• La loi de Nieztsche P1 : Chapitre 6

    Chapitre 6 : Mon fils.

     

                Aurea avait les poings serrés, ses ongles entrant dans sa peau. Un mince filament s’écoulait entre ses doigts et sa peau. Un liquide bien rouge. Elle tremblait, la rage déformait son visage. En face d’elle, il y avait Amator, la cigarette entre les lèvres. Lónan se tenait debout, à côté de lui.

    - Il serait temps que tu fasses quelque chose, non ?! Hurla Aurea.

    - Calme-toi, ma douce. Dit l’homme en venant la prendre dans ses bras.

    - « Calme-toi » ?! « CALME-TOI » ?! Il n’y a que moi qui ait perdu notre enfant ou quoi ?! Hurla-t-elle.

                Elle desserra les poings et fixa ses doigts imbibés de sang. Les ongles prouvaient qu’elle n’avait plus eu de manucure depuis une semaine et demie. Elle ne s’était plus permise d’en faire depuis qu’on lui avait arraché son fils.

                Elle s’éloigna vivement des deux hommes, passant à côté de Boule de suie qui dormait dans son panier, insouciant. Ça lui importait bien peu que Itzal soit là ou pas. Ça serrait le cœur d’Aurea bien qu’elle sache que ce n’était pas le genre d’un animal comme l’ornithorynque de s’attacher à sa famille.

    - Ne peut-on rien faire ?! Il y a toujours cet immonde noiva ! Mon fils est dedans ! Où est cette armée dont nous avons parlé, Lónan !

    - Ils ont peur ! J’ai bien essayé de lever des hommes pour le combat. Cette chose… nous n’en connaissons rien. C’est une idée bien saugrenue de penser que qui que ce soit ira se battre contre ses créatures.

    - Si nous étions dans une dictature, tu aurais au moins pu les obliger à se bouger les fesses !

    - Tu deviens folle. Soupira Amator.

                Il vint prendre sa femme par les épaules et il la fit se rasseoir à la table. La femme baissa la tête, le corps encore secoué de hargne et de peur.

                Peut-être que son fils était mort. Peut-être qu’elle ne pourrait plus jamais le serrer dans ses bras. Elle enfoui sa tête dans ses mains, les larmes roulant sur ses joues.

                Il y eut des petits bruits dans les escaliers. Senka apparut, serrant dans ses mains la peluche ornithorynque.

    - Maman, papa… il y a beaucoup de bruit…

    - Pardon ma chérie… je m’énervais un peu. Je… vais venir te recoucher. Vas-y ma belle.

                La petite opina faiblement et elle repartit. Elle avait le regard baissé. Elle rentra dans sa chambre, avec quelques animaux fantasques qui ressemblaient à des licornes, des phœnix ou autre merveilles.

                Elle serra ses petits bras autour de sa peluche et se roula en boule. Les larmes coulèrent sur ses joues, à elle aussi.

    - Itzal me manque… Chuchota-t-elle à la peluche.

                Comme s’il pouvait seulement lui répondre. Elle pressa ses lèvres sur le front de l’animal inanimé. Faisant cela, elle avait un peu l’impression d’embrasser son frère. C’était comme s’il pouvait être avec elle à nouveau.

     

                Aurea regardait par la fenêtre. Elle voyait des volutes jaunes sur le sol. De la poussière se soulevait avec cette pluie diluvienne qui tombait. Encore. Il n’y avait bien que cela pour l’empêcher d’aller sauver son enfant.

                Elle s’éloigna de la vitre et elle s’empara de bottes de métal qu’elle enfila. Elle récupéra son manteau et le mit autour d’elle puis elle alla dans sa chambre où elle se saisit du revolver de son mari. Même s’ils ne l’utilisaient jamais, il avait toujours été là.

                Elle savait que ce serait une maigre arme. Elle ignorait si elle pourrait aller bien loin avec ça, mais elle devait essayer.

                La femme redescendit dans le salon et elle se remit devant la fenêtre. Restait seulement à attendre.

     

                Trois heures.

                Il avait fallut trois heures entières pour qu’il cesse de pleuvoir.

                Elle ouvrit la porte et sortit, tenant l’arme dans sa main. Si fort que le gris agréable de sa peau devenait presque blanc.

                Elle sortit dans l’allée, bordée de plantes vénéneuses et de champignons qui proliféraient allégrement, même sous les pluies d’acides. Boule de suie la suivit en trottinant, faisant attention à où il mettait ses pattes.

    - Aurea ! Cria Amator.

                Il courut à la suite de sa femme, marchant dans une flaque d’acide. Les gouttes s’envolèrent et lui aspergèrent les mains et le bas du corps. Il retint une supplique de douleur et il attrapa Aurea par le poignet. Il sentait la brûlure ronger sa peau, mais il resserra ses doigts sur elle.

    - Où vas-tu comme ça ?!

    - Je vais chercher notre fils ! Tu ne veux pas ?!

    - Si ma chérie mais…

    - Lónan ! Cria Aurea, les yeux grands ouverts.

                Elle venait de voir des morceaux de la peau de la main d’Amator se liquéfié. L’homme sortit, méfiant. Il ne tenait pas à se faire asperger par les flaques d’eau. Mais lorsqu’il vit le pantalon de son ami fondre, il s’empressa de les rejoindre.

    - Emmène-le à l’hôpital, s’il te plaît. Et va chercher Maurus pour s’occuper de Senka après.

    - Oui, oui.

                Le maire se sentait diminué devant son amie qui agissait comme une chef. Il prit Amator par le bras et l’entraîna vers sa voiture. Au moins, il ne risquerait pas de se faire mal dans l’une ou l’autre flaque d’eau.

                Aurea ferma à clé, voulant être sûre que personne ne pourrait faire mal à sa fille, puis elle partit vers le fameux noiva.

                Elle ne pouvait attendre une seconde de plus. C’était peut-être chacune qui lui serait on ne peut plus nécessaire.

     

                Elle eut besoin d’une demi-heure pour arriver devant le noiva. Elle avait les yeux injectés de sang, les poings serrés. Elle s’avança vers le sas, soulevant son revolver. Elle espérait seulement qu’il serait suffisant. Elle se voyait mal frapper à la porte et espérer qu’on lui ouvrait.

                Personne ne ferait ça.

                Personne de saine. D’un autre côté, elle doutait que ces personnes puissent être saines après lui avoir pris son enfant !

                Elle tira une balle.

                Un bruit sourd se souleva. Elle ouvrit des yeux surpris alors que la balle rebondissait sur le métal et tombait au sol dans la poussière mouillée où elle fondit. Le vaisseau se souleva dans le ciel et, sous le regard surpris d’Aurea, disparu dans le ciel.

     

                Lónan sonna à la porte de chez Maurus. Il fronça les sourcils en ne recevant aucune réponse de sa part, lui qui venait toujours si rapidement ouvrir. Surtout après les temps de pluies.

                Son métier le poussait à vouloir le bien d’autrui.

    - Maurus, je rentre ! Cria Lónan.

                Il ouvrit alors la porte et entra dans la demeure.


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