• Chapitre 7 : Itzal.

     

                Ivan Junior sautillait devant ses parents, fier de ne plus porter ses immondes lunettes. Surtout qu’elles étaient toujours plus sales que propre, peu importait le nombre d’effort qu’il faisait pour que ce soit l’inverse. Pouvoir voir ainsi était merveilleux pour lui. Mais ses parents étaient assez circonspects. En tant que scientifique, il ne pouvait que voir les faits : leur petit Ivan ne pouvait pas avoir récupérer sa vue en une nuit, ainsi.

    - Qu’est-ce tout ce raffut ? Soupira Vladimir.

                Le bruit de sa canne résonnait dans les couloirs en taule.

    - Il y a quelque chose qui cloche depuis qu’on est ici. Dit Ivan-Père.

    - Quoi donc ? Soupira-t-il en callant sa canne pour se frotter les tempes.

    - Et bien regardez Ivan…

                Vladimir regarda l’enfant. Il fronça les sourcils en remarquant que le garçonnet ne portait plus ses lunettes.

    - Il s’est blessé ? S’enquit-il d’un ton traînant, ennuyé.

    - Il voit !

                Vladimir toussa dans sa main et avisa l’enfant qui sautillait de nouveau sur place. Il prit dans sa poche une boîte et il en tira une gomme à mâcher de nicotine. Il ne pouvait fumer en ce lieu, trop de risque, mais il pouvait toujours s’injecter ses doses.

    - Parfaitement. Insista Antonina.

    - Je vois…

    - Exactement ! Sourit le jeune Ivan.

                Il reçut un regard presque mauvais de la part du chef de cette mission. Il toussa encore dans sa main, manquant de peu de cracher sa gomme de nicotine.

    - Ivan, retourne dans ta chambre. Dit Antonina en lui caressant la tête.

                Le garçonnet opina et il s’empressa de partir vers sa chambre. Ivan-Père s’approcha alors du chef de mission.

    - N’est-ce pas lié ? Ce garçon, venant d’une planète qui nous asphyxie respire notre air. Il reste en présence de notre fils et notre fils retrouve une vue parfaite. Nous nous sentons tous plus léger depuis qu’il est là…

                Vladimir se passa la main sur le visage, réfléchissant tout en mastiquant sa gomme. Oui, cette planète était étrange. Il devait faire quelque chose.

                Pour la science.

     

                Itzal se réveilla en sursaut dans son lit, avec l’impression de ne plus savoir respirer. Il porta sa main à sa gorge. Il récupéra difficilement de l’air. Chaque inspiration semblait prendre tout oxygène dans la pièce.

                La porte s’ouvrit a la volée sur Ivan, tout sourire. L’autochtone retrouva tout à coup la capacité de respirer normalement. Il sourit faiblement, ses lèvres étant d’un gris très pâle presque blanc.

                Il se pencha et prit les lunettes d’Ivan dans ses mains pour les lui tendre.

    - Это любезно, но я не нуждаюсь в больше мой lunettes.

                Itzal fronça les sourcils. Ivan reprit les lunettes qu’il posa sur la table de chevet. Il s’assit à côté de lui et commença à lui parler avec animation, souriant de toutes ses dents. L’autochtone le regardait sans rien dire. Il souriait toutefois légèrement, attendant que vienne le moment où son ami lui apprendrait des mots. Ils ne se connaissaient pas depuis longtemps, mais il éprouvait de l’affection pour lui.

                Alors qu’il parlait, il ne pouvait toutefois s’empêcher de penser à ses parents. Il se demandait quand est-ce qu’ils viendraient les chercher. Peut-être qu’ils tardaient parce qu’il pleuvait a l’extérieur. C’était certainement ça la raison. Laquelle est-ce que ça pouvait être sinon ?

                Ces personnes étaient gentilles, elles ne pouvaient qu’attendre avec lui le retour de ses parents. Ils avaient certainement voulu le protéger de la pluie.

     

    - … Et j’aurais voulu être cascadeuse ! Termina Lena, toujours à peine vêtue d’un soutien-gorge et de son jeans.

    - Ça aurait fonctionné. Sourit le scientifique, le regard lorgnant sur les attributs de la femme.

    - Borislav Yourivitch !

                L’homme releva le visage, surpris d’être interpellé de la sorte. Lena tourna également la tête, piochant dans son sachet marqué « contient des oléagineux ».

    - J’ai besoin d’une prise de sang.

    - Pour vérifier l’état de votre cancer ? S’enquit Borislav.

                Vladimir se mit la main sur le visage, contrôlant sa respiration comme il le pouvait. Pourquoi l’avait-on envoyé en mission avec une bande de personne stupide de la sorte ?

    - Pas pour moi. Pour ce garçon ! Il faudra l’analyser au plus tôt. Le sang. Précisa-t-il d’un ton peu aimable.

    - Oui, tout de suite. Qu’est-ce que vous chercher ? Demanda Borislav.

    - Le petit Ivan Ivanovitch est capable de voir depuis qu’il est resté avec lui. Il a peut-être un virus en lui.

    - Mais un virus bénéfique alors. Releva Lena.

    - Oui… Nous devons savoir ce qui constitue exactement ce garçon. Nous avons peut-être fait la plus belle découverte au monde. Nous aurons des prix Nobels et nos noms dans les revues scientifiques. Fantasma Vladimir.

                Borislav et Lena se dévisagèrent, un sourire étirant leurs lèvres jusqu’à leurs oreilles. Qui ne rêvait pas de marquer l’histoire, de devenir célèbre et riche ? Peut-être le deviendraient-ils. Ce qui était le plus merveilleux, c’était que ce serait chose faite par la chance.

                Juste par la chance.

     

                Ivan et Itzal sursautèrent lorsque la porte s’ouvrit rapidement. Borislav s’entretint avec l’enfant un moment avant de venir vers l’autochtone. Celui-ci regarda l’un de ses conquistadors avec un air soucieux. Il se sentait bien avec Ivan parce qu’il semblait avoir son âge mais ces adultes étaient un peu inquiétants. Ils parlaient forts et jamais directement a lui.

                Bien sûr, puisqu’ils ne savaient pas communiquer, c’était compréhensible mais Ivan essayait au moins de former un dialogue. Ça le rendait plus aimable.

    - Itzal, Он хочет брать вас некоторая кровь.

                Le garçonnet hocha simplement de la tête. Il regarda vers l’homme qui tenait dans sa main des seringues. Borislav sourit puis il vint prendre le bras de l’autochtone. Il planta l’aiguille dans son bras et il lui prit cinq fioles de sang. L’extra-terrestre ouvrait des yeux ronds en regardant le liquide carmin sortir de ses veines.

    - Спасибо. Dit l’homme avant de partir.

                Itzal lança un regard d’incompréhension vers son ami. Ivan sourit et il lui donna la bouteille d’eau.

    - Merci… Chuchota l’enfant en se frottant le bras.

                Ivan agita le doigt.

    - Спасибо. Merci.

                Itzal sourit de toutes ses dents. Il était ravi que son ami et lui apprennent les mots de l’un et de l’autre.

     

                Vladimir toussa dans son poing. Il grommela avant de mettre un casque qui lui donnait un aspect de scaphandrier. Il espérait ne plus tousser lorsqu’il serait dedans pour ne pas causer des problèmes. Si ce casque n’était pas foncièrement utile, il préférait ne pas prendre de risque. Il allait faire des expériences sur le sang d’un alien après tout !

                Il prit un lotus et fit tomber quelques gouttelettes rouges dessus. Il s’attendait à tout : le voir flétrir, fondre ou autre idée abracadabrantes.

                Mais il ne se passe strictement, si ce n’était que les pétales blancs devinrent rouges. Il prit alors d’autres gouttes pour les mettre entre deux plaquettes et pour les observer sous le microscope.

                Il y avait là les mêmes composants que dans le sang de n’importe quel humain. Sauf un. Un petit globule jaune.

                Vladimir l’extrait alors et commença ses recherches.

     

                Vladimir siffla lorsqu’il resta bredouille. Il sentait ses poumons comprimés. Il retira son casque et le posa à côté. Il ne put s’empêcher de tousser. Il grogna puis regarda à nouveau dans le microscope. Quelle ne fut pas sa surprise de voir les globules jaunes réagir. Ils se mirent à gonfler, gonfler, gonfler et…

                Des molécules d’oxygènes et d’hémoglobines se retrouvèrent sous les plaquettes. Il y avait également des globules gris qui se mirent à attaquer d’étranges petites particules qui s’étaient glissé sous les plaquettes lorsqu’il avait toussé. Il ouvrit de grands yeux surpris.

    - C’est… J’ai trouvé…

                Vladimir sourit de toutes ses dents.

    - J’ai trouvé la panacée !

                Il sortit de la pièce et passa dans les couloirs.

    - Nous rentrons sur Terre ! Nous rentrons sur Terre et nous serons des héros ! Cria-t-il.

     


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  • Chapitre 8 : Planète Terre.

     

                Le président Gleb Kirovitch Krylov attendait l’arrivée de la fusée, trépignant d’impatience tout en ne le montrant pas. Il n’aurait pas voulu que les autres dirigeants s’en rendent compte. La plupart des dignitaires des autres nations étaient ici. Le président Joanna Smith des États-Unis d’Amérique, le roi Léopold IV de Belgique, le président Julien Dubois de France et le roi Esteban Castille en Espagne. Pour les autres, il s’agissait surtout de haut dirigeant, comme des premiers ministres ou des premières Dames ou premiers Hommes.

    - Ça y est ! Glapit Gino Tortilli, le représentant de l’Italie.

                L’ayant dit dans sa langue natale, peu comprirent mais l’idée était bien perçue par tout le monde. En effet, cette situation était tellement abracadabrantesque, tellement merveilleuse qu’ils ne pouvaient qu’être impatient.

                En l’an 3751, c’était finalement le toute premier contact avec l’espace. Ils frémissaient tous d’impatience. Cela faisait presque deux milles ans que leur peuple attendait cela, s’imaginant monts et merveilles. Au lieu de quoi, c’était eux, eux qui avaient le droit à cette merveille. Après cinq guerre mondiales, dont une nucléaire. Avec un déclin de toute la population pour que finalement, ils reviennent à une vie plus belle. Ils avaient dû traverser des pandémies, des pannes d’électricités dans tout le monde, subi des catastrophes et des créations de pays avant de finalement en arriver là.

                Enfin.

    - Il faudra absolument qu’on lui apprenne l’anglais. Décréta Joanna, dans sa langue natale, en remettant ses lunettes en place.

    - Comment ?! Protesta le premier ministre Wuhang Li dans la même langue. Il a été établi que notre langue était toujours la plus parlé au monde ! Il devrait apprendre notre langue !

    - Le français est la deuxième langue mondiale ! S’enorgueilli Léopold.

    - J’approuve le français. S’empressa d’enchérir Julien.

    - Je ne vois pas pourquoi ce n’est pas l’espagnol ! Grinça le roi Castille.

                Le chef du gouvernement Karim Habibah toussa fortement dans son poing.

    - Notre peuple est en troisième lieu. Il y a bien plus de mérite que nous lui apprenions l’arabe que l’espagnol !

    - Je vous en prie ! Protesta Gleb.

    - Vous allez propose qu’on lui apprenne le russe ? S’enquit Gino Tortilli.

                Le président Krylov secoua la tête avant de continuer la discussion en sumérien :

    - Voici la langue que nos anciens ont décidés que nous devrions tous apprendre. Voici la langue qui nous a permis de finalement vivre en « paix ». Je pense que l’alien devrait l’apprendre. C’est ce qui prouvera qu’il est unifié à tous nos pays.

    - Mais vous espérez tout de même qu’il suive sa formation ici, n’est-ce pas ? Questionna Julien.

    - Ils arrivent… Dit Gleb. Nous parlerons de tout cela plus tard.

     

                Itzal était assis sur le lit qu’il partageait avec Ivan. Il regardait la petite fiche qu’il lui montrait. Il y avait là un oiseau que le jeune garçon n’avait jamais vu puisque ça n’existait pas dans son monde. Un goéland.

    - Чайка.

                Élève studieux, Itzal opina et répéta le mot. Il avait un étrange accent mais il réussissait à parler cette langue qui restait toujours aussi étrange pour lui.

                Un bruit résonna dans les haut-parleurs et Ivan redressa la tête. Il fronça les sourcils puis sourit à son ami qui avait, sur le nez, les lunettes de son camarade. Il les gardait tout le temps bien qu’il n’en ait visiblement pas besoin.

    - Itzal, Возложитесь avec moi.

                Le garçon plissa les yeux mais opina. Il prit la main d’Ivan. Lequel l’emmena à sa suite dans les couloirs jusqu’à une étrange salle où il y avait là des vêtements couverts de fourrures.

    - Пальто. Expliqua Ivan.

                Itzal opina, comprenant sans problème « manteau ». Il toucha un des crochets qui soutenaient les habits.

    - Crochet. Sourit-il.

    - Oui, crochet !

                Ivan le prit dans ses bras en souriant.

    - Tu знаете как помещать его seul ?

    - Oui.

                Itzal n’avait pas tout compris mais ça suffisait. Il enfila le manteau et attacha les boutons sans mal. Ivan s’apprêta également et il lui prit à nouveau la main. Le garçon suivit son ami lorsqu’ils repartirent pour rejoindre Lena, Borislav, les Ivanov et, bien sûr, Vladimir. Ils parlaient tous avec animation. Le garçon était capable de comprendre quelques mots mais pas tous.

    - Quand est-ce que je reverrais ma maman ? Demanda Itzal.

                Antonina regarda vers son fils. Lequel se fit un grand plaisir de traduire la phrase au mieux. Comme son ami, il ne comprenait pas encore tout mais bien l’essence même de la phrase.

                La femme pinça les lèvres et caressa tendrement les cheveux de son fils. Elle prononça des mots qu’Itzal ne comprit pas. Par contre, il était capable de comprendre ce que voulait dire se secouement de tête. Il se décomposa alors.

                Jamais ? Il ne reverrait jamais sa mère ?

                Les larmes se mirent à rouler sur ses joues. Il sanglotait sans pouvoir s’interrompre. Ivan sursauta et lui frotta le dos en essayant de le réconforter. C’était difficile, surtout quand celui qu’on essayait de soulager ne comprenait qu’un mot sur cinq.

                Les portes du vaisseau s’ouvrirent. Il y eut des cris de liesse à l’extérieur. Itzal se recroquevilla d’autant plus dans les bras de son ami, redoublant de pleur et de peur. Ivan lui serra la main.

    - Maman ! Он испуган!

    - Je sais ! То что вы хотите, который я делаю?

    - Maman !

                Itzal poussa un cri en voyant arriver vers lui une femme qui tendait un micro. Il se blottit dans les bras d’Ivan en pleurant de plus belle.

                Antonina s’empressa de s’avancer vers la journaliste pour répondre à ses questions en espérant qu’elle laisserait tranquille les enfants. Pourtant, elle savait bien qu’elle, comme tout le monde, ne rêvait que de pouvoir en apprendre plus sur cet alien. Il était d’ailleurs indéniable qu’il était un extra-terrestre. Peau grise, oreilles pointues, yeux or-beige, cheveux verts et cet étrange losange rouge sur son front. Ça rappelait les ornements indiens. Ainsi la première ministre Priya Raj s’en sentait enorgueillie.

                Vladimir s’avança, claudiquant toujours sur sa canne. Il cria quelque chose. Le silence s’installa. Itzal se sentit soulagé et se blottit un peu plus contre Ivan qui lui caressait le dos. Gleb sourit et s’avança. Il vint serrer la main de Vladimir avant de sortir un paquet de cigarette qu’il donna à l’homme. Celui-ci s’empressa d’allumer un bâtonnet et de tirer une longue bouffée.

    - Aaaaaaah. Souffla-t-il en expirant la fumée. Ничто лучше что cigarette.

                Il serra encore la main de Gleb pour se tourna vers Itzal.

    - Petit ?

                Habitué d’être appelé de la sorte par Vladimir, Itzal releva les yeux. Il essuya péniblement ses yeux. Ivan-Père vint mettre ses mains sur l’épaule de chacun des enfants. Vladimir se pencha sur lui avant de se frotter le visage. Il regarda le jeune Ivan et lui parla rapidement. Le garçonnet hésita avant de se tourner vers son ami.

    - Ivan Ivanovitch Ivanov. Dit-il en se montrant. Toi ?

                Itzal renifla en essuyant son nez d’où s’écoulait une morve jaunâtre.

    - Itzal Ailydis…

    - ITZAL AILYDIS !! Rugit Vladimir en désignant l’enfant.

                Itzal gémit de plus belle alors que les dignitaires et la journaliste s’intéressait à nouveau à lui.

     

                Vladimir se tourna vers les Ivanov. Le jeune Ivan était déjà rentré dans la petite maison avec Itzal avec lui. L’homme s’obligeait à afficher un sourire pour ce couple. Il avait toujours une cigarette fumante à la main.

    - Ils l’adorent. Ils veulent qu’il apprenne le sumérien. Je compte sur votre fils !

    - Il lui apprend déjà le russe. Il faut bien prendre le temps qu’il sache correctement nous parler avant de lui apprendre toute autre langue. Protesta Ivan.

    - Je suis officiellement son tuteur légal, c’est à moi de décider ce qu’il en est. Protesta Vladimir.

    - Ivan fait ce qu’il peut. S’écria Antonina.

                Vladimir tira encore une longue bouffée de cigarette qu’il éjecta. La femme toussa dans sa main.

    - Ne nous envoyer pas votre poison dans le visage ! Protesta-t-elle.

                L’homme ne lui accorda qu’un bref regard et, sans se soucier d’elle, il tira une nouvelle bouffée.

    - L’habilitation d’Itzal ne peut pas durer longtemps. Le monde le veut. Ce garçon va avoir tout ce dont il a besoin.

    - Et son tuteur va devenir riche comme crésus. Grinça Ivan.

    - Ne m’insultez pas ! Cria Vladimir.

                La porte de la petite maisonnée s’ouvrit sur le jeune Ivan qui affichait un petit sourire. Sa mère vint le prendre dans ses bras et le serra tout contre lui avec une douceur infinie.

    - Il dort.

    - Bien, mon chéri.

    - Ivan Ivanovitch… tu t’entends bien avec ce garçon, n’est-ce pas ?

    - Itzal est mon ami. Mon seul ami. Alors c’est aussi mon meilleur ami. Sourit Ivan.

    - Voudras-tu venir le voir souvent ?

                Les yeux du garçon pétillèrent et il regarda ses parents. Ceux-ci n’eurent pas le cœur à lui dire « non ». Ils échangèrent pourtant un regard pour être sûr qu’ils étaient d’accord. Mais ils savaient, tous deux, que Vladimir n’était d’accord que parce qu’il avait besoin d’un traducteur.

    - Bien ! Je t’attends demain au plus tôt Ivan Ivanovitch !

                L’intéressé opina vivement, ravi.

                Vladimir lui ébouriffa les cheveux puis il rentra dans sa demeure qu’il ferma derrière lui. Il grimpa difficilement les marches de la demeure pour regagner le premier étage. Ça faisait longtemps qu’il songeait à acquérir une maison plain-pied. Ses vieilles jambes n’étaient plus capables de faire tous ces efforts. Surtout depuis cette blessure à la hanche.

                Il poussa la porte de la chambre d’ami. Elle serait maintenant celle d’Itzal. Le garçonnet dormait dans les draps bleus dans cette pièce impersonnelle qui n’avait qu’un mur et un tapis blanc. Ainsi qu’une petite armoire étriquée, une commode à deux tiroirs et une table de chevet où il avait posé les lunettes d’Ivan.

                Vladimir s’assit sur le bord du lit et il regarda le garçonnet qui avait toujours les yeux couverts de larmes.

                Un sourire étira ses lèvres.

                Un sourire qui n’indiquait rien de bon.

     


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  • Chapitre 9 : Être humain

     

    - Où est Itzal ?

                Aurea manqua de fondre en larmes lorsqu’elle entendit cette question qu’on lui posait trop souvent. Elle posa un baiser sur le front de sa fille, l’aida à bien s’installer sur l’oreiller puis elle quitta la chambre. Elle regagna la cuisine, où Boule de suie mangeait son plat dans sa gamelle, se laissa tomber sur une chaise et, enfin, laissa la tristesse l’envahir.

                Amator, qui se tenait non loin de là, se hâta de rejoindre sa femme pour la prendre dans ses bras avec tendresse. Il lui caressa les cheveux et embrassa son front.

    - Ça va aller ma chérie.

    - Ça va aller ?! Itzal n’est plus là ! Suis-je la seule à m’être rendue compte qu’il n’était plus là ?!

    - Non, je sais qu’il n’est plus là. Mais nous allons finir par le retrouver. C’est déjà arrivé plus d’une fois. Tu connais ces histoires d’enfants kidnappés.

    - Mais ont-ils été kidnappés dans des noivas si étranges ! Il n’est pas partit vers les lignes de noiva ! Mais vers l’espace ! L’as-tu vu ? Siffla-t-elle.

    - Non… je n’étais pas là. Avoua son mari.

                Il prit une cigarette dans sa poche et il l’alluma nerveusement. Il tira une longue bouffée.

    - Un mois que nous n’avons plus de nouvelles de Maurus non plus. Releva-t-il en prenant place au côté de sa femme.

    - Cet abruti ?! Siffla-t-elle. C’est de sa faute si Itzal a été enlevé et il n’a même plus donné signe de vie depuis un mois ! UN MOIS !

    - Je sais, ma chérie… Je vais aller voir ce qu’il en est… Immédiatement. Cela te convient-il ?

                Elle opina faiblement. L’homme sourit et posa un baiser sur son front avant de s’éloigner vers la porte. Il prit son manteau, l’enfila, lança un dernier regard à sa belle puis sortit de la maison. Dans ce vent frais nocturne, Amator s’empressa de regagner la maison de Maurus. L’avantage qu’ils soient voisins était qu’il ne devait pas aller trop loin.

                Il sonna à la porte et attendit qu’il vienne lui ouvrir. Même en conflits, jamais l’apothicaire ne l’avait laissé dehors. Il s’était toujours montré très accueillant. Et ce même s’il lui avait pris la femme de sa vie. C’était peut-être une des raisons qui poussait Amator à vouloir que leur ami redevienne ce qu’il était. Il avait toujours été dans l’ombre, veillant sur eux en attendant son heure, mais pas d’une façon inquiétante, tout du contraire. Même si, à la base, Amator était sorti avec Aurea pour les mauvaises raisons, ils n’en seraient pas là sans lui.

                L’homme lui était reconnaissant pour ça.

                Un vent frais s’éleva faisant claquer les pans du manteau d’Amator. Il soupira et sonna encore en tirant une bouffée. Que faisait Maurus ? Il n’était tout de même pas en droit de leur en vouloir, lui.

                N’ayant toujours pas de réponse, Amator prit sa clé et il rentra dans la maison. Il ferma derrière lui et alluma la lumière. Il n’y avait que la pénombre. À cette heure, il était possible que l’apothicaire dorme mais c’était tout de même rare.

    - Maurus ?! Appela-t-il.

                Aucune réponse.

                Il entendit par contre le bruit de l’uae qui coulait depuis un robinet. Il se rendit dans la cuisine et coupa l’arrivée, empêchant le liquide noir de s’échapper des canalisant. Un éclair vert traversa l’air accompagné d’un bruit assourdissant. Amator serra les dents : Il allait pleuvoir.

                Un autre éclair frappa le sol, éclairant le salon. L’homme lâcha sa cigarette en voyant un corps suspendu dans le vide.

     

                Assis à son bureau, Itzal avait les yeux rivés sur la fenêtre, tenant entre ses doigts le bout de carbone qu’il avait libéré du crayon gris que lui avait offert Vladimir. Le jeune garçon supposait que son tuteur le prenait vraiment pour un somptueux cadeau alors que sur sa planète, il y en avait partout. Mais Itzal n’avait pas voulu vexer le vieil homme.

    - Itzal !!

                L’alien se leva de sa chaise et il s’empressa de rejoindre l’homme en bas des escaliers. Celui-ci s’obligea à afficher un sourire pour avoir l’air plus gentil. Itzal avait vite remarqué que l’homme faisait souvent ça. Mais il trouvait son sourire encore plus inquiétant.

    - Viens, je dois aller à l’hôpital. Ce sera ta première vraie sortie ! Encouragea-t-il.

    - Sortir ? Répéta Itzal dans sa langue natale. On ne peut pas, il pleut.

                L’homme fronça les sourcils avant de se saisir de lui par le poignet. Il ouvrit la porte et l’entraîna à l’extérieur. Le garçon poussa un cri, effrayé. Il ferma les yeux alors que la pluie s’abattait sur eux. Il tremblotait sur place, s’attendant à souffrir comme on le racontait toujours. Il eut une pensée pour sa mère, son père et sa sœur.

    - Itzal, viens. Dit l’homme en l’attirant à sa suite.

                Le garçonnet rouvrit les yeux et il leva la main. À sa grande surprise, il ne se passa rien. Il était juste mouillé. Certes, puisqu’il pleuvait averse, son t-shirt lui collait à la peau mais rien de foncièrement désagréable.

                La bouche entrouverte, il suivit son tuteur. Lequel l’entraîna à sa suite vers l’hôpital désigné plus tôt. Intrigué, Itzal regardait partout. Il s’émerveillait toujours de voir ses nuages blancs, et pas roses, ou ses herbes d’un beau vert au lieu de leur rougeur habituelle. Il était toujours déçu, par contre, de ne pas trouver un seul champignon. Lui qui les aimaient tant.

                Ils passèrent devant une boutique d’antiquaire qui vendait un magnifique mp3 « comme neuf » turquoise. Le garçon continua de regarder partout, intéressé. Ils finirent bientôt par arriver devant l’hôpital qui était noté « Laïque » par une grande plaque en lettres dorées.

                Ils rentrèrent dans l’endroit où un homme d’entretien se tenait, souriant à tout le monde. Il fourbit à nouveau le sol de sa serpillière lorsqu’ils furent passés. Un système de baffle diffusant Made in Normanie en boucle et à tue-tête. Au troisième millénaire, cette chanson était devenue plus que populaire.

                Vladimir partit vers le secrétariat et il s’adressa à une jeune femme avant d’entraîner l’enfant à sa suite dans les couloirs blancs. Itzal regardait partout autour de lui, se sentant étrangement bien.

                Ils arrivèrent bientôt dans un grand couloir où l’homme fit s’asseoir l’enfant. Il discuta avec une nouvelle secrétaire. Celle-ci regarda derrière lui et sourit.

    - Est-ce lui ? L’extra-terrestre.

    - Oui, c’est Itzal, mon pupille.

    - Puis-je aller lui parler ?

    - N’avez-vous pas un travail à faire ? Comme m’introduire auprès de Dimitri Sergeïvitch ?

    - Oui, pardon.

                La femme baissa la tête puis entraîna l’homme avec elle dans une pièce attenante. Elle resta absente moins de deux minutes avant de revenir. Elle prit quelque chose sur le comptoir puis se pencha vers Itzal qui regardait le sol.

    - Bonjour ?

                Le garçon redressa la tête. Il sourit à la femme qui lui tendit une sucette rouge.

    - C’est pour toi.

    - Merci. Dit-il, dans sa propre langue.

                La femme en fut troublée, ne comprenant pas ce mot. Mais elle lui donna tout de même la friandise avant de retourner derrière son comptoir. Elle ne pouvait s’empêcher de le regarder, fasciné.

                Une petite fille, toute chauve, sortit de sa chambre et elle s’avança vers Itzal qui ouvrait la sucette. Elle le regarda de ses grands yeux et sourit. Elle l’avait vu à la télévision.

                Itzal tourna la tête vers elle. Il sourit et il lui donna la friandise. Celle-ci s’en empara, les yeux brillants. Le garçon lui prit le poignet. Sur son front, un losange rouge se mit à briller d’une douce lueur.

     

                Dans la salle, Vladimir attendait, frottant ses mains. Le médecin regardait les feuilles qu’il y avait sur le bureau. Il se frotta la barbe puis releva les yeux vers son patient.

    - C’est surprenant.

    - Quoi donc ? S’enquit Vladimir.

                Il ne faisait que se douter des mots qui viendraient mais il en était presque sûr. Restait à attendre la confirmation. Des mots plus magnifiques que n’importe quel « je t’aime ». Des mots bien plus excitants que n’importe desquelles prostituées qu’il aurait pu s’offrir.

    - Votre cancer… n’est plus.


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  • Chapitre 10 :

     

                La secrétaire poussa un long cri. Non pas parce qu’il tenait la petite Ninel par le poignet de la sorte mais parce qu’il basculait lentement. Elle courut et le rattrapa juste avant qu’il ne tombe au sol. Elle souffla et se tourna vers la gamine qui avait porté ses mains à sa bouche, les yeux grands ouverts.

                La porte du médecin s’ouvrit immédiatement après sur Vladimir, fronçant les sourcils. Il s’empressa de rejoindre le petit alien qu’il arracha littéralement des bras de la secrétaire. Elle ne put que gémir, surprise de cette façon de faire.

    - Ne touchez pas à l’extra-terrestre.

                Itzal leva péniblement un regard vers lui. Il se redressa péniblement. Sur son front, le losange rouge était terne, presque noir. Mais à mesure que les secondes s’égrainaient, le losange redevenait vif.

    - Viens Itzal, rentrons ! Je ne veux pas que tu approches ces malades !

    - Ne faites pas l’hypocondriaque. Nous sommes en service d’oncologie. Il n’attrapera rien ici… Dit le médecin.

                Vladimir lui lança un regard noir avant d’entraîner son pupille à sa suite. Il le traînait plus qu’il ne le laissait marcher.

     

                Ivan se réveilla, baillant encore un peu. Il s’étira et regarda qu’elle heure il était. Il ne restait pas encore beaucoup de temps avant qu’il ne reprenne l’école. Ce serait bientôt fini la grasse matinée comme il le faisait si souvent.

                Le garçon sursauta lorsqu’il vit que tout était brouillé autour de lui. Que ce soit l’heure sur son cadrant ou les photos qui étaient entreposées un peu partout.

    - Maman ! Appela-t-il.

                Antonina s’empressa de venir le rejoindre. Elle craignait un mauvais cauchemar. Elle vint auprès de lui en le voyant paniquer et elle lui frotta très tendrement le dos comme elle le faisait si bien.

    - Maman… j’vois plus rien.

    - Plus rien ? Gémit-elle.

                Elle mit sa main devant ses yeux, voulant tester au maximum sa vision. C’est alors qu’elle entendit un petit rire. Son fils lui prit la main sans aucune difficulté ce qui la soulagea grandement.

    - Je vois juste flou, comme avant.

    - Oh… je vais appeler Vladimir, qu’Itzal vienne te rendre tes lunettes…

                Ivan sentit la tristesse dans la voix de sa mère. La même tristesse qu’il avait lui-même ressenti. Il croyait être guérit, pouvoir voir comme tout le monde, pouvoir sentir la pluie sur son visage mais c’était déjà fini. Peut-être était-ce seulement l’atmosphère ou d’autres variantes de la planète qu’ils avaient visités qui avaient permis ce tour de magie si splendide.

                La femme lui caressa la tête et elle partit dans le salon pour passer ce coup de fil. Elle prit un mouchoir dans sa poche et se moucha bruyamment. Elle ne voulait pas que son fils doive revivre la perte de la vue petit à petit alors qu’il avait été si ravi de la retrouver.

     

                Itzal regardait les paysages terriens à travers les fenêtres de la voiture. Il souriait, les lunettes d’Ivan sur le nez. Il savait qu’il devrait les lui rendre mais ça ne le gênait pas. Il préférait que ce soit utile à son ami plutôt qu’il puisse les conserver. Bien que c’était, pour lui, un cadeau très précieux vu qu’il lui venait de son seul ami.

    - Qu’est-ce que c’est ? Demanda Itzal dans sa langue en montrant un chat.

    - Je ne comprends rien quand tu parles comme ça. Grinça Vladimir.

                Le garçonnet baissa tristement la tête. Il appuya son front contre la vitre et continua d’observer.

                Au bout d’un moment, ils finirent par arriver devant la maison d’Ivan. Vladimir vint ouvrir la portière à Itzal, puisqu’il n’était pas capable de le faire lui-même, et il l’emmena à la porte des Ivanof où il sonna.

                Ce fut Ivan-Père qui vint ouvrir. Il les vit rentrer dans la maison et sourit faiblement.

    - Venez, ‘Nina a fait de la ratatouille.

    - Merci.

                Vladimir poussa Itzal devant lui jusqu’à la cuisine où Ivan mangeait péniblement. L’alien sourit et il courut auprès de son ami. Celui-ci releva la tête et sourit de toutes ses dents. Même la vue floue, il ne pouvait que reconnaître son meilleur et unique ami. Il y avait peu de personne qui avait ainsi une peau grise et des cheveux verts. Ils se prirent dans les bras l’un de l’autre en souriant.

                L’extra-terrestre retira ensuite ses lunettes qu’il tendit à Ivan. Il s’en saisit mais se figea.

    - Ma vue…

    - Quoi ? Demanda Ivan-père, inquiet.

    - Je vois de nouveau.

                Itzal serra les lunettes contre lui, ne sachant pas s’il devait les rendre ou pas. Vladimir fronça les sourcils avant de venir jusqu’à eux. Il caressa les cheveux de son pupille qui leva les yeux vers lui.

    - C’est bien que ta vue soit revenue, Ivan.

    - Oui… mais c’est étrange…

    - Certes. Je ferais des recherches avec Nikolaï si tu le désires. Mais je pense qu’il est mieux que tu te réjouisses de cette excellente nouvelle.

    - Oui, Monsieur.

                Vladirmir caressa encore les cheveux d’Itzal, un sourire aux lèvres. Il regarda le petit garçon, essayant de ne pas trop froncés les sourcils.

    - Ça ne fonctionne qu’un temps alors…

     

    Une semaine plus tard

     

                Arold Peuchère, scientifique français, travaillait à son bureau lorsque sa secrétaire rentra dans la pièce. Elle enjamba avec prudence ses santiags pour venir poser un paquet juste à côté de lui.

                Elle se permit un regard vers le classeur de son supérieur. Il y avait là de nombreuses informations sur Itzal, l’extra-terrestre qui avait chamboulé le monde.

    - Oh ! Le nom sur le paquet est le même que celui qui s’occupe de l’enfant ! Remarqua-t-elle fièrement.

    - Oui, c’est ça. Ça été rapide. Je me demande quel est sa réponse !

                L’homme sourit et ouvrit le colis. Quelque chose explosa. Il toussota à cause d’un nuage de fumée qui s’était subitement soulevé. Il put alors voir des débris de fiole dans le fond de la boîte.

    - Variole… Chuchota-t-il les yeux grands ouverts.


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  • Chapitre 11 : École.

     

    Planète Erret.

     

                Aurea se mouchait bruyamment, assise sur une chaise glaciale dans un établissement aussi froid. Elle regarda par la fenêtre. Pitié, pourvu qu’il ne pleuve pas. Elle voulait absolument retourner à la maison lorsque tout ça serait fini. Elle voulait pouvoir rentrer chez elle, manger un Yaourt fermenté devant la télévision et juste oublier que tout allait mal dans sa vie depuis que des monstres lui avaient volé son fils.

                Au lieu de ça, elle était là. Attendant que le temps passe. Que quelqu’un daigne venir s’occuper d’elle.

                La porte s’ouvrit dans un chuintement ignoble. Elle redressa la tête et s’obligea à sourire lorsque Clavus Vitam sortit de la pièce. Il s’inclina gentiment puis désigna la pièce. La femme se leva et elle rentra dans la pièce. Elle serra la main qu’on lui tendait avant de s’asseoir sur une chaise tout aussi froide. Le siège face à elle, par contre, était somptueux. Rouge et rembourré. Clavus Vitam s’assit face à elle et sortit des dossiers.

                La grande baie vitrée derrière lui donnait vue sur une grande cour. Là, des enfants jouaient sous le regard de leurs professeurs.

    - Madame Aurea Ailydis… je suis désolé de vous apprendre ceci… Je sais bien que vous vivez des épreuves plutôt horribles en ce moment. Déjà qu’Itzal a été emmené par les envahisseurs…

    - Kidnappé !! Rugit Aurea, farouchement.

    - Oui…

    - Et ce ne sont pas des envahisseurs. Ils seraient restés sinon… je crains que ce soit pire encore. Ils vont disséquer mon fils… ils vont lui faire des horribles expériences. Sanglota-t-elle.

                Clavus toussota dans sa main, gêné. Il se plongea dans ses dossiers, les joues empourprées.

    - Je voulais donc… vous parler de votre fille…

    - Il aurait été difficile de me parler de quelqu’un d’autre. Remarqua Aurea, un sourire glacé aux lèvres.

    - Nous ne pouvons pas la garder. Elle n’est pas dans une école suffisamment adaptée pour elle. Lorsque son frère la poussait en avant, c’était suffisant pour elle, mais ce n’est plus le cas à présent. Elle ne suit plus en cours, ses professeurs n’obtiennent plus rien d’elle. Nous ne sommes pas compétents pour nous occuper d’une attardée.

    - Attardée ? Répéta Aurea avec un sourire encore plus inquiétant.

    - Oui… Mais il ne vaut pas le prendre comme…

    - Soyez sûr que ma fille va être retirée de cette odieuse école ! Je ne laisserais personne insulter un de mes enfants ! Encore moins un homme dont la vocation doit d’être d’élever des enfants quels qu’ils soient ! Et je compte bien avoir un remboursement pour mes deux enfants si vous ne voulez pas que je fasse appel à un avocat !

    - Allons, allons Aurea ne rentrons pas dans cette situation rocambolesque…

    - Je n’en rentre pas, j’en sors. Siffla la femme.

                Elle quitta la pièce et regagna rapidement la cour où Senka jouait au sol, avec le sable, tout en parlant à sa peluche.

    - Senka ! On part !

                La petite fille tourna la tête et regarda vers sa mère. Un grand sourire benêt étira ses lèvres. Elle se leva immédiatement avant de trottiner vers sa mère. Celle-ci lui prit la main puis elle partit avec elle, sans un regard pour le personnel quel qu’il soit.

     

    Planète Terre.

     

                Vladimir se frotta la jambe. Celle qui lui faisait toujours si mal. Celle à cause de qui il était condamné à boiter. Il avait reçu une balle dans la cuisse un jour et ça c’était infecté. On avait dû lui retirer une partie considérable de chair, muscle et veines. Comme le héros d’une célèbre série télévisée. On lui en offert d’ailleurs toujours les coffrets en rigolant.

                Mais il y avait quelque chose de nouveau à présent. La douleur avait disparu. Elle était annihilée à longueur de temps. Et pas par la prise de médicament.

                Vladimir se rendit dans le salon où Ivan discutait avec Itzal. Comme toujours, l’extra-terrestre refusait de dire un seul mot en russe ou en sumérien. Mais le jeune garçon comprenait parfaitement son ami. Il assimilait rapidement la langue qu’ils parlaient sur la planète erret.

    - Que faites-vous ? Demanda Vladimir en venant tapoter la tête de son pupille.

    - Je raconte à Itzal que je vais bientôt aller à l’école. Je lui parlais des cours de sport ! Expliqua Ivan.

                L’homme s’assit dans le divan, souriant à peine. Il bougea la pile de publicité qui était sur la table basse pour pouvoir déposer son verre à la place.

                Itzal se tourna vers son tuteur, un sourire aux lèvres. Il prononça quelques mots dans sa langue. Les yeux de Vladimir se plissèrent immédiatement.

    - Qu’est-ce que je t’ai déjà dit Itzal ?!

                Le garçon baissa la tête et marmonna d’autres mots dans sa langue.

    - Itzal !! Rugit Vladimir.

    - Il s’excusait ! Protesta vivement Ivan, les mains en avant.

                Itzal baissa la tête et il rajusta les lunettes de son ami sur son nez. Il fixa le sol, tout mal à l’aise.

    - Toi qui passe ton temps avec lui… pourquoi refuse-t-il de parler notre langue ? Le président va venir me reprocher qu’il ne parle pas encore sumérien à cette vitesse ! Ils veulent tous pouvoir l’utiliser ! Pourtant, c’est à moi !

    - C’est… Répéta Ivan.

                Itzal regarda vers l’homme.

    - Je ne suis pas un objet… Dit-il dans sa langue.

                Vladimir se massa les tempes, le corps tendu. Ivan se sentit mal à l’aise. Son grand-père faisait souvent ça avant de le frapper. Une fois, il l’avait si violemment cogné que ses lunettes avaient explosés et qu’un des débris s’était fiché dans sa joue. Depuis, ses parents ne l’emmenaient plus chez son grand-père et la famille était en froid avec lui.

    - Ivan Ivanovich ! Je viens de te demander ce qu’il a dit !

    - Euh… il veut venir à l’école avec moi.

                Ce n’était pas un mensonge, c’était la première phrase qu’il avait dit. Celle qui avait créé toute cette agitation.

    - Si tu veux aller à l’école avec Ivan, il faudra parler russe ou sumérien… certainement les deux. Dit froidement Vladimir.

                Itzal opina.

    - Itzal aime bien parler sa langue natale. C’est normal, Vladimir. Nous aimons plus parler russe que Sumérien. Rappela Ivan avec politesse.

    - Itzal n’a pas le choix, lui !

                Ivan opina tristement. Il prit la main de son ami qui força un sourire à son attention. L’extra-terrestre lui adressa un hochement de tête plus doux, reconnaissant. Le garçonnet appuya sa tête contre la sienne.

                Vladirmir se leva, préférant mettre fin à cette discussion. Ça l’énervait plus qu’il ne pouvait le montrer. Il n’était pas violent de nature mais la situation le devenait bien plus. D’un autre côté. Depuis qu’il s’était rendu compte de tout ce que la présence d’Itzal impliquait…

    - Bien, bien… Itzal, tu iras à l’écolé. Ça reprends dans deux semaines. Nous préparerons tes affaires pour que tu puisses y aller. Mais tu dois faire l’effort de parler notre langue !

    - Oui. Dit Itzal, en russe.

    - C’est bien. Continue comme ça. Mais n’oublie pas non plus que tu es mon pupille. C’est moi qui m’occupe de toi et personne d’autre.

                L’extra-terrestre fronça les sourcils avant d’opiner.

     

                Itzal suivait Vladimir de prêt, tenant dans ses bras ses cahiers de cours. Ils étaient tous neufs, ils sentaient bon et ils étaient bien plus splendides que tout ce qu’on pouvait trouver sur Erret. Le garçon s’émerveillait de tout ce que l’homme voulait bien lui acheter. Des stylobilles, des feutres, un beau stylo. Tout était si similaire et différent de ce qu’il connaissait à la fois.

                Il ne faisait pas attention aux regards posés sur lui, les curieux voulaient le toucher, lui parler. Mais Vladimir le poussait toujours loin de la trajectoire. Il dardait toute personne d’un regard de glace.

    - Bonjour !

                Itzal tourna la tête, se souvenant de cette fois. Lorsqu’il vit face à cette personne, bien que Vladimir essaie de l’éloigner, il sourit.

                Devant lui, se tenait la petite Ninel, portant contre son cœur une peluche renard. Elle portait un foulard rose autour du crâne mais ses joues étaient rouges et elle souriait de toutes ses dents.

    - Quand tu m’as touché, je me suis sentie mieux ! Et depuis… depuis je vais mieux ! J’ai pu sortir de l’hôpital.

    - C’est bien. S’obligea à dire Itzal, en russe.

    - Merci. Je vais pouvoir retourner à l’école et revoir mes amis !

                Itzal sourit de toutes ses dents. Parce que lui aussi il avait hâte d’aller à l’école, d’être avec Ivan à longueur de temps. Puis, même si Vladimir était si gentil avec lui, il préférait ne pas rester tous les jours avec lui.


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