• La loi de Nieztsche P1 : Chapitre 13

    Chapitre 13 : Président.

     

                Itzal serrait dans ses mains le petit hamster arc-en-ciel qu’Ivan et lui avaient décidé d’appeler « Patates », c’était mieux que « Frites » selon le père Ivanov. Plus sain. Même s’ils ne comptaient pas manger le petit animal !

                Le garçon vint sonner à la maison, attendant que son tuteur vienne ouvrir. Ivan-Père regardait vers la porte avec inquiétude. Il n’aimait pas que son fils reste tout près d’Itzal avec la menace qui pouvait peser sur sa tête. Il ne souhaitait aucun mal au petit extra-terrestre mais, justement, il ne craignait pas qu’il lui arrive quelque chose. Pas comme à son enfant.

    - Ivan, reviens dans la voiture. Lança-t-il d’un ton tendu.

                Son fils tourna la tête vers lui alors que des bruits se faisaient entendre à la porte.

    - À plus ! Lança Ivan dans la langue de son ami.

                Il le serra dans ses bras puis partit jusqu’à la voiture. Il eut à peine grimpé dedans que la maison s’ouvrit. Le père Ivanov s’assura que son fils était attaché avant de démarrer. Plutôt ça qu’affronter son ancien employeur. On pouvait bien le traiter de lâche, ça lui importait bien peu.

                Itzal agita la main vers la voiture alors que les petites griffes de Patates lui entamaient la paume. Venant d’un monde où la douleur était maîtresse, il n’eut aucune réaction pour lâcher l’animal et il rentra dans la maison avec l’animal. Il ouvrit la cage et glissa le hamster si voyant dedans.

    - Itzal ! Je n’aime pas que tu passes ton temps dehors ! Tu devrais rentrer directement après l’école. Personne n’a le droit de t’accaparer !! Personne n’a le droit de profiter de toi !

                Vladimir l’attrapa par l’épaule et le secoua. Itzal resserra la cage contre lui, ne voulant pas prendre le risque de la faire tomber avec son tout petit habitant. Il leva un regard vers son tuteur, les yeux injectés de son. La folie brûlait d’ailleurs ses iris.

    - Ivan et son papa m’ont offert un… hamster.

    - Tu avais besoin d’une de ses sales bêtes ?! Siffla l’homme.

    - Non…

    - Alors arrête tes stupidités ! Tu dois rester avec moi autant que tu le peux ! Tu as certainement des devoirs à faire !!

    - Non.

    - Non ?! Rugit-il.

    - C’est… c’est le… p… premier… jour et…

                Le petit tremblait, reculant lentement. Mais Vladimir l’attrapa par le bras et le secoua de nouveau. Itzal resserra d’autant plus ses bras sur la cage, marquant sa peau de strie.

                L’homme leva la main lorsqu’on sonna à la porte. Il grinça immédiatement des dents.

    - Si c’est Ivan, je l’étripe !

                Itzal glapit, les yeux grands ouverts. Pour lui, il s’agissait de l’acte pur et brut. Bien que connaissant Vladimir, il était parfaitement capable de vraiment essayer de tuer son ancien subordonné.

                Le tuteur vint ouvrir la porte. S’il grognait en le faisant, il se figea et prit une attitude bien plus humble en voyant l’homme à la porte. Ce n’était pas Ivan dont il aurait bien retiré les intestins du corps pour vérifier s’ils faisaient bien plus de dix mètres. Il s’agissait du Président Gleb Kirovitch Krylov en personne. Comme toujours, il était accompagné de deux gardes du corps.

    - Président Gleb Kirovitch.

    - Bonjour. Puis-je entrer ?

    - Bien sûr.

                Vladimir s’empressa de se bouger pour le laisser venir avec son escorte. Sa gorge était soudainement bien sèche. Le tuteur vint dans la pièce à son tour, tendu au possible.

    - Bonjour Itzal, je peux venir m’asseoir à côté de toi ?

    - Oui.

                L’homme s’assit dans le fauteuil. Le garçon s’assit à son côté, très intimidé. C’était un homme de grande taille, comme Vladimir. Mais ce dernier, à cause de sa canne, était bien plus voûté.

    - Je peux vous ramener du Sbiten(1), si vous le souhaiter.

    - Bien volontiers.

                Vladimir s’éclipsa dans sa cuisine.

                Gleb sourit à l’enfant.

    - Qu’as-tu là ?

    - C’est un « hamster ». Mon ami Ivan… me l’a acheté…

                Il avait toujours un peu de mal à parler russe. L’homme sourit et lui ébouriffa les cheveux alors que l’extra-terrestre lui montrait Patates qui rentrait dans sa petite maison.

    - Ah… un hamster arc-en-ciel ! C’est bien choisi !

                Itzal sourit en regardant son petit animal.

                Vladimir revint avec quatre pintes d’hydromel et un verre de limonade ainsi que quelques zakouski aux harengs marinés ou aux œufs de saumon. Le Président le remercia et se saisit d’un des hors-d’œuvre. Il en donna un autre à l’enfant qui en mangea un avec intérêt, peu habitué à ce genre de repas visiblement réservé à la présence de personne aussi exceptionnelle que le Président.

                Le tuteur prit place dans un des fauteuils et sourit.

    - Je suppose que vous êtes venu ici pour une raison.

    - Pas pour parler nautisme ou chiffon, en effet. Rit Gleb.

                Vladimir força un rire bien qu’il était particulièrement tendu.

    - Je suis venu vous voir au sujet des études de ce petit.

    - Il a absolument voulu aller à l’école publique de son ami.

    - Ce n’est pas un mal. Rassura le Président.

    - Ça avait l’air bien… avant… j’allais à l’école avec… Senka.

                Gleb opina doucement, lui offrant un sourire navré. Il ignorait qui était cette fameuse Senka. Sa sœur sans doute.

    - Alors qu’est-ce qu’il y a ? S’enquit Vladimir avec anxiété.

    - J’aimerais qu’ils suivent quelques cours qui pourraient lui être utile. Comme l’informatique par exemple. Nous ignorons si ça existe dans son monde. Il faudra qu’il fasse ça après l’école mais c’est le mieux pour lui.

    - Et si ça existait chez lui et qu’ils envoyaient des messages aliens à ses petits copains ?!

    - J’en prends le risque. Après tout, nous leur devrons bien ça. Nous avons pris de force un des leurs.

    - Bien… Président. Dit Vladimir.

                Il allait être encore plus éloigné de son pupille ! Il n’aimait pas ça. Il avait tellement besoin de lui.

    - Je reviendrais de temps en temps vous voir. Ce n’est pas tous les jours qu’on peut voir un alien. Rit-il en caressant les cheveux d’Itzal.

                Il prit un autre zakouski qu’il lui donna. Le jeune garçon le remercia et mordit de l’hors d’œuvre avec plaisir.

     

                Le soir venu, Vladimir était dans son fauteuil, regardant la télévision avec Itzal. Le petit y était plus forcé qu’autre chose. Durant une émission sur les tribus sédentaires, il préférait de loin jouer avec Patates. La nuit étant tombé, le hamster était plutôt actif et il essayait de l’apprivoiser avec des graines de tournesols.

                L’émission à venir devait parler des eunuques, ce qui n’était pas plus pour plaire à l’enfant qui ne savait même pas ce que le mot voulait dire. Il aurait pu mieux apprendre la langue en prenant garde à la télévision mais ça ne lui plaisait pas plus.

                Vladimir n’étant pas plus intéressé, il zappa pour mettre le journal. C’est alors qu’une photo de Ninel apparut dans l’écran. Itzal redressa la tête et sourit. Sur la photo, on voyait que des cheveux recommençaient à pousser sur le crâne dégarni.

    - Et voici maintenant l’affaire de la petite Ninel Dimitrinova Karkarov. Elle était atteinte d’un cancer et vouée à une mort certaine. Les médecins et sa famille étaient désespérés. Et, soudainement, elle a été guérie du cancer. Nous vous parlons bien de guérisons instantanée sans la moindre trace de maladie où que ce soit. Ses défenses immunitaires sont à nouveaux au plus haut ! C’est incroyable. Les médecins préfèrent tout de même attendre les dix ans de rémissions avant de la proclamée guérie. Pour les parents, il s’agit ni plus ni moins d’un miracle. Nous allons immédiatement interroger le médecin Jason Gustaviano, le célèbre médecin italien.

                La femme se mit alors à parler en sumérien pour s’adresser à l’homme.

                Alors qu’Itzal continuait de regarder la photo de Ninel, un large sourire aux lèvres, Vladimir se rendit dans une autre pièce. Il décrocha le téléphone et composa rapidement un numéro.

                Il plissa les yeux en attendant qu’on décroche. Mais lorsqu’on prit l’appel il n’eut pas pour autant une bonne surprise puisqu’il entendit de la guitare dans son oreille.

    - Nikolaï Aleksandrovitch… vous êtes un enfant.

    - Bonjour Vladimir ! Comment allez-vous ?

    - Bien, bien… j’ai la preuve indéniable que le petit que nous avons recueilli est la panacée que nous attendions tous. Si nous nous y prenons correctement, nous pouvons devenir très riches.

    - Pourquoi me contacter ? S’étonna Nikolaï.

    - Parce que si nous ne nous dépêchons pas, quelqu’un nous passera devant. Et nous n’allons pas laisser quelqu’un d’autre être milliardaire, n’est-ce pas ?

    - Bien vrai… Ricana Nikolaï.

     


     

    • Hydromel traditionnel russe.

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