• Vindicte : Chapitre 9 : Doggy ASBL

    9

    Doggy asbl


    Au soir, Hunter était installé dans sa chambre. Il pianotait sur son ordinateur jusqu'à retourner sur le site de Doggy. asbl. Il passait d'une page à l'autre, cherchant manuellement ce qu'il aurait pu trouver en quelques secondes. Il avait besoin de se vider l'esprit.

    Il craignait les sentiments qu'il avait à l'égard de son Dieu. Il avait tant envie de s'éblouir jusqu'à ce qu'il vienne. Mais il savait qu'il n'avait pas le droit de tricher.

    Hunter fit glisser ses doigts sur le pavé tactile à la recherche de quelconque transaction. Un loup aussi beau que le sien ne pouvait pas avoir été juste donné. Il n'avait aucune idée de sa lignée, de son pedigree ou de quoi que ce soit mais il savait qu'il devait coûter cher.

    Sur le site en lui-même, il n'en trouva rien.

    Ça ne l'étonnait pas vraiment. Qui aurait mis ça à la vue de tout le monde ?

    Il soupira et navigua un peu sur les pages, cherchant le meilleur point pour en infiltrer la base de donnée elle-même. De là, pouvoir convergé vers tous les ordinateurs qui y étaient reliés où y avaient été raccordés même quelques minutes était bien plus évident.

    C'est ainsi qu'il arriva sur l'espace réservée aux vidéos. Le meilleur endroit pour pénétrer un système.

    Il voulut infiltrer la base mais un doute l'attrapa tout à coup. Il regarda un peu plus attentivement. Les vidéos étaient classées par race. Il n'eut aucun mal à trouver « loup ». Il n'y avait qu'un seul animal pour cette dénomination. Il n'y avait que trois vidéos. Il cliqua sur la première, les lèvres serrées.

    Sous ses yeux s'enclencha une vidéo de son loup, aculé dans un coin de la zone de combat de fortune. Face à Clairsemé, il y avait un american staff aboyant, grognant. Hunter ne doutait pas qu'on l'avait affamé. Ainsi, il ne pouvait plus que voir son « adversaire » comme de la viande sur patte.

    Les deux canidés se faisaient face, le chien plus violent. Il tâchait de donner des coups de dents alors que les voyeurs hurlaient de plaisir. De temps en temps on jetait des papiers verts sur eux. De l'argent. L'american staff grogna encore et donna un coup de dent que le loup réussi à éviter en couinant. Il se coinçait d'autant plus, se serrait contre l'enchevêtrement de sac. Le molosse aboya. Il fut poussé par un homme avec un long bâton.

    La bave écuma aux lèvres du chien qui se jeta alors sur son « adversaire ». D'un mouvement bien placé, il parvint à mordre une patte du loup, faisant gicler du sang sur le sol et les sacs de nourriture.

    - Clairsemé ! S'écria Hunter, mortifié.

    Il entendit des coups frapper à la porte. Il sursauta, ferma l'ordinateur puis se redressa.

    - O… Oui ?

    - Ça va ? Je t'ai entendu crier. Souffla Camile en rentrant dans la chambre.

    - Oui… je regardais un film. Mentit Hunter.

    Il se sentait mal. Le mensonge était devenu omniprésent depuis qu'on lui avait kidnappé son loup. Il voulait retrouver Clairsemé, le mettre en sécurité, aider Dieu, le garder à ses côtés et, enfin, redevenir le gentil petit garçon que sa « mère » aimait tant.

    - D'accord… j'avais peur que… tu te sois blessé…

    - J'aurais pas crié. Rit le malade.

    - C'est vrai. Remarqua son parent, un rire nerveux émanant de ses lèvres.

    Hunter lui fit un grand sourire pour le détendre. Il ne voulait pas que l'homme soit si chagriné.

    - Essaie de ne pas trop veillé, d'accord ?

    - Oui maman, promis.

    Camile sourit et vint lui poser un baiser sur le front.

    - Je t'aime. Souffla-t-il en lui caressant les cheveux.

    - Moi aussi 'man. Passe une bonne nuit.

    - Hm. Répondit-il avant de sortir.

    Hunter força un sourire. Il attendit que la porte ne se ferme pour rouvrir l'ordinateur.

    Il fallait absolument qu'il venge son loup. Ces hommes avaient fait souffrir Clairsemé ! Il aurait dû rouvrir la vidéo et correctement la visionnée pour savoir à quel point il devrait leur faire payer. Mais il n'était pas capable de voir encore une fois Clairsemé souffrir. Ils l'avaient blessé. Cet animal si doux et aimant.

    Il coupa son ordinateur, le cœur serrer. Il le posa à sa place habituelle, prit Fraisy dans ses bras puis se glissa sous les couvertures. Toujours agréablement chaude en hiver, agréablement fraiche en été. Il ferma les yeux, essayant de dormir.

    Il ne doutait pas qu'il ferait des cauchemars. Doublés du fait qu'il verrait aussi les horreurs faites à son loup.

    µµµ

    Le lundi venu, Hunter préparait son sac pour l'école, les lèvres serrées. Il savait qu'il ne devait pas faire ce qu'il s'apprêtait à faire. Pourtant, il l'avait bel et bien prévu.

    L'occasion s'était présentée grâce à une vérification de dernière minute dans son journal de classe : il avait un professeur absent. C'était prévu depuis plus d'un mois, formation pédagogique. Par chance, ce professeur était le premier qu'il avait, il pouvait commencer l'école une heure plus tard.

    Il en profitait alors pour tout mettre en œuvre afin de commettre un méfait. Un autre. Encore quelque chose qui le ferait profondément souffrir. Une abomination qu'il n'aurait pas dû commettre. Mais il avait la conviction que c'était pour le bien de Clairsemé, pour le bien d'animaux qui avaient été profondément blessé par l'humain.

    C'était mal… mais il espérait que Dieu le soulagerait.

    Hunter ne doutait pas qu'il arriverait en retard à l'école. Ça lui faisait du mal. Non pas parce qu'il avait sincèrement envie de suivre les cours mais parce qu'il savait que Camile lui en voudrait.

    Il s'assura que tout était bien dans son sac, y compris quelques armes prélevée sur le Tessen. Il regagna ensuite la cuisine pour petit-déjeuner avec son parent. Il attendit que l'homme ait le dos tourné pour glisser une boîte d'allumette dans son sac. Il vint lui faire la bise et quitta l'appartement. Il espéra, une fois encore, qu'il ne se ferait pas détester par Camile. Il était une personne tellement importante pour lui.

    Hunter marcha le long des rues, jetant de fréquents regards vers la fenêtre de leur appartement pour être sûr que sa « mère » ne surveillait pas.

    Il se rendit vers l'entrepôt désaffecté, le cœur lourd. Sur son chemin, il récupérait fréquemment des fonds de bouteilles d'alcool, voire même des bouteilles ou cannettes entières. S'il pouvait, il récupérait aussi du papier, des journaux, des livres abandonnés, des publicités. Il rassemblait ainsi une multitude de chose qui, légère de base, se voyait devenir lourdes.

    Finalement, il arriva au lieu sordide qu'était « ». Il déposa son fardeau derrière des poubelles puis entra dans l'entrepôt. Il eut un sourire en voyant qu'il y avait bien des badauds. Ce n'était certainement pas ceux qui s'étaient repais du spectacle de la souffrance de son loup. Par contre, c'était des personnes qui auraient pu le faire.

    Puisqu'il ne pouvait traquer chacun des êtres qui avaient fait du mal à Clairsemé, il devait se contenter d'eux. Pourtant, il aurait tant voulu les faire souffrir.

    Hunter passa à côté des nigauds qui pariaient devant un combat chihuahua-husky. Ça ne l'étonnait pas que le premier soit en train de gagner.

    Le petit malade se rendit jusqu'à la salle où les chiens étaient maintenus captifs. Personne ne le regardait, tous salivaient devant ce sang qui giclaient, en aspergeant certain d'entre eux. C'était surtout ça qui les excitaient d'ailleurs.

    Hunter remarqua que les cages étaient toutes fermées… mais un coup d'œil avisé lui indiquait qu'elles s'ouvraient grâce à un dispositif électronique. Il sourit et chercha après l'ordinateur qui y était relié.

    Il ne tarda à trouver ce magnifique saint Graal. Il marcha vers lui d'un air détendu. Arrivé à l'engin, il l'alluma. Il fallait un mot de passe. Heureusement, pour lui, c'était plutôt évident de s'en défaire.

    Ses doigts se mirent à bouger sur le clavier comme s'il jouait du piano. Quelques secondes après, il ouvrait la session puis déverrouillait toutes les cages. Il pressa sur un ultime bouton pour les ouvrir en grand.

    Voyant certains chiens se terrer contre les barreaux, il vint vers eux. Il les poussa à sortir de leur prison. Certains claquèrent des dents en sa direction. Hunter n'était pas freiné par la douleur, ainsi, il continuait de les extraire de cet enfer. Mais il ne devrait pas oublier de vérifier qu'il n'avait pas été blessé. Surtout qu'avec ces bêtes-là, les infections risquaient d'être nombreuses.

    Lorsqu'il eut fait sortir tous les canidés de leur cage, il sortit de l'entrepôt. Il bloqua chacune des portes avec de lourd battant de bois. Alors qu'il posait le dernier, il remarqua que ses mains tremblaient. Il était en train d'avoir peur… Malheureusement pour sa conscience et ses nerfs, il devait venger son loup.

    Même s'il se dégoûtait horriblement.

    Essayant vainement de contrôler ses tremblements, il enfila ses gants en cuir. Les mêmes que la dernière fois. Il jeta des boules de papiers à certains endroit de la bâtisse et de l'alcool à d'autre. Agissant de la sorte, il espérait qu'il y aurait un accélérateur de feu à chaque recoin de l'entrepôt. Il sortit alors la boîte d'allumette. Il les craqua, une à une, les jetant aux hasards. Il avait peu de chance de ne pas toucher un foyer de combustion.

    Hunter regarda un des brasiers commencer à grimper, léchant l'immeuble. Il s'éloigna de quelques pas et observa l'entrepôt se faire recouvrir par les flammes. Il croisa les bras. La jubilation prenait le pas sur sa peur. Il ne pouvait s'empêcher d'aimer voir les flammèches embraser toute cette vermine.

    De plus, ne disait-on pas que Dieu absoudrait nos pêchers si l'on se faisait purifier par le feu ? En ce cas, lui qui était si aveugler par tout ce qu'était son ingénu, ne faisait-il pas ce qu'il fallait ? N'était-ce pas la raison pour laquelle, l'innocent le réconfortait pour chacun de ses méfaits ?

    Du moins, il essayait de s'en convaincre. Espérant que son âme ne soit pas damnée pour qu'il puisse le rejoindre un jour au ciel.

    Des bruits de coups s'élevèrent contre la taule. Des cris pourfendirent l'air.

    C'est alors que Hunter se mit à penser à ces gens qu'il tuait. Peut-être qu'ils avaient une famille qui, comme sa « mère » pour son père, les déplorait. Peut-être qu'ils avaient été entraîné ici sans vraiment le désirer. Peut-être qu'ils ne se rendaient même pas compte qu'ils faisaient du mal. Il sentit les remords grimper dans son corps. Il se disait que c'était pour son loup, toutefois, ça ne marchait plus vraiment. Pas sur ce coup-ci. Parce que, peut-être, il y avait vraiment des innocents.

    Les sirènes des pompiers le firent réagir. Il longea un mur et contourna une masse de bâtisse avant de marcher vers l'école, laissant derrière lui les cris, la sirène des pompiers et la chaleur plus qu'étouffante.

    Il mit quand même plus de vingt minutes à arriver à l'école, en nage, le souffle saccadé. Il ne lança qu'un regard par-dessus son épaule pour voir qu'il était déjà neuf heures trente. Dix minutes de retard.[1]

    Il entra dans la bâtiment et se présenta au secrétariat. Inutile d'essayer de frauder en allant directement en cours : dix minutes c'était bien trop.

    Il s'approcha de la femme qui le fixait de son regard inquisiteur. Un adolescent comme lui qui avait déjà séché plusieurs fois les cours était certainement sur une liste rouge. Surtout que lui, plus particulièrement, était assez bien connu de l'école. Déjà par ses cheveux bien roux, sa petite taille, son aspect juvénile qui lui avait déjà joué des tours et, bien sûr, à cause de sa maladie.

    - En retard de dix minutes…

    - Je sais. Dit Hunter en donnant son journal de classe.

    - Une excuse ?

    Il secoua la tête, les lèvres pincées.

    - Vous avez déjà prévenu Ma… papa ?

    La femme ne répondit pas et parapha rapidement le journal de classe. Elle le rendit à l'élève puis annota quelque chose dans un grand carnet qui lui était réservé. Hunter serra les lèvres avant d'aller en cours. Il avait déjà perdu assez de temps.

    µµµ

    Après l'entraînement de piscine, Hunter se rhabilla aussi vite qu'il le pouvait. Il avait été très absent, ce qui avait attiré l'attention de son entraîneur. Il n'avait pas envie de s'expliquer. Déjà qu'il était sûr qu'il devrait en découdre avec Camile.

    Lorsque les autres adolescents préféraient fuir le gourou de leurs parents, il savait qu'il fallait mieux que l'adulte ait le moins de temps possible pour renâcler sa colère. C'était la raison pour laquelle il voulait rentrer si vite.

    C'est au pas de course qu'il regagna l'immeuble, puis l'appartement. Il était de nouveau rouge et haletant mais pour d'autres raisons à présent. Il inspira de l'air comme si c'était la dernièrement qu'il respirait.

    Il ouvrit bravement la porte d' l'appartement.

    Une main se fracassa contre le battant. Il put voir un sourire froid. Celui de sa « mère ».

    L'adolescent ne prit même pas la peine de trouver une excuse quelconque. À quoi bon ? Pour quoi faire ? Il préférait être puni à vie et supporter moins longtemps le ressentiment de son parent. Mieux, il n'augmenterait pas son sentiment de dégoût en continuant encore et encore de mentir.

    - Je suis allé à l'école après ! Jura Hunter. Je commençais plus tard et j'ai pas vu le temps passé…

    - Je me disais que je pouvais à nouveau te faire confiance, moi !

    - Je sais mais…

    - C'est de ma faute. Parvint une voix.

    Hunter se figea. C'était la voix de Dieu. Il se tourna et fixa l'apparition si splendide qui se tenait là, toujours nu pied, toujours short, trop court mais innocent sur ses jambes graciles, et t-shirt sali, toujours bandage à la cheville et à la cuisse.

    Le malade déglutit difficilement et regarda d'abord l'ingénu puis Camile. Camile qui le regardait toujours.

    Ainsi, depuis tout ce temps, ses doutes étaient fondés. Dieu n'était jamais que le fruit de son imagination. Il était apparu la première fois le jour où il avait décidé qu'il deviendrait un meurtrier. À l'époque, il ignorait si cet instant fatidique arriverait dans quelques secondes ou jours, ou encore années.

    L'ingénu était en tout point ce qu'il trouvait beau, merveilleux. Que pouvait-il être d'autre qu'une apparition sortie de ses fantasmes les plus fous ?

    - Hunter m'a rencontré et… il voulait m'aider… je lui ai pris trop de son temps. Il a vu que l'école allait commencer et il est parti. Il était triste parce qu'il avait peur de vous décevoir.

    L'adolescent regarda l'ingénu. C'était exactement ça bien que, cette fois-ci, les actes n'étaient pas fait pour lui. Il ne l'avait même pas aidé aujourd'hui puisqu'il n'avait pas été au travail. Il voulait revenir au plus tôt par crainte de l'homme mais aussi pour le rassurer.

    - Trois fois ?

    Hunter sursauta. C'était la voix de son parent.

    - Oui. Répondit Dieu.

    - Je vois… tu aurais pu me le dire, Hunter. Souffla l'adulte.

    Il fixa son fils puis l'ingénu. Son regard s'attarda d'ailleurs sur ce dernier.

    - Tu es maigre…

    - Je vis dans la rue. Chuchota-t-il, la tête baisée.

    - Rentre… je vais te préparer quelque chose à manger.

    - Merci ! Sourit l'ingénu.

    Il sautilla à la suite du maître de maison qui l'emmena dans la cuisine en souriant. Hunter, perdu, rentra dans l'appartement à son tour. Il ferma derrière lui alors qu'il entendait des bruits de discussion entre sa « mère » et celui qui faisait battre si violemment son cœur.

    Il n'arrivait pas à croire que Dieu puisse vraiment être visible par autrui. Il s'était convaincu qu'il voulait que les autres le voient tout en le gardant jalousement.

    Il ignorait toujours ce qu'était l'innocent. Mais une chose était sûre : Il l'avait tiré d'un bien mauvais pas.

    µµµ

    Le repas venait de se terminer. L'assiette de Dieu avait été raclée de fond en comble, déjà qu'il s'était resservi deux fois. Il s'était régalé de ce plat. Il n'avait cessé de complimenter l'homme qui souriait gentiment.

    Hunter était content de mettre trois assiettes dans le bac de l'évier. Pour une fois, les trois plats avaient servis à trois convives. Ça faisait trop longtemps que quelque chose d'aussi admirable n'était pas arrivé.

    - Merci beaucoup… je vais rentrer.

    - Tu es sûr que tu veux partir par ce froid ?

    Dieu vint faire un câlin à Camile, un large sourire aux lèvres.

    - Oui, je ne risque rien. Mais merci de vous en soucier.

    - Repasse dès que tu le souhaites. Chuchota l'homme, tout de même inquiet.

    - Merci, vous êtes trop gentil !

    L'ingénu lui posa un baiser sur la joue. Il vint embrasser le coin des lèvres de Hunter puis il partit vers la porte. L'adolescent le regarda partir, un léger sourire aux lèvres. Son cœur tambourinait dans sa poitrine.

    Une main tendre se posa sur son épaule, manquant de le faire sursauter.

    - Je suis content d'avoir enfin une raison. Et que tu t'occupes de quelqu'un aussi adorable.

    Hunter sourit de toutes ses dents. Lui aussi pensait que Dieu était particulièrement adorable. Il le rendait heureux en un claquement de doigt et il avait ce sourire si magnifique.

    - Mais… Continua Camile. Tu es privé d'ordinateur. Pour au moins deux semaines.

    - Mais maman… Essaya l'adolescent.

    - Tu veux que j'augmente ? Questionna l'homme d'un ton « trop » doucereux.

    - Non… je comprends ma punition. Excuse-moi…

    Il eut un sourire faible avant d'aller dans sa chambre. Il récupéra son ordinateur qu'il vint apporter à son parent. Celui-ci le remercia en collant un baiser sur sa joue. Hunter alla prendre sa douche, essayant de faire en sorte à ce qu'elle ne soit pas trop chaude en surveillant la petite barre sur l'arrivée d'eau.

    µµµ

    Le lendemain, Hunter était au travail, rangeant ce qu'il pouvait. Il avait très vite pris un mode de fonctionnement et il travaillait efficacement. Ce pourquoi ça n'avait pas été gênant qu'il ne puisse pas venir hier.

    La seule chose qui l'agaçait vraiment, c'était cette sale habitude qu'avait l'homme : celle de venir poser le journal du jour ici dans ce bureau. Il aurait pu le déposer n'importe où mais non.

    Pourtant, aujourd'hui, il y trouvait un certain intérêt. Il y avait un gros titre qui captait son attention : celui sur un incendie.

    Il tendit la main et s'en saisit, voulant le lire avec attention.

    « Hier, les pompiers ont été prévenus par des habitants des quartiers pauvres. Un entrepôt désaffecté était en flammes.

    Heureusement, l'intervention des services du feu ont été rapide et efficaces. Le foyer n'a pas pris plus d'ampleur.

    Malheureusement, cinquante-neuf personnes étaient bloquées dans l'entrepôt, on ignore encore comment.

    Il y a, à ce jour, un mort à déploré et dix blessés graves. Les autres s'en sortent avec quelques contusions, blessures et une sacré peur.

    Julie Holmes »

    Hunter se sentit à la fois rassuré, de savoir qu'il n'avait pas fait tant de mort, et dépité. Ils avaient réussi à survivre. Ils avaient pourtant fait tant de mal à Clairsemé… et ils s'en sortaient indemne.

    Ou presque.

    µµµ

    Le lendemain, le petit malade s'était glissé dans ses draps. Il avait passé la nuit d'avant avec Camile, comme bien souvent. Trop souvent. Il fixait le plafond, torturé par les cauchemars qu'il ferait sans doute bientôt.

    Il n'osait pas fermer les yeux. Même dans les bras de sa « mère » ses mauvais rêves ressurgissaient inlassablement. Il ne trouvait pas la paix.

    Depuis l'incendie, malgré ce qu'il en pensait, il était encore plus torturé qu'avant. Il n'osait même pas fermer les paupières tant ça l'effrayait.

    Il sursauta lorsqu'une ombre apparut dans son champ de vision. Mais la quiétude le gagna lorsqu'il vit Dieu. Celui-ci s'assit sur le bord du lit, un léger sourire se dessinant sur ses lèvres.

    - Bonjour…

    - Bonjour… je suis content que tu sois là. Chuchota Hunter en lui prenant la main.

    - Tu souhaites que je vienne plus souvent ?

    - Oui… aussi souvent que tu le peux… quand maman n'a pas besoin de moi… tu veux bien ? Murmura le malade.

    - Bien sûr que je veux bien. Dit-il en s'allongeant à son côté, par-dessus les couvertures.

    Dieu posa un baiser sur sa joue, souriant doucement.

    - Dis… je sais que… que tu as été adopté par Camile…

    Hunter opina faiblement.

    - Tu tiens de ta « maman » en fait. Rit l'ingénu.

    L'adolescent le fixa, buvant ses paroles, se rassasiant à la vision féérique de ses lèvres qui bougeaient.

    - J'trouve pas. Maman est mieux.

    - Comment tu t'es retrouvé ici ? Demanda Dieu en appuyant sa tête sur son épaule.

    - Mon père, celui qui a contribué à me mettre au monde… est de ces hommes qui aiment les enfants. Il m'a eu par accident… un soir alcoolisé avec la femme qui l'aidait à faire bonne figure. On dit que… qu'un pédophile ne touche jamais ses enfants… ou dans un ou deux rares pourcent…

    Hunter eut un rire nerveux. L'ingénu se resserra tendrement contre lui. Il posa un tendre baiser sur sa joue puis serra sa main dans la sienne. Il voulait le rassurer. Il avait un sourire réconfortant, teinté de tristesse, sur les lèvres.

    - Je n'avais que cinq ans lorsqu'on s'en est rendu compte… l'assistance sociale m'a arraché à lui. Un an après, j'étais adopté par papa et maman… là je me suis senti bien…

    - C'est horrible ce que tu as vécu. Chuchota Dieu. Tu ne devrais pas faire toutes ses horreurs… elles ne sont pas bonnes pour toi… tu as déjà trop de souffrance.

    - Je le fais pour Clairsemé…

    L'ingénu sourit et posa un baiser sur le coin de ses lèvres.

    - Dors. Je suis là pour toi. Toujours.

    Hunter posa un baiser sur sa joue à son tour. Il ferma les yeux et laissa le sommeil l'envahir. Il était vraiment apaisé par la présence de cet être qu'il aimait tant. Il le savait à présent.


    [1] En Belgique, une heure de cours correspond à cinquante minutes. Les cours débutent à 8h30.

     

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