• La loi de Nietzsche P1 : Chapitre 15

    Chapitre 15 : Innommable.

     

                Itzal revint de l’école ramener par les Ivanov comme bien souvent. Lorsqu’il poussa la porte, il ne vit pas Vladimir alors que l’homme essayait toujours d’être là dès son retour pour lui parler avidement et s’assurer « qu’il n’était pas blessé ».

                Le garçonnet grimpa alors dans sa chambre et il s’installa à son bureau et sortit ses devoirs. Il était ravi de comprendre cette matière. C’était donc avec plaisir qu’il sortait ses affaires. Il sourit en voyant le petit nez de Patates sortir de sa maison. Il ouvrit la cage et caressa le petit animal avant de se mettre au travail. Ivan lui avait toujours dit que bien faire ses devoirs apportaient de beaux points et que ça faisait plaisir aux parents.

                Puisque Vladimir était à présent son parent, il supposait que ça le rendrait heureux. Lui qui était toujours si froid et triste.

     

                Quelques heures plus tard, une bonne odeur de cassoulet se souleva dans la maison. Affamés, l’enfant posa ses affaires pour se lever. Il avait presque fini ses devoirs et il ne restait qu’un point final à mettre. Ce qu’il pourrait aisément faire après le repas qui lui faisait grandement envie.

                Ainsi, descendit-il dans la salle à manger où l’attendait le repas.

                Vladimir se tourna vers lui, les yeux injectés de sang.

    - Où étais-tu ?! Cracha-t-il en venant vers lui.

    - Je faisais mes devoirs en haut. Vous n’étiez pas là à mon retour d l’école alors je suis monté… vous êtes rentré depuis longtemps ? Sourit l’enfant.

                Mais sa question ne suscita qu’un regard encore plus haineux qu’auparavant. Il se sentit tout à coup misérable et il baissa la tête, tristement.

    - Tu aurais dû rester en bas !

    - Mais Ivan dit que les devoirs c’est important…

    - Cet abruti ! Il ne peut pas se contenter d’un enfant ?! Il faut qu’il essaie de me piquer le mien ! Non… Non… Il a compris… c’est forcément ça… Il a dû comprendre qu’il était la panacée… c’est cela… Cet immonde…

                Le garçonnet baissa tristement la tête, tout inquiet. Il parlait bien sûr de son ami et non du père de ce dernier. Mais il était vrai que ce n’était pas toujours chose aisée de se faire comprendre quand les deux possédaient le même nom. Surtout que c’était une pratique peu courante dans son monde où il n’était pas coutume d’appeler son enfant en rapport à quelqu’un qu’on avait connu. Ça évitait alors les prénoms similaires au sein d’une famille, même si ça pouvait arriver.

                Vladimir alla vers le foyer, ornemental, pour prendre son fusil qui, lui, ne l’était pas. L’odeur de cassoulet s’était muée en un fumet atroce où les saucisses brûlées s’unissaient avec les flageolets. Les fragrances âcres faisaient tourner la tête du garçonnet qui ouvrit des yeux surpris en voyant son tuteur se saisir de cette arme.

                Il avait vu, pas plus tard qu’aujourd’hui, ce qu’était cette chose dans son cours d’histoire.

    - C’est… c’est pour tuer ça… qui voulez-vous tuer ?

    - Petit nigaud. Répondit Vladimir.

    - Qui allez-vous…

    - Ça suffit ! Ce ne sont pas des questions d’enfants ! Retourne dans ta chambre vu que tu y es si bien !

                Le garçonnet renifla et partit vers les escaliers alors qu’il entendait son tuteur bougonner et maugréer des insultes.

    - Cet Ivan va crever et me payer tout ça…

                Itzal se figea le premier pied sur la marche.

    - Non !

    - La ferme ! Je t’ai dit de monter !

    - Laissez Ivan en paix !

    - Non ! Cet abruti va arrêter de se mêler de tout ! Il se croit intéressant parce qu’il est astronaute et sa femme aussi ? Et son crétin de gosse est si studieux !

                Il se passa la main sur le menton.

    - Je devrais peut-être me débarrasser d’eux tous… s’il y a des témoins ce n’est pas bon…

    - Laissez Ivan ! Cria Itzal, désireux de protéger son ami.

                Vladimir fronça les sourcils, rendant ses yeux injectés de sang encore plus inquiétant.

                Il s’avança vers son pupille qu’il attrapa par le col de son vêtement.

    - Tu veux te rebeller ? Siffla-t-il.

    - Lâchez-moi…

    - Mais voyons, voit le bon côté des choses, quand je te mets une raclée je m’occupe pas de ces abrutis d’Ivanov ! Enfin… tu as bien de la chance que j’ai besoin de toi. Ajouta-t-il en le laissant tomber sur le sol.

    - Vous êtes méchant…

    - Tu parles comme un enfant.

    - Je suis un enfant. Répondit Itzal.

    - Tu n’es pas un enfant ! Tu es un alien ! Un monstre ! Un médicament universel ! Croire que tu pourrais avoir des sentiments est stupide ! Maintenant dans ta chambre ! Et tu verras que je me comporterais avec toi comme il le faut !

                Il repartit vers la porte en grommelant des insultes à l’égard d’Ivan. Itzal larda un regard acide sur le dos de Vladimir.

                Le joyau rouge qui ornait son front commença lentement à perdre son éclat.

                Vladimir porta sa main à sa gorge, ayant tout à coup l’impression de l’avoir lourde et de ne plus savoir respirer. Ses bronches se remplirent ensuite de liquide et il cracha tout ce qu’il pouvait. Du sang sortit de sa gorge, tachant ses habits blancs. Il sentit un malaise et ses jambes vacillèrent alors que son cœur s’emballait. Sa tension augmenta de plus en plus.

                Et, aussi soudainement qu’il avait commencé à se sentir mal, il s’effondra. Les yeux grands ouverts. Le corps arrêtant de monter et descendre signe qu’il ne respirait plus. Seul un filet de sang sortait de ses lèvres tuméfiées.

                Itzal le fixa un moment avant de sentir, soudainement, que l’air ne rentrait plus dans ses poumons. Le joyau maintenant rouge presque noir, ses orbes orange-or s’écarquillant. Il avait déjà sentit cette sensation de suffoquer une fois. Lorsqu’il avait goûté à l’air terrien pour la première fois.

    - Maman… Gémit-il.

     

    - Monsieur le Président. S’écria quelqu’un.

                Gleb agita la main en sa direction avant de se tourner vers son premier Ministre.

    - A-t-on des nouvelles de ce petit Itzal, l’alien ? Je n’en ai plus depuis que je l’ai vu.

    - Son tuteur refuse de donner des nouvelles… La femme Ivanov qui l’a accompagné dans cette expédition dit qu’il est complètement fou. Son fils est ami avec l’alien. Expliqua-t-il.

    - Oui, j’en avais entendu parler.

                Il se tourna vers le quelqu’un qui l’avait appelé. Il se saisit du stylobille qu’il lui tendait, lu rapidement ce qu’il lui montrait puis signa.

    - Allons leur rendre une petite visite.

    - Bien, Président.

                Ils partirent alors vers la limousine présidentielle. Un chauffeur s’empressa de venir leur ouvrir et il referma derrière eux. La voiture s’ébranla alors et partit en direction de la maison de Vladimir.

     

                Lorsqu’ils arrivèrent, le chauffeur s’empressa de venir ouvrir à son Président. Il s’inclina profondément et afficha un large sourire. Gleb inclina légèrement la tête pour le remercier. Il se rendit ensuite vers la porte et sonna. Il attendit qu’on lui réponde tandis que son premier Ministre arrivait.

    - Il ne répond pas ? Fait-il le sourd ?

    - Je ne crois pas… Il n’est pas assez stupide pour ça… Chuchota le Président en fronçant les sourcils.

                Il sonna encore à la porte. Le Premier Ministre lança un coup d’œil par la fenêtre. Il se figea.

    - Le garçon ! Il est au bas des escaliers ! Il a l’air mal en point !

    - Appelez une ambulance ! S’écria Gleb.

                Il envoya son pied dans la porte qui craqua. Il frappa encore et le montant tomba mais il ne s’aplatit pas au sol. Le Président rentra dans la demeure et il vit alors Vladimir, mort. Il ne débattit pas sur le fait que c’était bien ou un mal et il se précipita vers l’enfant qui inspira subitement de l’air. Il leva lentement les yeux et il vit le grand renne, tiré d’un célèbre film de Walt Disney, sur son t-shirt.

    - M… Monsieur… Articula péniblement Itzal, la bouche pâteuse.

    - Tout va bien se passer… l’ambulance arrive. Que t’est-il arrivé ?

                Itzal secoua lentement la tête. Le Premier Ministre rentra dans la demeure avec le conducteur. Le garçonnet se sentit encore mieux et le joyau à son front commença à s’illuminer très lentement. L’alien porta sa main à sa gorge, soulager de mieux savoir respirer.

    - Qu’allons-nous faire vis-à-vis de l’enfant ? Chuchota le Premier Ministre, horrifié en regardant le cadavre de Vladimir.

    - Je… Je vais en prendre la responsabilité. Décida Gleb.

    - Monsieur… Monsieur, je peux… je peux toujours voir Ivan et aller à l’école… hein ? Gémit-il.

    - Oui, tu pourras… Ah ! L’ambulance arrive ! Dit-il en entendant les sirènes.

                Il fit signe à son premier Ministre de bouger la porte ce qu’il fit tant bien que mal. Les brancardiers purent alors venir se saisir du petit extra-terrestre avec un mélange de crainte et d’envie.

                Gleb les accompagna pour rentrer dans l’ambulance avec l’enfant. Il ne pouvait le laisser seul, livré à lui-même, ainsi.

     


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