• Écrit le 08 Juin 2016

    Les Naufragés de la Méduse de Jacques-Olivier BoudonLorsque j’ai reçu « Les Naufragés de la Méduse » de Jacques-Olivier Boudon, j’étais très contente. Je m’attendais à découvrir une histoire comme « Titanic » ou « Le Journal d’Anne Frank » à savoir, un roman qui retracerait les mésaventures du bateau d’une façon agréable avec des dialogues, un ou plusieurs personnes principal, bref, de quoi découvrir ce fait marquant, illustre, au travers une histoire narrée. D’autant plus que le quatrième de couverture se targue d’être un roman.

    J’ai été très vite déçue. Les premiers pages ont été pénibles et toutes celles qui ont suivis avec. J’ai fini par arrêté après avoir feuilleté parce que le problème est que c’est une sorte de bébé mutant et affreux entre le roman et le livre d’histoire. C’est bien trop proche d’un manuel historique pour nous laisser apprécier l’histoire et c’était agencé plus ou moins comme un roman ce qui nous empêche de pouvoir chercher des informations précises.

    Tout ce qu’on trouve sont des suites d’informations, que ce soit sur la famille des morts ou sur les morts eux-mêmes. Des milliers d’informations qui m’auraient déjà semblées de trop dans un livre d’histoire normale mais qui sont encore plus désagréable dans ce contexte.

    Le style de l’auteur, à proprement parlé, n’est toutefois pas gênant. S’il n’avait pas un condensé d’informations sans fin, il déploierait certainement son potentiel.


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  • Itchetik

     

                Lorsque vient le seize avril, prenez garde à ce que vous buvez et aux grenouilles que vous rencontrez.

     

                Dans son orphelinat La seconde chance, Anita s’occupait des enfants avec soin. Qu’ils aient cinq ou quinze ans. Qu’ils soient doux ou bien rebelle, elle tenait à ce qu’ils aient tous de l’attention. Et c’était tellement dur lorsqu’on devait avait près de cent âmes qui avaient besoin de câlins, qu’on les aide avec leurs devoirs, qu’on les écoute raconter leurs journées, qu’on les rassure, qu’on les distraie…

                Elle avait Yonathan dans les bras, Julia accrochée à son cou et Timéo trottinait à côté d’elle mais toute son attention cessa brutalement. Ses yeux étaient rivés sur le magnifique calendrier avait une photographie de mésange qui l’agrémentait.

                Évidemment, ce n’était pas le bel oiseau qui la préoccupait mais la case rouge qui avait été déplacée sur le feuillet.

    - Qui s’est occupé du calendrier ? Demanda-t-elle.

    - Piotr. Répondit le petit Timéo.

    - Allons le voir.

                Elle partit d’un pas guilleret vers la chambre de l’adolescent, pourtant, elle n’avait plus le cœur à rire et sourire. Ce n’était pas pour autant qu’elle devait le montrer aux enfants. Tout comme elle préférait de loin ne pas vérifier sur son téléphone que la date affichée était correct.

                Peut-être cherchait-elle un simple regain d’espoir.

                Anita s’arrêta devant la chambre de l’adolescent où elle frappa à la porte. Elle souhaita un instant qu’il ne soit pas là et qu’ils doivent passer leur chemin. Mais elle se mit une claque mentale. Que lui prenait-il ?! Elle ne pouvait se permettre d’agir de la sorte ! Elle ne pouvait pas se reposer sur des lauriers ou des « imprévus ». Elle n’avait pas le droit de se permettre quelconque frivolités que ce soit par envie ou par peur.

                Elle l’avait toujours su. Et lorsqu’elle avait accepté de prendre cette place auprès d’enfants, elle savait également qu’elle était la gardienne tant du secret que des conséquences de ses inactions. Ses prédécesseures avaient eu la même tache.

                Aussi, lorsque Piotr ouvrit la porte, elle afficha un sourire tranquille.

                Qui aurait pu deviner à quel point elle était affectée par la date ? Elle essayait de se raisonner. Ce n’était pas grand-chose…

    - Piotr. Est-ce que c’est toi qui t’es occupé du calendrier aujourd’hui ?

    - Oui, pourquoi ? J’ai mal fait quelque chose ? Questionna-t-il, maugréant.

    - Non, non… La date… Nous sommes le seize Avril ? S’assura-t-elle.

    - Ouais. Sûr.

                Lui sortit son téléphone et le brandit devant la femme qui continuait de sourire malgré les sueurs froides. Voilà que la partie de son travail qu’elle détestait le plus lui tombait sur le coin de la tête.

                Quoique. Un an auparavant, elle aimait encore cela…

    - Pourquoi vous avez pas vérifié vous-même ? Demanda Piotr.

                Anita répondit par un sourire et emmena les enfants ailleurs. Elle préférait autant ne pas prononcer ces mots à voix hautes. Même si certains savaient ce qu’il se passait à cette date, surtout parce qu’ils connaissaient la deuxième partie de son travail.

                Celle qui n’était pas tellement cachée…

     

     

                Un éclair blanc vrilla le ciel alors qu’un énorme reptile se jetait vers lui. L’éclair évita un coup de gueules puis un retour d’ailes s’agitant avec vigueur. Une épée surmontée de riches pierres blanches ou translucides siffla dans les airs. Une tête reptilienne, constituant les écailles du monstre, tomba rudement sur le sol.

                Un rire retentit dans la plaine tandis que les nuages s’alourdissaient et se rapprochaient, compact.

                La bête fondit mais l’éclair l’évita encore. Le tonnerre roula, la grêle s’abattit accompagnée d’une pluie diluvienne. Le vaillant chevalier… leva les bras et rit en tournant sur lui-même. Ses cheveux presque doré retombèrent sur son visage et il laissa tomber son épée, tirant la langue. Il se reçut un grêlon dans l’œil mais sautilla en riant alors qu’un second atterrissait dans sa gorge. Il applaudit alors que le vent se levait.

    - Maudiiiiiit ! Siffla la créature.

                Non pas d’une des milliers de tête qui ornait son corps, mais de celle, massive, qui frottait contre le sol.

    - Ah oui, on se battait !

                Le chevalier attrapa son épée et la leva malgré les éclairs, malgré la pluie qui collait ses vêtements ou encore la grêle qui le cognait rudement. Il ne redoutait pas plus le brouillard épais qui germait. De toute façon, il virevoltait avec tant d’enthousiasme qu’il semblait plus proche d’exécuter une danse que de se battre.

                Tout à coup Ponponpon de Kyary Pamyu Pamyu résonna dans la clairière.

    - Oooooh ! Désolé, c’est pour moi !

                Le chevalier jeta son épée sur le sol et retira une pièce d’armure à sa ceinture avant de prendre un téléphone terré là.

    - Allôôôôôôôôôôôôôôô ?

    - Bonjour, Macaw… C’est Anita.

    - Bonjouuuur ! Ça faisait longtemps ! Sautilla-t-il.

                La créature reptilienne siffla et leva son immense tête au sol pour l’attaquer. Macaw bondit en arrière et sauta promptement sur sa tête où il tint en équilibre sur un pied.

    - Oui… J’espère que tu vas bien…

    - Oui ! Je me bats contre une Khala. Sourit-il.

                Une aile fonça vers lui pour le désarçonner. Il s’abaissa et donna un coup de pied dans une tête, faisant crier la principale.

    - Ah… Tu es loin dans ce cas ? Demanda-t-elle.

    - Je suis en Ukraine.

    - Ah oui… Tu sais qu’on est le seize Avril ? S’enquit-elle d’une voix douce.

    - Le seize Avril… Souffla-t-il.

                Il sauta au sol, évita un coup de queue et roula sur le sol pour attraper son épée. Sa tenue étincelante était maintenant couverte de boue et de trace verte mais ça ne l’empêchait pas de foncer vers la Khala pour lui planter la lame dans l’œil.

                Un cri s’éleva.

    - Q… Qu’est-ce que c’était ?

    - La Khala vient de mourir. Lança Macaw, guilleret.

                Il sautilla et applaudit.

                Les nuages reprirent petit à petit leurs couleurs pures alors que les intempéries revenaient à l’accalmie. Il tira la langue et agita la main pour dire au revoir aux amas cotonneux.

    - Toutes mes félicitations… Est-ce que… tu te rappelles ce qui arrive le seize Avril ?

    - C’est à cette période de l’année que les Itchetiks sortent pour la première fois ! Dit Macaw d’un air très sérieux.

    - Oui.

                Anita poussa un soupir soulagé.

                On pouvait au moins compté sur son intelligence et sa mémoire même s’il en semblait parfaitement dénué…

    - Et… tu sais ce que tu dois faire ? S’assura-t-elle.

    - Oui ! Je dois prévenir tout le monde et m’assurer qu’il n’y ait pas trop de personnes qui meurent ! Sautilla le jeune homme.

    - Oui ! … Est-ce que tu pourrais t’arranger pour… ne pas faire des tracts cette année.

    - Oh ? Ça n’a pas fonctionné ?

    - Eh bien…

                Anita jeta un œil sur le tract qu’elle avait conservé seulement pour faire plaisir à Macaw comme elle avait gardé les dessins de tous les enfants. D’ailleurs, la salle réservée à la gérante de l’orphelinat ne comportait que ça… Et si les années faisant, elle avait perdu ou rangés des dessins, des cadeaux, elle avait toujours connu cette pièce comme ça. Même lorsqu’elle travaillait pour Nadèdga, celle qui était la gérante, trente-trois ans plus tôt.

                Le tract comportait une grenouille buvant de la bière et des lettres criardes annonçaient : « Ne buvez pas, n’approchez pas des grenouilles ! »

                Un enfant aurait fait la même chose…

    - Personne ne lit les tracts, tu sais. Souffla Anita.

    - Ah, c’est ça ! Eh bien… ça m’ennuie beaucoup de devoir répété la même chose à tout le monde…

    - Même si tu te ferais plein d’ami ?

    - Me faire des amis c’est bien ! Lança le jeune homme.

                Il recommença à sautiller et Anita pouvait l‘entendre parce que les plaques de sa tenue s’entrechoquaient.

                Elle souriait comme elle le faisait pour Nikolay, cinq ans.

    - Mais répéter tout le temps la même chose, c’est nul. Mais je vais faire ce que je peux ! Parce que je suis Macaw de Seskas et que c’est mon rôle !

    - Merci. Souffla Anita en posant sa main sur son cœur.

    - Bye, bye, bye, bye ! S’enthousiasma Macaw.

    - Bye. Prends garde à toi.

                Elle raccrocha et eut tout à coup peur de lui avoir fait trop confiance. Après tout, Macaw était une boule d’énergie, il n’avait pas mauvais fond mais… On avait un peu du mal à croire en lui…

                Qui pouvait lui en vouloir pour ça ?

                Comme avec les enfants dont elle s’occupait. Elle avait beau leur dire qu’ils deviendraient princesse, président, astronaute et même footballeur professionnel, elle n’en était pas sûre du tout.

                Elle devait leur offrir du rêve, les pousser vers l’avant, les faire espérer.

                Il était toutefois singulier de le faire lorsqu’il s’agissait du célèbre chevalier Macaw de Seskas que tout le monde voyait comme un messie et sur qui la protection des landes slaves reposait.

     

     

                Oleg but une dernière pinte d’alcool puis jeta de l’argent sur le comptoir avant de se lever brusquement. Il grogna et repoussa le barman lorsqu’il voulut l’assister. Il ne voulait pas son aide !

                Il était loin d’en avoir besoin ! Pourquoi s’embêterait-il seulement avec lui ? Il était comme tous les autres de toute façon… Il avait seulement pitié…

                Et pourquoi ? Il s’était seulement enfilé sept bières et une vodka. Ce n’était pas tant que ça. Et c’était la faute d’Anna… Elle était partie, en le laissant tout seul ! Bien sûr qu’il allait sombrer dans l’alcoolisme ! Il l’avait toujours fait.

                Il sortit du bar en s’étirant. Bon, il titubait énormément et ne voyait pas très droit. De plus, les goulées d’air subitement ajoutée lui faisaient tourner la tête mais ça avait été trop bon et pouvoir rejeter la faute sur autrui toujours aussi parfait.

                Il se dirigea vers chez lui et longea la Dniepr qui coulait le long de la ville.

                Il renifla lorsqu’il entendit une voix. Et les grenouilles chanter.

                Oleg s’approcha de l’eau et vit surgir une petite créature verte couverte d’algue et de sangsues. Il eut le temps d’apercevoir des dents élimées avant qu’on ne l’entraîne dans les flots.

     

     

                Macaw ressortit la tête de l’eau, rejetant ses cheveux en arrière. Son diadème blanc vola et s’écrasa sur le rivage. Il rit et s’ébouriffa les mèches trempées. Il s’assit sur le bord de l’eau et rigola une nouvelle fois lorsqu’une queue de poisson aux écailles bleue et scintillante cogna son nez. Et ce malgré le sang qui se déversa de ses narines.

    - Si vous voulez jouer, c’est mieux de le faire où je peux respirer. S’enthousiasma-t-il. Sinon, il n’y a qu’un de nous deux qui s’amusera sous l’eau.

    - Tu as raison. Dit un homme en sortant légèrement de la surface.

                Il posa des yeux couleur de la braise sur Macaw qui se penchait pour attraper un poisson. Le jeune homme ne s’inquiétait pas une seule seconde de son corps nu et agrémenté d’écailles, ni de sa longue chevelure qui se mêlait à sa barbe et sa moustache qui avaient gagnés la couleur des algues au fil du temps.

                Même ceux qui venaient lui faire des offrandes à tout point d’eau, pour peu qu’ils croient en son existence, s’effrayaient de le voir apparaître, d’observer ses mains palmées ou les créatures qui l’accompagnaient. Sangsue, poissons, grenouilles, gens de son peuple qu’on fuyait comme la peste…

                Des offrandes parce qu’on le craignait mais personne pour le distraire, voilà qui était bien triste.

    - On fait des ricochets ?

                Macaw bondit sur ses pieds et chercha après une pierre qu’il jeta dans l’eau. Sonné, un poisson protesta par des bulles.

    - Doucement, doucement. Somma le vieil homme.

    - Ah, pardon, Vodianoï. Sautilla-t-il. En fait, je ne sais pas comment on fait des ricochets ! Rit-il.

    - Je t’apprendrais. Sourit le Roi des Eaux.

                Voilà qui serait distrayant. Et avec une telle boule d’énergie, il ne pensait pas pouvoir réellement s’embêter.

    - Mais je pensais que tu étais venu me parler de mes sujets.

    - Vos sujets ?

    - Les Itchetiks. Précisa-t-il doucement.

    - Ooooh ! Oui !! C’est Anita qui m’envoie, elle dit qu’on est le seize Avril et ça veut dire qu’ils sortent d’hibernation… J’ai pour mission de ne laisser personne mourir par les Itchetiks !

    - Ce n’est pas facile. Dit le Roi. Même moi je ne peux pas les empêcher de faire des vilenies. Dès qu’ils ne sont plus dans les parages, ils boivent, boivent et boivent et on ne les ferait plus rien entendre.

    - Ils boivent et noient les personnes qui boivent ? C’est une drôle de façon de se faire des amis. Rit-il doucement.

    - En effet… Ce ne sont pas de mauvais bougres ! Mais ils sont de véritables fripouilles. La seule chose à faire, c’est rappeler aux Humains de faire attention.

    - Mais ils ne lisent pas les tracts ! Dit Macaw, d’un air motivé.

    - En effet, c’est plutôt compliqué pour toi. Remarque le Roi des Eaux, quelque peu amusé.

    - Que peut-on faire ?

                Macaw sautilla.

    - Je suis prêt à faire ce qu’il faut ! J’ai promis à Anita !

    - Que voudrais-tu faire ?

                Vodianoï attrapa la belle épée de Macaw et la lui présenta.

    - Pourfendre toutes les personnes susceptibles de te déranger ? Tu me sembles trop souriant, trop joyeux et bien trop amical pour agir de la sorte.

    - En effet ! Mais je ne peux pas jouer avec tout le monde en même temps, je suis un. J’ai déjà essayé d’être pleiiiiin ! Fit-il en tendant les bras vers le ciel. Mais j’ai pas réussi…

                Le Roi rit de bon cœur.

    - Je ne suis pas surpris que tu n’aies pas réussi. Il en vaut beaucoup pour réussir à faire cela. Approuva-t-il. Même moi, je n’y arrive pas. Penses juste à essayer de jouer avec certains Itchetiks lorsque tu les voies, à l’avenir, ils accepteront peut-être de te rendre des services parce que tu as été bon avec eux.

    - Oui ! Fit Macaw en se mettant au garde-à-vous.

    - Moi, j’essaierais de parler à d’autres… Mais je doute que l’on puisse faire quelque chose contre eux. Ils joueront toujours en buvant. Et quelques jours, nous trouverons dans vos journaux des titres du genre « Cet homme » ou cette femme, je ne suis pas misogyne… « Cet homme, disais-je, ivre mort s’est effondré dans l’eau et en est mort. »

                Vodianoï soupira doucement.

    - Qui te blâmera ?

    - Anita… Je ne suis pas très doué, qu’elle dit, et elle doit avoir raison.

                Une ombre passa sur son visage mais il sourit juste après.

    - Je suis pas très doué. Je suis agile, je suis fort mais moi, à part être heureux et tuer des gens… Ou être heureux en tuant des gens, je ne sais pas faire grand-chose. Rit-il.

    - C’est une sinécure en soi… Ce n’est pas un mal mais prends soin de toi.

    - Oui !

    - Maintenant, avant que tu n’essaies d’arrêter l’impossible, j’aimerais que tu t’occupes de moi comme tu l’avais promis ! Sourit le Roi.

                Macaw applaudit en sautillant.

    - Ouiiiiii ! Lança-t-il.


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