de garder le silence et il avait même fait tous les vaccins possibles et inimaginable à Clairsemé, afin qu'il soit le plus sain possible. Sans cela, il n'aurait pu le laisser dans cette maison, même pour une somme trébuchante.

    Dans la chambre, Clairsemé en profita pour prendre sa forme humaine. Il savait que ce serait fatiguant mais il savait aussi qu'il devait le faire. C'était important. Il inspira profondément puis laissa la projection astrale émané de lui.

    - Hunter, j'ai une question pour toi.

    - Je t'écoute ?

    - Tu as deux choix… je n'ai que dix ans à t'offrir. Au maximum. Soit dix ans en forme de loup, soit environ cinq, comme un « humain ». Tu ne me verras plus jamais en animal si tu choisis cette option… ou rarement. Que choisis-tu ?

    Le malade serra les lèvres en entendant cette question. Cinq ans avec l'être qui faisait battre son cœur ou dix ans avec son meilleur ami ? C'était probablement la question la plus difficile qui lui était donné de recevoir…

    - Toi… que veux-tu ?

    Clairsemé se pencha vers lui et posa avec tendresse ses lèvres contre les siennes.

    - Être à tes côtés comme un humain…

    - Alors c'est mon choix.

    Clairsemé sourit, les joues rougies.

    - Dès que je serais soigné… je prendrais les mesures. Jura-t-il.

    Son corps disparu et ne fit plus qu'un avec celui de sa forme loup. L'animal haletait un peu. Hunter lui caressa doucement les poils, un air inquiet sur le visage.

    La sonnette de l'appartement résonna. Le malade se leva et alla jusqu'à la porte, qui donnant directement sur le salon. Ça devait forcément être le vétérinaire qui avait oublié quelque chose. Ou, mieux, qui avait des indications de dernières minutes sur le cas de Clairsemé.

    Mais il s'agissait en fait de policier. Deux, l'air sévère. Il sentit immédiatement l'inquiétude s'insinuer dans ses veines. Il échangea un regard avec Camile qui s'efforçait d'avoir l'air détendu.

    - Excusez-nous… nous cherchons Camile Walgreave.

    - C'est moi…

    - Nous sommes navrés. Dit l'homme de gauche.

    L'homme au foyer essaya de calmer la tension qui parcourait son corps.

    - Nous sommes venus personnellement vous annoncer que nous avons finalement retrouvé le cadavre de votre mari…

    Les yeux de Camile s'ouvrirent en grand alors que ses genoux se mirent à trembloter. Hunter se précipita vers son parent pour le retenir. Il le fit s'asseoir dans le fauteuil et lui frotta le dos.

    L'un des policiers se permit de rentrer alors que le maître de maison enfonçait son visage dans ses mains tremblantes.

    - Vous pourrez voir le corps et… il vous sera remis pour que vous puissiez l'inhumer.

    - Inhumer ses restes ! Siffla Camile. Sortez de chez moi ! Hurla-t-il.

    L'homme s'inclina, navré, avant de s'exécuter. Il déposa le papier qui indiquait où était le corps sur le sol puis ferma la porte. La feuille voleta et vint jusqu'aux pieds de Walgreave. Ses larmes redoublèrent alors. Hunter lui caressa doucement les cheveux. Lui, il avait déjà fait son deuil. Il n'arrivait pas à pleurer.

    Il s'en voulait pour ça…

     

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    EPILOGUE


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  • Epilogue.

    Ironiquement, il avait fallut qu'Octave soit enfin enterré en terre consacrée pour que Camile retrouve sa force. Pour que leur famille soit à nouveau soudée.

    L'homme au foyer avait cessé de se morfondre, il avait résilié son bail et il avait repris la maison dans laquelle il avait passé sa vie avec l'homme qu'il aimait. Des photos d'Octave trônaient un peu partout dans la demeure.

    Puisque l'habitation était mieux placée. Les enfants étaient petit à petit revenus dans la maison où l'atmosphère s'était détendue. Camile ne mentionnait jamais son défunt mari et il gardait le sourire pour ses enfants.

    Hunter avait décidé qu'il ne quitterait jamais sa « mère ». Parce qu'il sentait qu'il avait besoin de lui. Et parce que, égoïstement, il en aurait aussi besoin dans environ cinq ans.

    Quelques fois, Clairsemé disparaissait, portant un doigt devant sa bouche. Hunter n'était rassuré que lorsqu'il entendait un hurlement de loup cassé le silence.

     

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