• Le secret de Monsieur Olivers

    Le secret de Monsieur Olivers.

    Monsieur Ethan Olivers quitta sa maison, la laissant dans un désordre insoutenable. Ce n’était pas qu’il était sale, irrespectueux ou désordonné. C’était seulement qu’il travaillait très tard puis ne rangeait pas, car fatigué. Il était aussi assez tête-en-l’air, ce qui faisait qu’il oubliait des choses ci et là.
    Il se rendit au travail. Il était un publicitaire assez peu connu. Son agence était célèbre mais, justement, c’était leur nom qui primait. On en avait que faire que ce soit un homme de trente ans comme lui, une femme expérimenté de cinquante ans comme Amanda Jess sa collègue ou encore de leur jeune stagiaire Bertrand.
    Rien n’avait de sens. Juste l’argent que chacune de leur idée ramenait.
    Comme pour sa maison, le bureau d’Ethan Olivers était on ne peut plus en désordre. C’était difficile de retrouver ses affaires là-dedans. Toutefois, il réussit toujours à faire son travail. Ça ne l’aidait pas à se dire qu’il devait rester concentrer et faire un peu de ménage.
    Ça et autre chose.

    Lorsqu’il rentra chez lui, les clés en main, il put voir sa maison rangé de fond en comble. La première fois que c’était arrivé, voilà trois ans, il avait été surpris. Maintenant, c’était devenu habituel. C’était bien ça qui faisait qu’il avait du mal à intégrer la commande « ranger » dans son cerveau. Sa mère l’avait fait pour elle pendant vingt ans, sa compagne pendant cinq ans avant de rompre avec lui car elle n’en pouvait plus de lui et, après deux ans dans sa crasse, ceci avait commencé.
    Bien sûr, il n’allait pas s’en plaindre. Personne ne se plaindrait de voir sa maison impeccablement rangée alors qu’il ne faisait rien. C’était un don qu’il respectait. D’ailleurs, il arrivait qu’il laisse quelques morceaux de viandes, ayant remarqué que la fée du logis adorait cela. Ils disparaissaient toujours et, il avait vérifié, il n’était pas rangé.
    Ethan alla jusqu’à la cage de son furet, une petite créature couleur champagne. C'est-à-dire qu’il avait le pelage crème avec la queue, les pattes et quelques zones du visage, brun clair. Il avait des petits yeux noirs. D’aucun auraient dit « perfide », lui, il avait envie de dire qu’ils étaient très doux.
    L’homme ouvrit la porte et il en sortit la boule de poil qu’il posa au sol.
    - Allez… va t’amuser et ne mange pas les fils.
    Le mustélidé trottina à la recherche d’un jeu quelconque. Il trouva une intéressante boule de vêtement roulé. Il la renifla, s’assurant qu’elle n’était pas trop incommodante, puis joua avec. Il la poussait du museau ou la faisait rouler puis la traînait derrière lui un peu partout.
    - Ne fais pas trop de bêtise, Tamirus.
    Il sourit au furet qui venait de se jeter sur le sol pour jouer avec les vêtements. Ethan alla alors dans sa salle de bain pour se laver.

    Le lendemain, lorsqu’il partit au travail, la maison était de nouveau en désordre. Sa chemise était sur le sol et pas sur le cintre. Il y avait des détritus un petit peu partout, il avait oublié de ranger son repas d’hier. De ce fait, l’assiette et les couverts étaient sur la table basse. Il restait une tasse dans la cuisine et, bien sûr, il y avait de la poussière partout.
    Alors que la porte claquait, Tamirus observait tout cela de son œil noir critique. Au moins, il y avait déjà eu pire que cela. C’était une bonne chose pour lui. Il se souvenait d’un jour où une pile de livre s’était renversée, lui faisant très peur, et que son maître l’avait laissée comme ça.
    Ô, le petit furet le comprenait. Même lorsqu’on n’était très ordonné, on était fortement tenté de laisser tout en bazar quand une fée mystique venait tout nettoyer chez soi.
    Ethan Olivers, de son côté, savait qu’il ne devait pas parler de cette étrangeté à tout le monde. Peut-être qu’il ferait fuir la fée s’il le faisait. Ou qu’on voudrait avoir son appartement. Forcément, c’était cet endroit qui devait être béni, non sa personne. Bien que, si ça devait être sa personne, on l’inviterait de partout.
    Ce n’était pas mieux à son sens.
    Tamirus s’assura qu’il ne voyait pas les clés de son maître. Sûr qu’il ne reviendrait pas inopinément, il sauta sur le sol de sa cage. Il vint jusqu’à un barreau branlant. Il le prit entre ses crocs puis força. La barre bougea. Il se glissa dans l’interstice, habile. Le petit furet fit glisser sa queue avec soin, se l’étant déjà abîmée quelques fois dans cette opération.
    Il sautilla jusqu’à la chemise tombée du cintre. Il la glissa entre ses crocs et la traîna derrière lui jusqu’au cintre. Il s’accrocha de ses griffes à l’armoire puis installa le vêtement sur le cintre. Il reboutonna le dernier bouton puis se laissa glisser sur le sol.
    Il courut jusqu’à la table basse. Il se saisit des couverts entre ses mâchoires puis fila dans la cuisine. Il grimpa sur les plans de travail et jeta fourchette et couteau dans l’évier. Il se saisit du bouchon et se glissa pour l’enfoncer dans l’orifice de vidange. Il vint chercher la tasse qu’il poussa avec soin dans le bac puis il fila chercher l’assiette.
    Alors qu’il se glissait sur le robinet d’eau chaude pour la faire couler dans l’évier, il s’agaçait. Que les Humains étaient bordéliques. Il devait toujours repasser derrière son maître. Qui aurait cru, lorsqu’il avait été adopté il y avait trois ans, qu’il ferait le ménage tous les jours.
    Mais il faisait ça pour lui faire plaisir. Après tout, c’était normal ! Ethan Oliviers était, à son sens, un super furet ! Il récupérait de la nourriture dans des endroits où il n’aurait jamais pu les chasser. Il prenait des aliments dans d’étranges petits emballages et il les faisait même chauffer ! N’était-ce pas exceptionnel ? En plus, il s’occupait très souvent de lui. Il lui faisait des câlins, lui donnait de l’amour et lui offrait plein de jouet.
    Il lui laissait même, comme aujourd’hui, un morceau de poulet.
    D’ailleurs, il ferma l’eau chaude et poussa la bouteille de savon pour vaisselle. Tamirus sauta dessus, envoyant une giclée blanche dans l’eau. Avec difficulté, il redressa la bouteille puis alla chercher son repas. Il mâcha avec soin le poulet puis mena l’assiette dans le bac d’eau qui avait suffisamment refroidi.
    Il fit alors ce qu’il aimait le moins ! Il se glissa dans l’eau, tiède, attrapa une de ses étranges éponges et frotta énergiquement contre la vaisselle salie. Propre, il la tirait de l’eau et la posait sur un essuie posé à cet effet. Lorsqu’il eut tout lavé, il arracha le bouchon qu’il remit à sa place. Il posa également l’éponge avant de cracher un peu d’eau. Décidemment, il n’aimait pas faire la vaisselle !
    Il n’aimait pas plus devoir la ranger mais il s’y résous. Seulement, alors, il se roula dans l’essuie pour s’essuyer de fond en comble. Essuie qui, une fois imbibé d’eau et de poil de furet, fut mené dans la salle de bain. Il en profita alors pour faire tourner une machine. Il remercia son maître d’utiliser d’étranges petits sachets pleines de produits bizarre, plutôt que de la poudre.
    Combien de temps aurait-il vécu sinon ?
    Il jeta le sachet avec les vêtements puis ferma le hublot. Il appuya sur les boutons puis regarda un instant le mouvement étrange de la fabrique bougeant dans le tambour. C’était tellement captivant !
    Il profita encore avant de s’encourir dans le salon. Il grimpa sur la plus haute armoire puis il frotta sa queue de droite à gauche. Il faisait ainsi les poussières. Il avait l’habitude maintenant de cela. Ça ne faisait pas mal. Il faudrait juste qu’il pense à correctement essuyer sa queue dans une quelconque fabrique pour qu’elle soit propre.

    Le soir venu, le bruit de la clé tournant dans la serrure fit se lever les oreilles de Tamirus. Il s’empressa alors de retourner dans sa cage. Il attrapa le barreau défectueux dans sa gueule et le tira jusqu’à le refermer correctement. Il jeta un dernier coup d’œil à la maison avant d’avoir un air fier.
    La porte s’ouvrit alors sur Ethan Oliviers, fatigué.
    Sous l’œil désapprobateur de son animal, il envoya voler ses chaussures. Qu’il était éreinté.
    Il vint jusqu’à la cage de son animal de compagnie.
    - Allez… va t’amuser et ne mange pas les fils. Dit-il en ouvrant la porte.
    Tamirus se glissa à l’extérieur. Il fit une léchouille sur la main de son maître puis se glissa au bas des barreaux. Il allait pouvoir s’amuser !


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