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    Routine

     

    Hunter était assis sur une chaise, fixant l'accueil où une femme pianotait bruyamment sur son ordinateur. On entendait quelques personnes toussés ou éternuer. Il s'évertuait à ne pas y prêter garde. L'attende devenait bien trop longue à son goût.

    Il sursauta lorsqu'il entendit la sonnerie du téléphone de Camile. Celui-ci le retira de sa poche et le porta à son oreille.

    - Oui ? … Oui, je le sais. Rit-il. … On est le quinze.

    Il discuta encore quelques brèves secondes avant de raccrocher. Le malade regarda son parent avec un air interrogatif.

    - Ils ont visiblement trouvé que tu séchais un peu trop les cours. Ils me prévenaient de ton absence.

    - Cette fois, elle est justifiée. Chuchota Hunter.

    - Oui. Soupira Camile.

    - Je ne t'ai plus déçu, hein ?

    - Non… et j'aime bien quand ton ami vient à la maison… il met plein de vie. Mais comment s'appelle-t-il ?

    Hunter rougit. Il l'ignorait ! C'était bien ça le problème. Il cherchait comment le formuler lorsqu'une fois très connue l'empêcha de parler.

    - Hunter Aurine ?

    - Oui !

    Il se leva et trottina vers le médecin. L'homme était encore assez jeune, dans la trentaine d'année, et il avait un sourire doux aux lèvres. Camile vint les rejoindre et il serra la main du docteur qui s'occupait de son fils depuis maintenant trois ans.

    - C'est toujours un déplaisir de vous voir. Sourit le médecin avec un clin d'œil.

    Le parent eut un sourire fade sur les lèvres. Il suivit l'homme et son fils jusqu'au bureau du médecin. Celui-ci les laissa s'installer.

    - Alors Hunter ? En forme ? Sourit-il.

    - Oui ! C'est 'man qui s'inquiète !

    Ce docteur était probablement le seul à savoir que Camile avait le petit sobriquet de « maman ». Walgreave eut justement un sourire un peu crispé. Le médecin sourit tranquillement.

    - Prêt pour les examens ?

    - Ouaip !

    Hunter se leva, retira son t-shirt et grimpa sur la table d'examen. C'était devenu très naturel pour lui. Il faisait ça depuis onze ans à présent. Il avait juste quelques réticences quand il changeait de médecin. Mais, souvent, elles s'évaporaient assez vite.

    Le médecin vint palper Hunter avec soin. Il cherchait les zones où il pouvait y avoir des bosses. Elles pouvaient être signe de tumeur, cancer ou os brisés. Dans le dernier cas, il fallait directement ressouder tout cela. Lorsqu'il avait quelques doutes, il faisait faire des échographies. C'était toujours préférable à des radios. Toutefois, à cause de sa maladie, il devait faire une batterie de test complet tous les cinq ans.

    Le docteur vérifia ensuite son cœur, sa respiration et sa tension, par mesure de sécurité. Il prit également sa température qui était des plus normales. Il termina par regarder bouche, narine et oreilles ainsi que les extrémités.

    - Et bien… Dit l'homme en aidant son patient à descendre.

    - Oui ? Chuchota Camile, tendu de tout son être.

    - Je ne vois rien d'inquiétant. Juste un ou deux blancs sans grandes incidence. Sourit-il.

    Le parent soupira, rassuré, prenant son enfant dans ses bras. Hunter sourit de toutes ses dents.

    - Tu vois ? Y a pas à s'inquiéter !

    Camile caressa les cheveux de son fils avec un rictus soulagé. Il le serra dans ses bras avec douceur.

    Hunter était très inquiétant. Doux, gentil, un peu bizarre en ce moment, mais très inquiétant.

    µµµ

    Le lundi, Camile profitait d'être seul à la maison pour calmer ses nombreuses inquiétudes. Il faisait un peu de ménage en prêtant une oreille distraite au poste de radiodiffusion qui roucoulait derrière lui. Il n'attendait toujours que les informations avec une certaine crainte tout en espérant. C'était soit ça, soit harcelé les postes de police.

    Les journalistes avaient ça de fantastique qu'ils étaient au courant de tout avant tout le monde. Si Camile voulait une information basique, et non poussée, se référer aux journalistes était le mieux. Et puisque sa petite radio nécessitait moins de courant que la télévision…

    Il faisait les poussières sur les bibelots affichés aux murs lorsque l'éventail d'Hunter tomba sur le sol.

    - Merde. Pesta-t-il.

    Il se pencha pour ramasser l'ornement. Il fut alors surpris d'y trouver tout un tas de petites armes. Il sentit une vague d'inquiétude l'envahir. Le cœur serré, il retira chacune des douze armes restantes. Il les déposa sur un vieux napperon puis dépoussiéra correctement le Tessen. Il le remit correctement, gardant un œil sur les armements.

    µµµ

    Camile attendit patiemment le retour de son fils. Le repas était déjà presque fini lorsqu'Hunter rentra enfin. Avec ses entraînements et son travail, le malade rentrait tard le lundi et le jeudi.

    - Mon chéri… Dit-il en venant le rejoindre dans le salon.

    Hunter remarqua les armes sur le napperon. Il sentit une vague de panique grimper en lui. Il sourit toutefois à sa « mère ». N'était-ce pas un mensonge en soi cette façon de jouer sur les mots et les situations ?

    - J'ai trouvé ceci en faisant les poussières… ton cadeau est tombé et heureusement il ne s'est pas cassé…

    Hunter opina faiblement, nauséeux.

    - Je me demandais où est-ce que tu l'avais acheté ?

    - Dans la rue…

    - Oh… je suppose que tu t'es fait refourguer quelque chose d'illégal… je vais me débarrasser de ses armes, si tu n'y vois pas d'objection ?

    - Non, fait comme tu veux maman.

    Il se sentait soulager que Camile croit à ce « mensonge » et d'autant plus qu'il l'ait lui-même créer. Il était un peu moins coupable de la sorte. La peur s'était évaporée. Il était ravi que l'homme continue de l'aimer. En plus, il sentait qu'il continuait de lui faire confiance, malgré ce qu'il répétait inlassablement.

    µµµ

    Le vendredi qui suivait, Hunter revenait du travail. Il était content parce que le travail dans le bureau était presque fini. Il ne savait toujours pas ce que Dieu attendait de lui mais, au moins, il n'aurait plus à supporter la présence de son patron. Présence qui l'effrayait toujours sans qu'il ne sache exactement « pourquoi ». Dans ce que dégageait son employeur ? Dans son sourire aux accents pervers ?

    Il chassa toutes ses pensées et poussa la porte de l'appartement, la respiration courte. Il vit alors Camile faire des sacs. Cinq. Il fronça les sourcils avant de regarder vers le calendrier. Il ne put que faire la moue en remarquant qu'on était déjà le troisième week-end du mois. Il avait complètement perdu la notion du temps depuis que Clairsemé avait été kidnappé. Pourtant, ce week-end était très important.

    Il ne serait pas là durant deux jours et une soirée. Ce qui voulait dire, par conséquent, qu'il ne pourrait pas dormir avec Dieu avant lundi.

    Ça l'attristait.

    Surtout que, égoïstement, il voulait sa présence. Vu qu'il l'apaisait si bien et si doucement.

    - Maman… je peux ne pas y aller ?

    Un rire nerveux lui répondit.

    - Non. Non… non.

    Alors que Camile fermait les bagages, Hunter put compter jusqu'à vingt-six non. Le petit malade soupira et se rendit dans sa chambre. Il prépara alors sa valise en faisant la moue. Il glissa son ordinateur dedans ainsi que sa chère peluche fraise puis assez de vêtement pour deux jours.

    Il se saisit ensuite du miroir de poche de Manolita. Il l'avait gardé sur lui tout ce temps, comme le scalpel qui se montrait de plus en plus rassurant tout en ne l'étant pas.

    Hunter prépara tout un parcours réfléchissant grâce à ce miroir et une loupe. Il s'assura que tout semblait correct, malgré qu'il savait pertinemment qu'il n'avait pas le droit de tricher. Il alluma enfin la lumière. Il ne fallut que deux secondes pour que le faisceau se répercute dans son parcours ce qui lui brûla les rétines.

    La porte s'ouvrit au moment même où il soufflait un faible « pitié ».

    - Junior ?! S'étonna la voix de Camile.

    L'interpellé sursauta en coupant la lumière. L'adulte traversa les quelques mètres qui les séparaient. Il se saisit de ses joues et le força à le regarder.

    - Tu me vois comment ? Questionna-t-il, la voix brisée par l'inquiétude.

    - Y a des petites tâches, mais ça va passer…

    - Tu es devenu fou ? Qu'est-ce qu'il t'a pris ?!

    - Rien maman…

    - « Rien maman. » Soupira l'adulte.

    - On… on peut partir… je suis prêt…

    - Tu es bizarre. Soupira tristement Camile en venant se saisir de son sac.

    Il le hissa sur son épaule puis sortit de la pièce. Hunter lança un regard triste vers la lampe puis sortit à son tour. Il vint prendre trois des sacs, sa « mère » en portait déjà trois. Il le suivit ensuite. Ils prirent tout deux l'ascenseur puis ils se dirigèrent vers une voiture verte aux couleurs relativement flashantes. Camile vint l'ouvrir et il plaça les bagages dans le coffre.

    Il récupéra les autres chez Hunter et les y ajouta.

    - On a bien pris tes trousses de soin ? S'assura l'homme au foyer.

    - Ouaip. Dit son fils en montrant le petit sac qui avait été accroché à un autre plus grand.

    - Parfait. En route vers l'enfer.

    L'ex-cuisinier soupira et ferma le coffre dans un bruit sourd. L'adolescent fila à l'avant et il s'installa à la « place du mort ». Il ne se sentait pas particulièrement rassuré de ce nom par ailleurs. Il frôlait bien assez La Mort à son goût.

    Il jeta un coup d'œil dans le rétroviseur pour voir pourquoi sa « mère » mettait du temps. Il y eut un éclat de soleil qui se répercuta dans le miroir de fortune. Il battit des paupières en voyant quelque chose dedans. Il descendit rapidement la vitre et pencha la tête, ce qui lui permit de voir un certain Dieu qui lui faisait signe d'au revoir en souriant.

    - Rentre la tête. Lui lança Camile qui s'installait derrière le volant.

    Hunter rougit en voyant l'ingénu lui envoyer un baiser. Le malade s'installa correctement dans la voiture et s'attacha avec soin. Il remonta la vitre puis attendit que l'adulte démarre. Il appuya son coude près de la fenêtre, attendant que les kilomètres défilent.

    Comme son cœur battait fort. Dieu était venu lui dire au revoir !

    Hunter sentait qu'il voulait volontairement l'aider. Juste pour le rendre heureux. Juste pour qu'il puisse le voir sourire une nouvelle fois. C'était la chose la plus merveilleuse qu'il n'eut jamais vu.

    Mais il ne pouvait pas non plus oublier Clairsemé. Il pourrait mettre à profit ce week-end, surtout qu'il pouvait à nouveau utiliser son ordinateur. Il pourrait alors rassembler toutes les informations qui lui seraient nécessaires. Il devait repartir de zéro… mais il était prêt à le faire !

    µµµ

    Camile soupira. Hunter avait arrêté de compter le nombre de fois lorsqu'il avait dépassé la deux centième fois. À la moitié du voyage.

    Mais ce soupire-ci était particulièrement long. Causer par leur arrivée dans l'allée d'une maison encore plus prestigieuse que celle d'Alejandro. Il aurait pu appeler la demeure de son employeur « petite maison » s'il n'avait vécu que dans cette immense bâtisse.

    Penser à Hawkins le renvoyait, bien sûr, à l'image de Dieu. Il se demandait encore ce qui l'avait poussé à le faire travailler pour lui ?

    Une idée fugace lui passa dans la tête. Et si Alejandro Hawkins était le père de l'ingénu ? Et que sa mission était de le rassurer sur son sujet ?

    Hunter ne put s'empêcher de sursauter en entendant des coups frappés à la vitre. Camile lui passa une main tendre sur le front avant de tourner la tête vers l'importun. Celui-ci ouvrit la portière.

    Seul souriant, l'individu tendit la main vers le conducteur.

    - Je sais garer ma voiture tout seul ! S'agaça Camile.

    Il retira tout de même les clés du contact et les mit dans sa paume ouverte. Il sortit de la voiture dès que l'homme se fut éloigné. Il ouvrit les portières et fit sortir ses enfants, qu'il avait été cherché en chemin.

    Camile serra sa main sur celle de Vitalis puis il l'emmena vers la maison. Les trois autres enfants s'empressèrent de suivre.

    Leur « mère » soupira une nouvelle fois lorsqu'il arriva devant la porte. Il inspira profondément de l'air, serra les dents pour approcha don doigt de la sonnette. Lorsqu'il l'y appuya enfin, il eut l'impression de presser une gâchette de revolver.

    La porte s'ouvrit exactement soixante seconde après. Comme chaque fois. À croire que c'était chronométré. À la porte se tenait un homme souriant, yeux bleus et cheveux noirs, peau à la couleur si pâle qu'elle paraissait terne voire même grisâtre.

    - Bonjour. Vous avez fait bon voyage ? Sourit-il, franchement.

    Vitalis hocha la tête alors que les autres enfants souriaient un « oui ». Camile, las, se contenta d'un simple acquiescement. Le voyage, c'était ce qui était encore le plus simple. Le plus dur… c'était de supporter ce week-end. Il retint un soupir exaspéré.

    - Ils vous attendent dans le boudoir nord. Sourit l'homme.

    Camile sourit légèrement à cette information. Ils étaient toujours dans le boudoir nord. Ils n'y restaient pas longtemps à vrai dire. Peut-être parce que Camile prenait soin d'arriver au plus proche de l'heure du souper établi en ce lieu.

    Ça faisait longtemps qu'ils n'avaient plus besoin d'être mené par Clancy, le majordome de la maison. Malheureusement, les codes étaient ce qu'ils étaient. Ils avaient finis par s'habituer à une de ses nombreuses excentricités de personne fortunée.

    L'homme en noir se saisit de l'occasion présente pour entamer la discussion.

    - Je vois que tu es plus en forme que le mois passé. Sourit-il à l'adresse de Camile.

    - Tu trouves ? Répondit-il nerveusement.

    - Oui. Et Vitalis a un peu grandi, non ?

    Le muet agita fiévreusement la tête. Il souriait de toutes ses dents.

    - Tu as bien reçu ma lettre ? Demanda l'employé.

    - Oui. J'ai eu un mois mouvementé alors je n'y ai pas encore répondu mais tu en auras bientôt une loooooongue.

    Clancy rit. Il s'intéressa un peu aux études des enfants. Il les écoutait parler avec plaisir, ou la traduction pour Vitalis. Il redevint toutefois muet lorsqu'ils arrivèrent devant une porte à laquelle l'homme frappa. Il attendit qu'on leur dise d'entrer pour leur ouvrir. Il s'effaça pour laisser la petite famille rentrer. Il y avait un couple autour d'une table.

    L'homme, plutôt fluet, dégageait une aura de Noble. Il était si grand qu'il semblait les dominer de sa taille. Alors qu'il était toujours assis. Ses cheveux noirs, courts, étaient parfaitement peignés. Camile prétendait toujours que le propriétaire des lieux se levait à trois heures du matin pour être prêt à huit.

    Sa compagne semblait être un lui au féminin, s'il était la classe et le respect incarné, elle, c'était la douceur et tendresse à l'état pur. Ses longs cheveux noirs cascadaient le long d'une robe luxuriante.

    Le maître de maison sortit une montre à gousset d'une finesse sans égale de sa poche. Il appuya sur un bouton pour aviser les aiguilles qui se mouvaient dans le cadran.

    - En retard. Décréta-t-il d'un ton lent.

    - Comme d'hab'. Répliqua Camille à voix basse.

    Il remarqua le regard inquisiteur de l'homme. Il pinça les lèvres quelques secondes. Finalement, il lâcha la main de son plus jeune fils.

    - Allez dire bonjour.

    Tous, sauf Hunter, allèrent faire la bise aux deux personnes. Si la femme en était contente, l'homme acceptait les baisers avec une petite moue.

    - Hunter ? S'étonna Walgreave.

    Le nommé sursauta. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Clairsemé. Tant et si bien qu'il n'avait pas remarqué que c'était l'heure de l'effusion d'affection. Il cessa de se perdre dans les méandres de son cerveau pour afficher un grand sourire.

    Il s'approcha alors du couple.

    - Bonjour, grand-mère. Sourit Hunter avant de lui poser un baiser sur les deux joues.

    Il se tourna vers son grand-père qu'il salua plus humblement. Se contentant d'une bise furtive. À peine les lèvres avaient frôlés la peau qui tendait à se flétrir qu'il s'éloignait.

    - Toujours aussi petit. Remarqua l'homme.

    Le petit malade eut un petit sourire triste.

    - Camile ! Interpella l'aïeul.

    - Hm ? Répondit évasivement l'intéressé.

    - Un jour, lorsque vous arriverez, nous aurons déjà entamé le repas. Remarqua son aîné.

    - Ce ne serait pas très respectueux. Lança Camile.

    - Il n'est pas plus poli d'arriver systématiquement en retard depuis trois ans. Ça fait plus de trois cent minutes de retard. Dix heures à t'échiner à retarder nos rendez-vous. Depuis trois ans… je ne te demande pas la mort quand même.

    Les dents de son gendre se mirent à grincer.

    - Vous voudriez que je joue de la musique pour vous tout à l'heure ? Intervint Manolita, ne tenant pas à raviver de mauvais souvenirs.

    - C'est une excellente idée. Approuva la femme.

    L'adolescente sourit de toutes ses dents. Hunter soupira, rassuré. Ses frères et sœurs, eux, n'étaient pas autant habitué aux crises de déni que pouvait faire leur parent.

    Pour ne pas retourner à ses pensées, il vint près de l'échiquier où une partie venait d'être commencée entre le couple. Il se tourna vers l'homme. Passé la constatation habituelle qu'il lui faisait, à savoir qu'il était désespérément petit, il appréciait l'homme.

    - Ton ordinateur est à nouveau opérationnel ? S'enquit Hunter en l'observant.

    - Oui. Merci beaucoup. Lui dit l'homme.

    Il lui offrit un sourire. Un vrai. Lui qui avait toujours les lèvres pincées.

    La famille Aurone n'avait peut-être pas des grands-parents comme on les montrait dans les films et séries, mais ils les adoraient.

    - Est-ce que je pourrais utiliser internet ce so… Commença-t-il.

    - Hunter, je t'en prie. Coupa Walgreave, appuyé contre le mur.

    - Ne t'inquiète pas Camile, il n'y a pas de soucis à ce qu'il nous demande cela. Et il peut tout à fait en user. Sourit la femme.

    - Merci. Sourit son petit-fils.

    - Bien… Dit-elle en se levant. Je suppose que nous pouvons aller manger à présent. Sourit-elle.

    L'homme se leva à son tour. Ils sortirent en premier de la pièce, comme ils en avaient pris l'habitude.

    µµµ

    Angelica, la cuisinière, posa les plats sur la table et servit tout le monde. Le grand-père commença alors à poser diverses questions, entre autre sur les études des enfants. Ceux-ci répondaient chacun leur court en souriant. Ils étaient ravis de pouvoir discuter avec leurs grands-parents. Surtout qu'ils ne les voyaient que deux jours le mois. Avant, ils les voyaient tous les samedis mais c'était avant la disparition d'Octave.

    - Alors Camile, toujours pas de travail ? Demanda l'aïeul en fixant le nommé.

    - Toujours pas.

    - Tu as déjà pensé à reprendre notre affaire familiale ? Questionna la grand-mère.

    - Il est vrai que maintenant que nous n'avons plus pe… Commença l'homme.

    - Manolita apprend l'harmonica, vous étiez au courant ? Coupa l'intéressé.

    L'aïeul eut un léger sourire, presque narquois. Il opina faiblement. Il se tourna vers sa petite-fille pour qu'elle développe un peu plus cette nouvelle pratique. Rouge, Manolita s'empressa d'en parler. Elle ne pouvait s'empêcher de lancer des coups d'œil régulier vers sa « mère ».

    Camile lui souriait tendrement bien que ses mains semblaient plus raides à présent. La tension grimpait en lui.

    µµµ

    Le dimanche soir venu, Hunter tira la fermeture éclair de son sac. Le sien était tout petit à la différence de ceux de ses frères et sœurs. Eux avaient des bagages prêts pour toute la semaine à venir.

    De ce fait, il avait déjà fini de boucler ses affaires alors que sa fratrie s'aidait toujours. Ils en profitaient pour vérifier qu'ils avaient bien tout auquel cas, leur parent devrait faire la navette. Jamais encore Camile ne s'était plaint de devoir le faire, au contraire. Il voulait que ses bébés aillent bien.

    L'adolescent descendit alors pour prévenir l'adulte qu'il était fin prêt. Il avait déjà le sac sur son épaule. Ses pas le menèrent jusqu'au salon d'où provenait une conversation.

    - … serait grandement temps que tu prennes un travail. N'importe quoi. Parvint la voix de son grand-père.

    - Non, je n'en ai pas besoin. Hunter a besoin de moi. Entendit-il de la voix de Camile.

    - Il va à l'école ton fils ! Il n'a pas besoin d'un père qui passe son temps à pleurer dans le divan du salon.

    - Je ne pleure pas ! Protesta vivement sa « mère ».

    - Il serait temps de faire une croix, Camile. Dit la voix de l'aïeul, plus agressive.

    - J'en ferais une quand ils me montreront sa dépouille ! Siffla la voix de l'homme au foyer.

    Hunter couina avant de se réfugier dans sa chambre. Camile ne tarderait à sortir de la pièce et il ne tenait pas à ce qu'il le surprenne en train d'écouter aux portes. Même si ça n'avait pas été volontaire.

    Il attendit, dans sa chambre, qu'enfin, son parent vienne les chercher. Lorsqu'il arriva, Hunter se leva et il le suivit rapidement jusqu'à l'extérieur.

    Sa grand-mère était dans le hall d'entrée. Walgreave lui jeta un regard, ouvrant la porte.

    - Allez déjà dans la voiture.

    Les enfants s'exécutèrent. Hunter les accompagna et il jeta un regard derrière lui pour voir l'homme prendre un papier que lui tendait la femme. Il savait ce que c'était depuis un peu plus d'un an : un chèque. Forcément, quand on attendait de l'argent venant d'un mari qui n'existait plus, on ne pouvait que finir ruiner. C'était ainsi leur grand-mère qui leur donnait les moyens pour survivre.

    Le petit malade vint poser son sac avec ceux des autres puis il s'installa à la place passager où il s'attacha. Camile ne tarda à venir le rejoindre. Il se glissa à son siège, s'attacha puis poussa un long soupir.

    - Enfin fini. Grogna-t-il en reculant la voiture.

    L'insensible à la douleur observa sa « mère ».

    - Enfin fini… Chuchota-t-il.

     

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