• 4
    Franchir le cap.

     

    Le lundi arriva à la fois si tôt et si tardivement.
    Hunter avait peu passé de temps avec ses frères et sœurs. Entre les devoirs, les activités, le temps qu’ils passaient avec Camile et les heures de sommeils, rare étaient les moments passés ensembles. Il en était très triste. Ça faisait des instants partagés bien trop court. Surtout dans une famille qui avait été si unie avant un tragique accident.
    D’un autre côté, le week-end s’était écouler trop lentement à son humble avis. En particulier parce que ce lundi était le jour qu’il avait choisi pour se venger. Il mettrait fin aux agissements et à la vie de celui qui avait kidnappé son loup. Il serait alors le premier parasite à périr sous ses mains.
    Puis il trouverait tous les autres, grâce à Armand ou sans lui. Il les anéantirait. Jusqu’au dernier !
    Pendant que Camile terminait le petit-déjeuner, malheureusement pour trois, il se glissa dans le salon. Il ne comptait pas laisser l’occasion lui échapper. Il décrocha l’éventail ornemental du mur et le tourna sur la face toujours contre le mur. Il prit plusieurs lames qu’il glissa dans sa poche puis il remit le Tessen à sa place avec le plus grand soin.
    Il retourna dans sa chambre et termina de faire son sac « de cours ». Il y glissa sa peluche préférée : la grosse fraise rouge, tâchée de vert, et un ordinateur. Il vint ensuite rejoindre son parent qui mettait justement les plats dans les assiettes.
    - Bonne journée en prévision ?
    - Excellente. Assura son enfant.
    - Parfait. Sourit l’homme avant d’avaler une bouchée d’œuf. C’est aujourd’hui que tu as entraînement, hein ?
    Hunter perçut la crainte derrière le grand sourire qu’affichait sa « mère ».
    - Et toi… qu’est-ce que tu vas faire de ta journée ? Questionna-t-il pour détourner l’attention.
    L’adulte comprit bien que c’était un « oui » dissimulé. Il sourit de plus belle puis répondit :
    - Ménage… repas, un peu bosser sur mon livre de cuisine.
    - D’acc’.
    Hunter termina rapidement son assiette. Discrètement, il s’assura qu’il avait les lames dans sa poche avant de se lever.
    - Bonne journée.
    - Fait attention à toi. N’oublie pas d’user des pauses pour vérifier que tu n’es pas blessé. Lui dit Camile en s’approchant de lui.
    - Promis. Sourit son fils.
    Il vint coller un baiser sur sa joue avant de sortir de la maison. Il attendit de quitter l’appartement et d’avoir fait quelques pas pour sortir de sa poche un bout de papier. Il avait écrit là l’adresse de sa première victime.
    Il marcha, cherchant son chemin.
    Il vint vers une femme, la première qu’il vit. Il n’allait pas faire le difficile. Toute personne devait être capable de lui indiquer son chemin. Il lui tendit le papier, la surprenant dans son remaquillage.
    - Vous connaissez cette adresse ? S’enquit-il.
    - Non… Je n’ai même jamais entendu parler de cette rue.
    Elle fronça les sourcils. Elle connaissait la ville par cœur pourtant ce nom ne lui disait vraiment rien.
    Le garçon la remercia puis partit à la recherche de quelqu’un d’autre. Il guetta avec plus de soin le genre de personne qui pourrait l’aider. Il vint alors à la rencontre d’un homme d’une trentaine d’année en costard.
    - Monsieur vous savez où est le 12 rue des Martyrs ? Questionna-t-il.
    - Il n’y a pas de rue qui s’appelle de la sorte. Répondit l’homme en fronçant les sourcils.
    - Vous êtes sûr ?
    - Bien sûr, ne me fais pas perdre mon temps, petit. Grogna-t-il.
    Il s’éloigna, grognant.
    Hunter essaya encore alors de demander à une pléiade de personne. Malheureusement, il se retrouvait toujours devant un mur d’ignorance. Ne perdant pas espoir, il interrogea encore une vingtaine de personnes. Absolument aucune d’entre elles n’avaient idée de ce qu’il en était. Certains semblaient même le prendre pour un fou.
    Par désespoir de cause, il se rendit au parc où il y avait le wi-fi. Il alluma son ordinateur et utilisa un service de satellite pour regarder après la rue de l’Espérance 2. Mais, même là, même avec les satellites, la rue semblait inexistante.
    Peut-être que les fichiers sur Armand étaient erronés. Était-ce lui-même qui avait réussi cette supercherie ou était-ce une erreur de la police ? Ce qui aurait expliqué pourquoi ils n’avaient pas d’information sur lui, eux-mêmes.

    Hunter avait dû faire une centaine d’allers-retours dans la ville. Il passait dans de petites ruelles, en ressortaient, choisissait les lieux malfamés au possible. Mais il avait beau chercher, il ne trouvait toujours pas cette fameuse rue. Ça faisait maintenant une heure entière qu’il cherchait, en vain.
    Il allait essayer une nouvelle ruelle sombre lorsqu’une femme ouvrit son miroir portatif. Le soleil si répercuta dedans, projetant des éclats qui aveuglèrent Hunter.
    Il ne put s’empêcher de sourire alors que ses yeux lui piquaient. Juste devant lui, apparu une forme humaine qui se détacha petit à petit de cette source lumineuse. La femme referma son miroir, permettant au malade de voir l’ingénu. Il comprenait déjà comment ça fonctionnait. Dieu aimait à apparaître quand la lumière battait son dos. Il aimait les effets de style.
    Tout le monde le disait.
    - Qu’est-ce que tu fais ? Questionna l’apparition en venant ver s lui.
    - Tu me poseras toujours cette question, n’est-ce pas ? Demanda Hunter en lui tendant le papier.
    Il ne pouvait s’empêcher de lui sourire.
    - Bien sûr. Répondit l’ingénu.
    Il se saisit du mot, frôlant ses doigts dans le geste. L’adolescent sentit tout un frisson parcourir son corps. Sa peau était tellement douce. Il croyait rêver. Il s’approcha timidement et huma son odeur, discrètement. Il sentait des fragrances particulières. Le fumet de la terre après la pluie, celle de la forêt, un peu de la crasse humaine et pourtant… elle n’était pas gênante. Elle était même magnifique, malgré l’horreur et la particularité que ça semblait être.
    À l’instar de son sourire, de sa voix, de sa beauté… son odeur était parfaite.
    - Je vois qui tu recherches là-bas… Tes informations ne sont pas à jour… La maison a pris feu voilà un an et demi… depuis, le quartier est malfamé et il n’a plus de nom à présent. Ils ont bien des noms donnés par ceux qui y habitent mais pas elles… Dit l’ingénu en tournant le papier dans ses mains.
    - Connard. Grogna Hunter.
    - Moi ? S’étonna Dieu, faisant une tête de chien battu.
    - Non. S’empressa de dire l’adolescent. Lui !
    - Je peux t’emmener chez lui. Si tu me fais confiance.
    Il lui tendit la main. Hunter déglutit difficilement, autant d’envie que parce qu’il était interloqué. Pourquoi est-ce que Dieu était de son côté ? Pourquoi voulait-il l’aider à commettre des ignominies ? Ce n’était pas normal. Cependant, il voulait tellement pouvoir venger son loup qu’il aurait accepté l’aide de n’importe qui. De la pire vermine du monde ou d’un quidam au hasard.
    Au contraire, il recevait de l’aide d’un être qui ne devait pas l’offrir souvent. Hunter pensa un instant que l’ingénu devait le trouver exceptionnel pour l’aider ainsi, mais il réalisa ce qu’il en était vraiment. C’était plutôt que celui qui lui avait pris le loup était tellement ignoble que même Lui s’y mêlait.
    Il mit alors sa main dans celle de l’individu qui ne lui avait même jamais donné son nom. Il allait lui demander lorsque ses doigts se refermèrent autour de ses phalanges, que sa paume, horrible douce, se pressa contre la sienne. Un nouveau frisson le parcouru entièrement. Il se mit alors à le suivre, laissant son cerveau sur le sol, derrière lui. Cet être aurait pu le mener n’importe où, il était prêt à le suivre.
    Comme un gentil petit chien.
    Il ne faisait pas attention aux rues qui s’offraient à eux, ni aux gens. Il ne faisait que regarder le dos de celui qui l’aidait en cet instant-même. Il ignorait si c’était parce qu’il était très bête, complètement aveuglé ou qu’il lui faisait suffisamment confiance pour qu’il continue de le suivre de la sorte. Sans réfléchir.
    Ils passèrent d’abord par les beaux quartiers de la ville puis, petit à petit, ils avancèrent dans les rues moins fréquentables, dans la crasse humaine. Sur leur chemin, beaucoup de personnes se retournaient. Hunter n’était pas vraiment surpris : il continuait de penser que l’ingénu était d’une beauté à couper le souffle de tout le monde. Comme le disait une personne à l’école « il était tellement beau qu’il pouvait faire virer un hétéro de bord ». En changeant un peu les termes que disait son camarade.
    Ils finirent par atteindre un bâtiment délabré qui servait de résidence à la plupart des sans-abris de la ville. Là, ils étaient sûrs d’avoir un toit. De pouvoir user d’un lit pas trop miteux.
    - Troisième étage… la pièce de gauche. Expliqua l’ingénu. Moi, je ne peux pas t’accompagner.
    - Pourquoi ?
    - Parce que… je ne peux pas.
    Hunter aurait voulu pouvoir insister. Mais en voyant son air si triste, il ne pouvait pas. Il ne pouvait se résoudre à faire volontairement du mal à Dieu.
    C’est ainsi qu’il se contenta de serrer les dents, déçu qu’il parte déjà si vite. Il s’obligea à lui lâcher la main. L’apparition fantasmagorique lui offrit un sourire très doux. Le cœur de l’adolescent battit plus vite encore dans sa poitrine.
    Il prit une des lames dans sa main. Il avait un loup à venger après tout. Il entra dans l’immeuble. La porte se ferma derrière lui dans un bruit dérangeant, comme si le lieu était hanté. Il se tourna vers le piteux battant de bois, la gorge serrée. Il aurait juré que s’il avait rouvert l’huis, l’ingénu aurait disparu.
    Il tendit la main, voulant essayer. Mais il préféra finalement ne pas le faire. Il pourrait s’imaginer que l’apparition l’attendait toujours. Ça lui donnait du cœur à l’ouvrage.
    Il avança alors le long des couloirs puis grimpa les escaliers. Ceux-ci grognaient sous ses pas. Ils étaient mangés par les termites, emplit de moisissures, d’eau. Hunter avait la sensation qu’il allait traverser le plancher à chaque pas qu’il faisait. Pourtant, il arriva sans mal à l’étage désigné par Dieu.
    Il se dirigea vers la porte et y frappa lourdement.
    - Mouais ? Grogna une voix encore ensommeillée.
    Hunter prit les gants en cuir qu’il avait pris ce matin dans le tiroir de Camile. Il les enfila avec soin. Il s’assura de bien tenir son arme par la partie non tranchante. Le bout de cette arme était comme un tire-bouchon, mais plat. Il se demandait ce qu’on pouvait bien faire avec ça.
    Mais tant qu’il pouvait tuer avec, il était content.
    La porte finit par s’ouvrir dans un grincement des plus désagréables. Comme si des pans allaient s’effriter et tomber sur le sol en charpie. Il put voir Armand. Ses petits yeux porcins, qui avaient dû être d’un beau vert sans les dégâts de quelconque drogue, le fixaient. Ses lèvres sèches sortaient d’un nid broussailleux constitués de barbes et moustache poivre et sel. Comme pour ses cheveux, un peu long, gras. Tellement d’ailleurs qu’on aurait pu jurer qu’il prenait des bains à base d’huile.
    - C’est pas la p’tite minette que j’ai demandé. Grommela la personne en commençant à observer le visage de Hunter.
    - Ça se voit que je ne suis pas une fille, non ? Grogna-t-il.
    - Mouais… kestuveux ?! Grogna l’abject d’une voix amère.
    Hunter jeta un coup d’œil dans la pièce. Un véritable taudis. Il y avait de la nourriture avariée au sol, des lattes branlantes, un lit en ruine. Rien qui ne donnait envie de rentrer dans cet endroit.
    - Je peux entrer ? Questionna tout de même l’adolescent.
    L’individu grogna avant de se pousser. Il regarda le malade pénétrer dans son sanctuaire. Il se disait que c’était bien dommage qu’il ne soit pas homosexuel, cet être aurait pu être parfait pour satisfaire ses vices sinon. Il attendait la « minette » depuis longtemps déjà.
    - Alors ? Questionna l’homme avant de boire une grande gorgée au goulot de sa bouteille.
    - Je suis venu…
    Hunter fronça les sourcils. Il ne le reconnaissait pas ? Il devait être plus occupé à malmener Clairsemé qu’à voir à qui il le dérobait impunément. À vrai dire, ça l’étonnait peu qu’il ne l’ait pas reconnu. Il n’avait même pas encore remarqué qu’il avait une arme en main.
    - … pour savoir ce que vous avez fait de mon loup ! Siffla-t-il.
    Il se jeta sur l’homme. Inhibé comme il l’était, le vaurien tomba lourdement. Il grogna de douleur mais n’essaya même pas de se débattre. Hunter en était bien content. Non seulement il prenait aisément le dessus sur lui de la sorte, mais, de ce fait, il ne risquait pas d’être blessé. Les stigmates alerteraient forcément Camile. Surtout qu’il les remarquerait sans doute avant lui.
    L’adolescent mit la lame sous la gorge de l’individu qui grogna encore. Cette fois-ci, Armand essaya de se défaire de l’emprise, le métal froid étant très désagréable. Mais tout ce qu’il réussi à faire, c’était rependre le contenu de sa bouteille sur le sol. Il poussa alors la pire plainte que Hunter n’ait jamais entendu, bien plus préoccuper par son alcool qui s’échappait que par le malade qui le chevauchait.
    - Où est mon loup ! Celui que tu as volé y a une semaine !
    - Un loup… Balbutia l’homme qui n’avait conscience de rien.
    - Un loup ! Hurla l’adolescent.
    Sa main dérapa sous l’énervement. L’arme entama la peau d’Armand. Le sang lui gicla sur les mains. Il vit le rouge emplir ses gants. Une peur le saisit soudain. Avait-il entamé le cuir avec l’arme ? Est-ce qu’il s’était blessé « si bêtement » ? Comment allait-il caché ça ? Ça faisait tant de blessure. Les cicatrices commençaient à se faire voir à force.
    Un gargouillis atroce le sortit de ses pensées. Il baissa les yeux et remarqua alors d’où tout le sang s’écoulait. Du cou de sa victime.
    Il sursauta et se redressa d’un bond. Il s’était juré qu’il pouvait devenir un meurtrier, qu’il voulait vengeance. Il se disait que, pour une fois, il pouvait contrôler les choses. Il ne pouvait venger Camile qui attendait toujours désespérément un homme qui ne viendrait jamais. Il ne pourrait se venger d’un père biologique qui pensait avoir tous les droits. Par contre, il pouvait venger son loup !
    Mais cette chose qu’il venait faire, se couvrant les mains de sang de façon figuré mais aussi peut-être littéralement… il ne pensait pas que c’était si facile. Comment est-ce que prendre une vie pouvait si aisément se faire ?
    Hunter sentit une nausée le prendre à la gorge. Cependant, il lui en voulait aussi. Il était mort pour l’empêcher d’avoir les informations dont il avait besoin ! C’était la seule raison pour laquelle il avait trépassé. Il en était sûr !
    Le malade refusait cependant de laisser les choses telles quelles. Il abandonna alors le corps, encore agonisant, sur le sol. Il entreprit de fouiller la maison. Il pouvait bien remercier, également, les séries policières débiles que Camile regardait le soir avant d’aller se coucher. Toutefois, il ne croyait pas au crime parfait. Un jour, il paierait pour ses crimes.
    Il se doutait qu’il le paierait déjà au soir. La vague de panique, de dégoût de soi était en train de l’enrober cruellement. Il sentait la culpabilité. Il avait été si violent en pensant que cet être pouvait survivre à cet assaut. Il n’avait pas imaginé que son arme puisse entrer dans sa gorge comme si ça n’avait été que du beurre.
    Essayant de chasser ses pensées, il continua de fureter dans les papiers. Il n’y avait presque rien. Quelques bouteilles vides, un cendrier empli de mégots, encore fumant pour certains. Il trouva, finalement, des documents qui avaient été abandonnés sur le sol. Ils étaient poisseux voire imbibé d’alcool.
    Cependant, il avait sous les yeux des fiches de paies ou des extraits de compte. Ils indiquaient qu’il recevait souvent des versements réguliers. Ceux dont il avait le plus d’argent, c’était d’une certaine « Doggy.asbl ». Joli nom qui laissait à penser qu’on parlait de nourriture pour animaux.
    Il y était écrit :

    « Virement européen
    De : DOGGY.ASBL
    RUE DES MARTYRS 12
    SOIGNIES
    Belgique
    IBAN : XXXXXXXXXXXXXX
    Communication : Livraison Obsolète Ultérieure de Produit canin »

    Livraison Obsolète Ultérieure de Produit canin. Ça semblait trop étrange. Pourquoi payait-on pour quelque chose d’obsolète ? Pourquoi cette communication ne semblait avoir aucune cohérence ? Et, surtout, il ne manqua pas de remarquer que certains mots avaient une majuscule. Et que ça formait le mot « Loup ». C’était peut-être une conclusion hâtive, mais il avait envie d’y croire.
    Surtout que le dernier versement datait de mercredi passé !
    Il prit l’extrait de compte qu’il glissa prudemment dans sa poche. Qui se soucierait de cet unique petit feuillet manquant ?
    Il quitta la salle, le cœur lourd. Au moins, cet abruti n’avait pas péri en lui ravissant les informations dont il avait tant besoin.
    Il avança le long du pallier puis descendit tous les escaliers, marche après marche, lentement. Il aurait dû fuir aussi vite que possible mais il n’y arrivait pas. Il se souvenait qu’il avait tué quelqu’un. Par conséquent, qu’on pourrait l’arrêter. En ce cas, il ne pourrait venger Clairsemé. Il abandonnerait Camile. Que ferait-il sans lui ? Attendrait-il deux personnes en vain ? Dieu qu’il ne souhaitait pas cela !
    Il sortit de la bâtisse délabrée. Il était loin de la ville. Remarquerait-on un mort ici ? Il ôta ses gants. Il voulut d’abord les jeter dans la première poubelle venue. Mais il ne put se le permettre. C’était à sa « mère ». Il les fourra alors dans sa poche. Il laverait tout ça ce soir comme il avait dû laver ses vêtements blancs de son sang.
    Il se rendit jusqu’à un parc, dans les beaux quartiers. Il s’assura qu’il n’y avait personne susceptible de le reconnaître puis il se mit sur un banc. Il avait gardé l’arme du crime. Il devrait probablement la laver avant de la remettre à sa place. Il ne voulait pas mettre Camile en prison par sa faute.
    Hunter ouvrit son ordinateur portable. Il regarda les passants en attendant que la machine soit opérationnelle. Il avait envie de se faire aveugler par un quelconque objet. Il aurait tant voulu qu’un faisceau de lumière le prive de sa vue quelques instants pour que l’ingénu revienne. C’était lui qui l’avait aidé. Malheureusement, son aide s’était vue presqu’inutile puisqu’il avait tué sa première victime bien trop tôt.
    Il ne fut pas aveuglé. Pas une seule seconde.
    Il put alors commencer ses recherches. Cherchant toute entreprise mafieuse ou à mauvais ressorti qui puisse avoir quelconque rapport avec les chiens. Lui, il pouvait aller dans des bases de données indisponibles pour autrui. Il pouvait, sans mal, trouver ce qu’il cherchait. Il pouvait trouver n’importe quelle entreprise, bonne ou mauvaise. À fortiori, il pouvait trouver n’importe qui. Anéantir leur vie. D’une façon un peu moins culpabilisante.
    Là, il ne cherchait qu’une chose : ce qu’était ce « Doggy.asbl ». Car Clairsemé était là-bas, il en était presque persuadé. Peut-être encore en vie.
    Oh, comme il souhaitait qu’il soit encore en vie !
    Il pianota pendant une demi-heure. Cette recherche commençait à se faire longue. Mais c’était la première fois qu’il faisait quelque chose qu’il connaissait si mal. Chercher quelque chose sans savoir quoi.
    Il jeta un regard sur l’horloge de l’église qu’on voyait d’ici. Il était déjà presque midi. Heureusement, Camile lui avait fait un sandwich au thon. Une version de sa concoction qui était particulièrement bonne. Il pourrait prendre une pause pour profiter de cela. Il avait bien envie de s’arrêter, son ventre commençant déjà à gargouiller de faim, seulement, il devait retrouver son loup. C’était bien plus important qu’un petit sandwich.
    Il continua de regarder les informations qui jaillissaient sur son ordinateur. Ses yeux couraient de droite à gauche et d’en haut à en bas. Il y avait tant de chose à voir. Tant de fenêtre qui apparaissaient sur son écran sans qu’il ne soit sûr de l’utilité de chacune.

    L’église sonna quatorze heures et son ventre hurlait de faim lorsqu’il trouva enfin le site recherché. Il n’avait jamais eu aussi dur à trouver quelque chose. Il nota le fichier du site, ainsi que les coordonnées utilisées pour le trouver, sur un fichier de traitement de texte. Il les coupla aux informations qu’il avait déjà d’avant.
    Il entreprit alors de regarder un peu le site, cherchant ce que ça pouvait être plus exactement. Ses lèvres se pincèrent lorsqu’il trouva une vidéo. Ses doigts se crispèrent et il appuya sur cet immense triangle qui semblait le narguer.
    La vidéo s’enclencha peu après. On pouvait y voir un boxer, les dents taillées. Il grognait, la bave aux babines. La caméra se bougea, se focalisant sur un berger allemand horriblement amoché.
    Combat de chien.
    Une chose était sûre : celui qui avait son loup lui paierait cela. Surtout que son pauvre Clairsemé n’avait aucun instinct meurtrier. Ni même ceux de chasseur en dépit de ce que toutes les croyances pensaient. Sans doute parce qu’il avait été élevé en « captivité » si on pouvait l’appeler de la sorte, à cause de lui.
    Hunter coupa la vidéo lorsqu’il vit le sang giclé. Il déglutit difficilement et ferma la page puis coupa l’ordinateur. Il le rangea dans son sac avant de commencer à manger son sandwich. Il lui restait un peu plus de deux heures avant de pouvoir rentrer à la maison. Il prit ainsi le temps de déguster son repas de midi, regardant ci et là.
    Il faudrait qu’il trouve cet endroit de combat de chien et qu’il y récupère son animal. Ça pourrait être rapide comme lent. Tout dépendait aussi de la fréquentation du lieu. Peut-être devrait-il se faire une identité quelconque. Se faire passer pour un amateur qui voulait parier.
    Ou pour un excentrique qui voulait une belle bête. Il ignorait exactement ce qu’il devrait et allait faire pour retrouver son canidé.
    En fait, si possible, il aimerait ne pas être trop sanguinaire. Par manque d’envie et parce que ce serait trop dangereux pour lui.

    En cet après-midi de lundi, Camile était à la banque, attendant son tour à l’instar d’une foule de personne. Il tapotait nerveusement le dos de son GSM . Il faisait tourner la carte bancaire entre ses doigts. Son souffle était assez calme mais quelque chose dans le bleu clair de ses yeux trahissait un stress enfui en lui. Il fit passer nerveusement ses clés entre ses doigts.
    La banque n’était qu’à quelques mètres de chez lui, ainsi, il pouvait y aller à pied. Ce qu’il faisait une fois la semaine habituellement pour récupérer ses extraits de comptes. Mais aujourd’hui, c’était encore différent. Il avait fait tous ses paiements vendredi, les courses samedi. Il ne savait pas s’il aurait encore assez d’argent sur son compte en banque. Même pour l’harmonica de sa fille.
    Pourtant, c’était si peu cher. À condition qu’on ne visait pas le dernier à la mode, high-tech et, à ses yeux, fort inutile.
    Il soupira quand ce fut son tour. Il approcha la carte de la fente comme si c’était un monstre béant. Il déglutit avant d’enfoncer le petit bout de plastique dans la machine. Celle-ci l’avala goulument avant de réclamer le code. Camile inspira de l’air une toute dernière fois puis pressa sur les quatre chiffres.
    Il regarda les diverses options et il s’obligea à pousser sur le bouton correspondant à « solde actuel ». Il pâlit en voyant le peu d’argent qu’il y avait dessus. Une vingtaine de misérables euros.
    Il ouvrit le clapet de son téléphone pour rapidement atteindre le numéro de quelqu’un. Il le porta à son oreille, attendant la fin des tonalités.
    - Allô ?
    - C’est moi…
    - Je sais que c’est toi. De combien as-tu encore besoin ? Soupira une voix traînante.
    - De pas beaucoup… Manolita aurait besoin d’un harmonica…
    Nollaig retint péniblement un soupir lorsqu’il entendit un rire moqueur dans son oreille. Par contre, il arrivait à être sourd aux soupirs de ceux qui attendaient pour atteindre la borne. Ils avaient pris tant de retard à cause d’un homme qui parlait avec sa petite copine au téléphone. Il pouvait ainsi comprendre leur dégoût mais tout de même, lui avait une réelle raison d’appeler.
    - Lorsque vous aurez fini de rire… Grinça Camile.
    - J’achète l’harmonica et je te verse cinquante euros. Mais il serait temps que tu apprennes à gérer ton budget !
    Camile entendit, avec un grand soulagement, la sonnerie qui lui indiquait que quelqu’un d’autre essayait de le joindre. Il pressa sur le bouton pour récupérer sa carte bancaire.
    - Attendez, j’ai un double appel, je vous laisserais m’insulter après.
    Il prit le bout de plastique, l’enfui dans sa poche puis s’éloigna de quelques pas. Il laissa ainsi sa place au suivant alors qu’il décrochait l’autre communication.
    - Allô ? Fit-il.
    - Camile Walgreave ?
    - Lui-même.
    - Paul Pêche, je suis le coach de l’équipe de natation.
    Camile se tendit en entendant ces mots. Qu’était-il arrivé à Hunter ?!
    - Venez-en aux faits. Supplia l’homme, inquiet.
    - Votre fils ne s’est pas présenté à l’entraînement.
    - Hein ? Fit, très intelligemment, Walgreave.
    Son enfant l’avait tellement supplié pour pouvoir faire de la natation chaque année malgré la peur que lui en avait.
    - J’ai été voir le secrétariat, ainsi, c’est en nos noms, que je vous informe que Hunter a déjà manqué deux jours d’école sans aucun motif d’absence.
    - Je vois… Merci. Je vais vous laisser.
    Camile raccrocha les deux conversations. Et ce malgré le fait qu’il savait que son autre interlocuteur lui reprocherait ce geste pendant des mois. Si pas des années.

     

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  • Écrit le 19/07/2015

     

    La Quand un chat de gouttière raconte sa vie d'aventures titre la couverture. On n'a jamais vu quelque chose de si erroné... Parce qu'on se retrouve dans une situation où le chat parle comme un Humain. Référence à la télévision alors qu'il est chez un Humain pour la première fois, métaphore avec des choses qu'il ne peut connaître (jet-ski par exemple) ou encore des incohérences à foison (Surcouf dit ne pas avoir d'horloge et ne rien connaître de l'heure mais passe son temps à donner des horaires) Sans oublier tous les sauts dans le futur (comme vous le verrez, ce sera la dernière fois ; je l'apprendrais plus tard ; etc.)

    Le style de l'auteur n'est pas mauvais en soi. Il est mauvais dans l'optique qu'elle joue un chat. Et que le chat est présenté de façon bien trop anthropomorphique. Il pense comme un Humain, plus préoccupé par son apparence contre chose, il passe d'un état animal à un état où il étale une science qui est techniquement impossible à avoir pour un animal...

    C'est rare que j'arrête un livre en cours de route, c'est plus rare encore que je l'arrête avant d'avoir atteint la moitié mais je n'aurais pas pu aller au bout de cette histoire tant elle m'énervait. Notez aussi la mère des chats qui s'amusent à leur dire comment elle s'est fait couvrir par plusieurs mâles. Et s'il est possible qu'une chatte accouche d'une portée où chaque père est différent, c'est un fait très rare que l'auteur aurait dû souligner au lieu de laisser entendre que c'était un fait commun...

     

    Petite note quant à la couverture qui présente un chat tigré gris alors que Surcouf est roux...


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  • 5
    Carmin.

     

    Hunter lança un regard à l’horloge. Le temps d’aller à l’école se rapprochait. Il pensa alors à faire quelque chose qu’il avis omis jusqu’à présent : vérifier qu’il n’avait pas de sang sur lui. Il espérait que s’il en avait, on avait pris cela pour du ketchup ou de la sauce tomate.
    Il sentit un long soupir quitter ses lèvres lorsqu’il remarqua des tâches sanguines sur son t-shirt. Il s’éloigna alors pour regagner la rivière. On n’avait pas le droit d’y descendre mais il y avait un endroit où l’eau touchait les galets, juste suffisant pour que les enfants y jouent sous la surveillance de leur parent.
    Ou, comme dans son cas, puisse faire un peu de lavement. Il vérifia qu’il n’y avait personne autour de lui puis ôta son haut. Il le mit dans l’eau claire et gelée commença à frictionner ses vêtements jusqu’à ce que toutes traces rouge eut disparu. Il étendit son t-shirt et attendit qu’il sèche. Il faisait assez froid et il espérait grandement ne pas se refroidir. Il ne tenait pas à inquiéter Camile avec quelconque maladie. Il lui causait certainement déjà assez d’appréhension.

     

    Lorsqu’il fut un peu plus de dix-sept heures, Hunter enfila son haut puis décida de rentrer. Pour faire un peu plus « vrai » il se rendit jusqu’à l’école puis fit volte-face et repartit vers la maison. Il perdait du temps, faisant du sport et donnait l’impression d’avoir été suivre ses cours. Mais il s’enfonçait aussi beaucoup plus dans les méandres des mensonges.
    Il s’arrêta devant une bijouterie pour regarder l’heure qui y était affichée : dix-sept heures vingt-six. Il pouvait vraiment rentrer à présent. Il se rendit alors jusqu’à l’immeuble. Il y entra grâce à ses clés et grimpa les escaliers à pied pour arriver encore plus tard et que Camile ne se doute de rien. Il devait être dix-sept heures trente-trois ou peut-être un peu plus, lorsqu’il arriva devant la porte de leur appartement.
    Il inspira de l’air puis ouvrit la porte. Il s’avança alors dans le salon, un sourire presque naturel aux lèvres.
    Camile était assis dans le divan, fixant la télé éteinte. Dès qu’il entendit la porte s’ouvrir, il releva la tête pour darder son fils de son regard plus inquiet qu’en colère. Même s’il avait voulu s’énerver, c’était l’angoisse qui avait gagné la bataille. Comme trop souvent.
    - Re-bonjour maman. Tu as passé une bonne journée ?
    - Non.
    - Non ? S’inquiéta Hunter.
    L’homme au foyer se leva et il croisa les bras. Il planta le ciel ennuagé de ses orbes bleu clair dans son océan encre.
    - Tu sais que l’école sait appeler les parents quand les élèves sèchent… Commença-t-il lentement. Par deux fois les cours ! Cria-t-il.
    Le petit malade couina. Le moment était venu de compter le nombre de mensonge qu’il pouvait dire à l’adulte. Il savait bien qu’il en proférait une quantité. Il pourrait aussi savoir après combien de ses calembredaines, « sa mère » commencerait à le détester exactement.
    Il pariait sur dix.
    Ce serait bien suffisant pour que Camile ne veuille plus jamais lui adresser la parole. Pour qu’il ne recherche plus le réconfort auprès de lui. Pour que demain soir, « sa mère » ne vienne pas le voir, anxieux, pour qu’ils partagent le lit ensemble.
    - Pourquoi ?! Pourquoi n’es-tu pas aller à l’école ?
    Parce qu’il devait se venger.
    - Pour rien, maman.
    Un.
    - Pour « rien » ? C’est une excuse valable ? Quitte à me mentir tu devrais essayer d’en trouver un qui ait le mérite d’être proférer !
    - J’en ai marre des cours.
    Ça, ce n’était pas tout à fait un mensonge.
    - Marre des cours… marre des cours ! Tu n’en as jamais eu marre des cours ! Et depuis une semaine, tu en as marre ?!
    - Oui… c’est moins passionnant…
    Ça, par contre, ça faisait deux. En Français et en informatique, la matière était particulièrement captivante.
    - Ce n’est qu’une passade ! Ça va revenir ! Tu sors… tu… il pourrait t’arriver des soucis ! Tu pourrais te blesser sans même le voir ! S’écria Camile en gardant toutefois une distance de sécurité entre eux.
    Hunter sentait sans mal que son parent avait envie de se jeter sur lui pour vérifier qu’il n’était blessé nulle part. S’il surveillait ses blessures potentielles, ils pourraient éviter une mort par hémorragie dont Junior ne se serait pas rendu compte.
    - Est-ce que c’est la même chose avec la natation ? Toi qui aimait tant ça ?!
    - Je n’avais pas envie aujourd’hui.
    Trois.
    - Où étais-tu ?!
    - Je me baladais.
    Et de quatre.
    - Tu te… tu… Qu’est-ce qui ne va pas ?! Une semaine que tu agis de la sorte ? Est-ce que tu as quelque chose à redire ?! Sur quoi que ce soit !
    - Non maman…
    Et de cinq. Puisqu’il ne supportait plus que Camile attende quelque chose qui n’arriverait plus jamais.
    - Tu… tu vas aller prendre ta température… vérifier que tu n’as de blessure nulle part, te doucher et aller dormir sans manger.
    - Oui maman. Chuchota-t-il.
    Il aurait voulu lui faire un bisou pour le rassurer, au lieu de quoi il se rendit dans sa chambre pour faire ce qu’on lui avait demandé.

     

    Hunter était assis à la table de la salle à manger-cuisine. Son sac était prêt à côté de lui, sur la chaise qu’utilisait habituellement Manolita lorsqu’elle était à la maison. Il n’osait pas dire un mot. Camile buvait sa tasse de café. Tout aussi noir depuis trois ans. Lui, il jouait avec ses œufs brouillés. Il avait déjà vérifié ne pas s’être arraché d’ongle dans son sommeil, ne pas avoir perdu de dent, de ne pas avoir d’ecchymose et d’avoir une température normale. Ainsi, normalement, il ne devrait pas être malade. Il allait au mieux et il était prêt pour une journée d’école.
    Le souci étant là : il ne voulait pas aller à l’école. Il avait encore tellement de chose à faire pour son loup !
    - Mange.
    La voix de Camile était un peu froide. Hunter comprenait que son parent soit moins gentil avec lui. Il supposait qu’il l’avait mérité. Le mensonge était probablement la seule chose que l’adulte détestait profondément.
    L’insensible à la douleur se décida finalement à prendre son petit déjeuner. Puisqu’il savait que la température de sa nourriture était optimale, l’homme au foyer y faisait toujours attention. Il tira le journal à lui pour le lire. Mangeant son petit-déjeuner, il feuilleta les nombreuses pages.
    Il crut s’étouffer lorsqu’il reconnu un appartement. La seule chose qui avait changé c’était la marque du corps faite à la craie. Il avala une gorgée de jus d’orange pour faire passer un morceau de pain grillé.
    Il entama alors la lecture.

    « Assassinat dans un lieu oublié de tous.
    La police a été alertée par des sans domicile fixe durant la nuit. Ils se plaignaient d’une odeur incommodante à cause de la pourriture et du radiateur et d’un écoulement d’eau qui descendait le long des murs.
    C’est ainsi qu’après une intervention des pompiers, la police est arrivée dans cette petite rue qui tient de l’impasse plus que de la rue. Jadis prospère, ce n’est plus que l’ombre de son ombre. Un nid à parasite.
    C’est ainsi qu’ils ont découvert le corps d’Armand S., 27 ans, criminel multirécidiviste traqué par la police depuis maintenant quatre ans.
    Le monde peut s’estimer heureux que cette vermine soit retournée six pieds sous terre.
     

    Julie Holmes »

    Hunter termina son repas d’une bouchée. Il referma le journal et attendit que Camile aille dans le salon. De petite humeur, il ne prit pas la peine de chercher après des tupperwares restant. Ainsi, il se dirigea vers la poubelle afin d’y vider le plat « de son père ». Il fixait la nourriture disparaître dans le sac noir, la gorge serrée. Avec les difficultés qu’ils avaient, surtout en ce moment, un tel gâchis lui écrasait le cœur au point qu’il en avait la nausée.
    Si seulement Camile pouvait arrêter de croire à ces ridicules fantômes…
    L’adulte revint dans la cuisine-salle-à-manger, sa veste sur les épaules. Il avait son portefeuille son GSM et ses clés.
    - Prêt ? Questionna l’homme.
    - Oui.
    Son parent lui tendit la main. Hunter serra les dents avant de se lever. Il lui prit la main et se laissa entraîner en dehors de l’appartement. Il observa Camile verrouiller la porte puis ils descendirent par l’ascenseur. L’adolescent suivit le mouvement jusqu’à ce qu’ils arrivent finalement à l’école. Sa main enserrait toujours celle de sa « mère ». Il se sentit un peu plus gêné lorsqu’ils arrivèrent aux abords de l’établissement scolaire.
    Le malade aurait tellement voulu pouvoir fuir. Il savait qu’il allait devoir supporter les brimades de ses « camarades » de classes à présent. Il risquait de devenir « le petit chéri à son papa ». Après tout, pour les autres Camile était son père. Il n’était pas tout à fait sûr qu’un tel ressortis l’aiderait à vouloir continuer à suivre les cours.
    - On y est… va à l’école. Et ne te fous pas de ma gueule ! Je suis prêt à faire le pied de grue ici toute la journée ! Et tu le sais !
    - Oui. Je serais sage maman… tu peux rentrer à la mai…
    - Je pense vraiment à attendre. Jusqu’à ce que je puisse à nouveau te faire confiance.
    Nollaig lâcha sa main. L’adolescent s’éloigna de quelques pas. Il se rendit alors jusqu’au bâtiment. Il faudrait qu’il trouve un moyen quelconque pour pouvoir venger Clairsemé. C’était son seul moteur en ce moment. Il savait que sa « mère » ne voulait pas volontairement lui retirer tout ça.

     

    L’être que Hunter s’entêtait à appeler « Dieu » était dans la rue. Il flânait en regardant l’eau qui coulait dans la rivière. Il avait le nez en l’air alors qu’ils passaient dans les allées d’immeubles. Il avait un sourire aux lèvres lorsqu’il voyait des couples enlacés ou encore des enfants qui couraient.
    Il aimait la joie qu’il y avait dans les rues par ces belles journées. Même en automne. Même quand l’hiver était à leur porte. Il pensait à sa tenue si courte. Il ignorait comment il tiendrait dans cette froideur. Il aimait la beauté pure de la neige, elle était si rassurante. Mais il connaissait le froid. Il se doutait de la morsure qui accompagnerait la rêverie hivernale.
    Pour l’instant, il pouvait encore s’amuser, s’émerveiller de la beauté humaine. Il savait que, inversement, l’humanité pouvait être horrible. Mais il y avait tant de chose merveilleuse à voir à côté de cela !
    Il se figea quand une douleur virulente traversa sa cuisse. Il couina et baissa le regard. Tremblant, il remarqua des marques se créer dans sa peau et sa chair. Quarante-deux marques bien nettes. Vingt-et-une au-dessus et, en effet miroir, les mêmes.
    Le sang s’en écoula en long filet, tout à coup. Un sourire pénible passa sur les lèvres de l’ingénu. Il ferma les yeux alors que la douleur continuait de le vriller inlassablement.

     

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  • Écrit le 08/08/2015

     

    Geisha de Arthur GoldenCe voyage m'a assez plu dans la globalité. Si tous les évènements s’enchainent avec une certaine facilité et que notre héroïne voit tout ce qu'elle souhaite se réaliser, rien ne lui tombe tout cru dans le bec. Elle doit faire quelques efforts, doit se rallier à l'avis de sa grande-sœur, etc. Certes, on voit vraiment qu'elle ne peut rater, on réalise que chaque action DOIT arriver à ses fins mais ce n'est pas trop désagréable car chaque chose à une explication correcte.

    Les personnages font très vrais tant dans leur caractère que dans leur physique ou, pour une fois, on ne trouve pas que des personnages beaux. Même dans les Geishas ne sont pas, comme par miracle, sublime.

    L'histoire semble très bien renseignée et on a l'occasion de découvrir de nombreuses choses. Malheureusement, les explications sont longues et surviennent un peu trop souvent, même à des moments inopportuns, ce qui nous casse notre lecture. Je reproche aussi le fait que l'auteur passe son temps à mettre entre guillemet les termes japonais et ça fait bien vite beaucoup de guillemet et fait une mise en page très désagréable...

    Petit aparté sur l'héroïne... au fil de l'histoire, elle devient de plus en plus insupportable et prétentieuse, je trouve. À la fin, elle m'énervait et me semblait plus qu'incohérente. J'ai été tout à fait ravir de finir l'histoire pour ne plus avoir à la supporter...


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  • Écrit le 13/08/2015

    Ma vie de Geisha de Mineko IwasakiJ'ai commencé cette histoire avec une certaine excitation, tenant à achever mes informations sur le milieu pour une nouvelle à venir. J'ai été déçue...

    La première chose que j'ai faite lorsque j'ai eu fini le livre (après avoir dormi !) fût de vérifier que cette Geiko (pour reprendre ces termes) existait bien. Parce que son histoire était emplie d'une irréalité dérangeante. Elle réussit presque tout ce qu'elle entreprend, elle agit contre les règles des geikos qu'elle vient de donner mais rien ne lui arrive. Malgré le fait qu'elle s'en prenne à ses clients, qu'elle est désobligeante... Et sur le fait de sa désobligeance, j'y reviens... L'histoire m'a énormément déplu par le caractère de ce personnage. Sûre d'elle, hautaine, mauvaise... J'ai eu plus d'une fois envie de lui donner des baffes. Surtout lorsqu'elle donnait des ordres à tout le monde dans sa jeunesse...

    J'ai été troublé par le manque de temporalité de l'histoire. Plus d'une fois, l'auteur revient en arrière sur un point, puis va dans le futur avant d'enfin revenir dans le présent. À un tel point que lorsque je lisais, j'avais un détachement constant ignorant qu'elle âge elle avait, où elle en était dans sa formation, etc.

    Bien que je connaisse l'univers, que je m'y connaisse dans le Japon, leurs us, leurs coutumes et, surtout, leurs noms, j'ai été constamment perdue. Certaines dénominations utilisées changeaient (comme le nom des "okobos" qui s'appellent autrement la première fois qu'on en parle).


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